S.A.N.G

voici une nouvelle histoire...de vampires comme vous vous en doutez ^^
attention, ne faites pas une amalgame avec les autres histoires. Ils ont une nature différente donc il vous faut avoir une vision différente aussi !

edit: voici la MAJ de l'intro avec les remaniements au sujet du virus...mais bon, y'a pas beaucoup de changements donc je ne vous en voudrais si vous décidez de ne pas la relire ^^

edit2: correction pour ajout ^^







Introduction du Sang : mise en place du jeu de rôle



Une porte s’ouvrit dans cette pièce trop blanche, trop hermétique, trop lisse et trop vide. Un homme d’une quarantaine d’années s’avançait en portant un dossier dans son bras. Il souriait à la personne face à lui et referma la porte.

-Bonjour ! Mademoiselle Nina Kernn je présume ?

La jeune femme acquiesça sans un mot et visiblement pas très rassurée. Elle avait postulé pour une place de secrétaire dans cette étrange entreprise, et la voilà enfermée dans une petite pièce aux allures de cellule d’aliéné.

-Je me présente, Max Reynolds. Je suis un des recruteurs d’Umbrella compagnie. Vous avez répondu à l’annonce pour le poste de secrétaire, c’est cela ?

De nouveau, Nina acquiesça et un petit « oui » franchit enfin ses lèvres. Le dénommé Max élargit son sourire et se fit plus chaleureux.

-Ne soyez pas si tendue mademoiselle ! Nous n’avons pas pour politique de manger nos collaborateurs !

La jeune femme étudia son interlocuteur plus attentivement.

-Vous voulez dire que j’ai été retenue ?

-Pas encore, mais de cet entretien dépendra votre avenir…au sein de notre entreprise.

Le regard doré de la jeune Nina se posa avec intensité sur Max qui la scruta sans un mot.

-Mais je crois que cela ne sera qu’une formalité car je sens une grande force de caractère en vous !

Etranges paroles. Nina avait l’habitude des entretiens depuis 5 mois qu’elle recherchait une place de secrétaire. Jamais encore on ne lui avait laissé espérer de cette manière. Les formules se ressemblaient et l’invitaient en général à attendre des nouvelles qui ne venaient pas. Cet homme devait être bien cruel à lui laisser un espoir aussi fort avant même d’entrer dans le vif du sujet.

-Savez-vous ce qu’est la compagnie Umbrella ?

« Nous y voilà ! » Nina savait ce qu’il fallait répondre. Il fallait être stupide pour ne pas venir à un recrutement sans connaître un minimum son employeur. Elle répéta ce qu’elle avait apprit sur Umbrella, pioché sur internet ou via la publicité qui avait relayé les postes à pourvoir.

-C’est parfait !

Un sourire plus franc illumina le visage de la jeune femme soulagée avant de se figer sous la brutalité des propos qui suivirent.

-Hélas, vous avez tout faux !

On lui aurait annoncé la fin du monde qu’elle ne se serait sentie plus perdue.

-Mais, je ne comprends pas…

-Ce ne sont que des informations officielles que vous me débitez là mademoiselle. La vérité est toute autre.

-Comment ?!

-Umbrella est en réalité une société écran qui a pour vocation de protéger un véritable mythe de la lumineuse réalité. Quelque chose que vous ne connaissiez que dans les histoires fantastiques mais qui appartient pourtant réellement à notre monde.

-Je ne vois pas…

-Les vampires mademoiselle !

Nina n’en croyait pas ses oreilles. « Non mais il est dérangé ! Qu’est-ce que je fais encore là ? »

Brusquement, Max attrapa sa main et se rapprocha d’elle avec un sourire amusé.

-Difficile d’y croire n’est-ce pas ? Vous êtes en train de penser que je suis fou et vous ne voyez plus l’intérêt de rester en ces lieux, je me trompe ?!

Son interlocutrice ne pouvait que rester muette et troublée. Il lui avait répété mots pour mots ce qu’elle pensait. « Télépathie ? » Ça, au moins, elle pouvait y croire !

-Vous n’êtes pas la première et ne serez pas la dernière à penser cela ! En ce moment même, tous ceux qui ont été recruté pensent la même chose de la personne qu’ils ont en face d’eux !

La jeune femme ne savait plus ce qu’il fallait penser justement. Elle avait le sentiment qu’on violait son intimité en s’introduisant aussi facilement dans ses pensées. N’avait-elle plus le droit de penser ?! Une brusque bouffée de colère la remit d’aplomb et ses yeux dorés s’étrécirent. Nina retira sa main sèchement de sous celle de l’homme.

-Et vous pensez réellement que je vais croire votre histoire ?! Arrêtez de vous foutre de moi ! Qui êtes-vous vraiment ?! Qu’est-ce que vous me voulez ?! Je suis ici pour un travail sérieux pas pour amuser des vieux cinglés en mal de distraction ! Des vampires ? Est-ce un mot de code pour amateur de chair fraîche chez vous ?! Laissez-moi sortir d’ici !

Max se leva et croisa ses mains dans le dos tout en gardant son sourire.

-Je savais que tôt ou tard vous révéleriez votre nature passionnée…cependant, je ne vous mens pas mademoiselle Kernn, nous travaillons ici pour protéger les vampires. Vous allez être affectée au service de « management »qui a pour office de transmettre les indications d’Umbrella aux couples de vampire dont il a la charge.

-N’importe quoi ! Votre histoire est de plus en plus invraisemblable ! Laissez-moi partir d’ici !

-Mademoiselle Kernn, qu’est-ce qui vous ferait changer d’avis ? Une visite des locaux peut-être ? Ou la rencontre de nos spécifiques « clients » ?

-Ni l’un, ni l’autre ! Je veux partir !

-Encore un instant, je vous prie…lors du test de recrutement, n’avez-vous pas trouvé les questions étranges ?

Nina fronça les sourcils et se remémora la matinée de tests. Elle avait déjà trouvé bizarre qu’on leur fasse passer toute une batterie de tests écrits pour un simple poste de secrétaire mais le plus étrange avait été effectivement la teneur de certaines questions.

-Beaucoup n’avaient pas vraiment leur place dans un test de recrutement pour le secrétariat c’est vrai…mais quel rapport avec …?

-Le rapport est là tout au contraire ! Parmi la centaine de postulants, vous n’avez été qu’une dizaine à avoir ressenti le piège derrière certaines questions et à y avoir répondu correctement. Votre sensibilité, votre logique ou appelez cela votre 6e sens vous a permis de passer à l’étape suivante. Maintenant que vous en êtes là, il va falloir me faire encore un tout petit peu confiance avant de vous en aller.

La jeune femme allait protester mais Max ne lui en laissa pas le temps.

-Je vais finir la présentation d’Umbrella compagnie sous peu. Cette société existe depuis très longtemps et a pris d’innombrables appellations au cours du temps. « Umbrella » étant celle qui lui a été attribué depuis les années 20. Umbrella comme parapluie vous vous en doutez. Il est évident que c’est un moyen de protéger ainsi qu’un moyen de cacher. C’était donc un nom parfait pour notre organisation. Notre action touche tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec les vampires. Nous nous chargeons de les recenser, les aider quand ils sont en difficulté et les couvrir en cas d’exposition au monde que nous appelons « ouvert » contrairement au monde « caché » dont vous allez bientôt faire partie. Mais tout d’abords, je vais vous demander de me dire le peu que vous savez sur ces créatures.

-Vous plaisantez ! Je ne rentrerais pas dans votre délire !

-S’il vous plaît, faites-moi encore un peu confiance, nous en avons bientôt terminé.

Nina bouda en scrutant son vis-à-vis puis sans se prendre au sérieux raconta ce que l’on disait sur les vampires.

-Je suis maintenant persuadée que c’est une caméra cachée et que l’on doit bien se moquer de moi en cet instant !

-Je vous rassure, ceux qui vous observent sont loin de se moquer, ils vous jugent pour la suite. Si vous êtes trop campée sur vos positions, vous ne serez pas prise dans nos équipes. Nous avons besoin de votre confiance. C’est pourquoi nous avons des recrutements aussi nombreux car au final, nous n’acceptons que très peu de personnes. Bref, ce que vous savez est issu d’une culture commune à tous inspirée de mythes, d’histoires fantastiques et d’informations du net. La vérité est que les vampires sont loin d’être ce que vous en pensez.

-Ah oui…

-Oui. S’ils sont des prédateurs, ils ne sont pas des mangeurs d’hommes tels qu’on veut nous le faire croire. Ce sont des humanoïdes aux pouvoirs surhumains souffrant d’une dégénérescence génétique rare et extrêmement contagieuse : le SANG. « Sang Anormalement Nocif Génétiquement. » Une sorte de virus qui agit sur le sang poussant les globules rouges à s’éliminer eux-même en modifiant l’ADN. De ce fait, pour ne pas mourir, les vampires doivent se nourrir de sang en grande quantité. Le problème pour eux étant de s’arrêter avant la mort de la personne dont ils prennent le sang. Cela leur a causé pas mal de problème par le passé, mais de nos jours, c’est un atout dont nous nous servons pour la survie de notre propre espèce. Vous devez savoir que désormais, l’Homme n’a plus de réel prédateur dans ce monde, les maladies sont de mieux en mieux soignée et l’espérance de vie se rallonge de plus en plus…

-Et alors ?

-Alors, et il y a de plus en plus de personnes qui pensent que bientôt la planète ne sera plus en mesure de supporter cette masse humaine et que ce sera dès lors une ère d’apocalypse. Les gens seront d’une cruauté abominable pour leur propre survie et capable de choses effroyables tels que des génocides. Notre devoir est de réguler notre espèce par nous-mêmes avant que ne se profile une telle menace. Les vampires nous aident en cela. Ce sont des tueurs engagés en échange de leur vie. Nous leur offrons une rédemption en échange de leur « talent ».

La teneur des propos de même que ce qu’ils sous-entendaient surprirent Nina. Etait-il sérieux ?! Si elle comprenait bien où Max voulait en venir, il lui demandait purement et simplement de cautionner des assassinats.

-Je ne vois pas en quoi tuer des innocents est un talent ! Je refuse de participer à ça…

-Je n’en ai pas fini, patience mademoiselle. Notre organisation donne des instructions concernant les personnes qui doivent être impliquées. Souvent des malades en fin de vie ou des condamnés à mort. Bref, des personnes qui n’ont plus d’avenir sur cette Terre.

Nina était estomaquée. Fallait-il manquer de sensibilité à ce point pour oser traiter d’indésirables des humains parce qu’ils ne sont plus utiles à la société ?! Ce n’était pas tant les mots que l’attitude de Max qui la mettait hors d’elle. La jeune femme avait beau dévisager l’homme face à elle, elle ne voyait aucun signe de pitié ni d’émotion sur son visage. Comme si c’était devenu une normalité pour cet homme.

-Mais c’est du délire !

-Peut-être mais cela aide une minorité à survivre.

-N’essayez pas de m’embrigader ! Je dénoncerais vos agissements !

Le sourire de Max se dissipa quelque peu et prit un pli plus amer.

-Quelle imprudence de dévoiler vos intentions !

Puis ses lèvres s’incurvèrent de nouveau en sourire.

-Néanmoins, je remarque que vous ne rejetez plus l’idée de l’existence de nos amis vampires maintenant.

Nina rougit de confusion. L’homme savait embobiner les gens. Elle qui s’attendait au départ à une blague, ne pensait plus qu’à aller dénoncer l’existence d’une pseudo-organisation pro-vampire. Elle se laissa tomber sur sa chaise presque vaincue.

-Vous êtes rusé monsieur !

-Max ! Appelez-moi Max et je me permettais de vous appeler Nina.

-Quoi qu’il en soit, si les vampires existent vraiment, je ne tiens pas à les aider à tuer des gens.

-C’est votre droit Nina. D’ailleurs, il existe une organisation avec un point de vue extrêmement opposé au nôtre. Ils se nomment « Tsunami » et ont comme objectif, l’élimination totale des vampires. C’est amusant car, quoi que vous décidiez, une fois impliquée dans le monde « caché », vous aurez à choisir votre camp. En sortant d’ici, vous appartiendrez soit à Umbrella soit à Tsunami mais votre vie ne sera plus jamais la même !

-Je ne vois pas ce qu’il y a d’amusant !

-Nos recrutements peuvent servir la cause de Tsunami et leur recrutement la nôtre. Ceux qui sont en désaccord avec nous se retrouvent dans les rangs de l’ennemi et inversement. C’est amusant de voir que je verrais peut-être demain votre charmant minois œuvrer à notre destruction et à celle des vampires.

Nina écarquilla les yeux.

-Vous êtes vraiment dingue…ça fait peur là !

-Je prends la vie d’un côté moins pragmatique…elle est si courte, il faut s’en amuser. C’est ce que j’en ai apprit depuis le temps que je sers les intérêts d’Umbrella. Vous savez Nina, j’ai été à votre place il y a bien une 30aines d’années. J’ai commencé par m’offusquer puis à combattre les idées d’Umbrella en intégrant Tsunami. Au bout de même pas un mois, j’avais changé d’avis et j’avais réintégré le sein de cette société. Si vous comprenez bien Nina, je ne cherche pas à influencer vos idées, je ne vous dicterais pas la conduite à tenir non plus. Vous serez libre de faire votre choix selon votre opinion mais sachez juste que désormais, vous n’aurez pas le droit de dénoncer le monde « caché » au monde « ouvert ». C’est une règle que même Tsunami respecte. Dans le cas contraire, vous serez éliminée avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Le monde « caché » est inconnu même au sein des services secrets des différentes nations. CIA, MI6[1], DGSE[2], FSB[3],CSIS[4], CMSS [5]et tout le toutim. Nous ne reculerons devant rien pour continuer à leur dissimuler la vérité sur le mythe des vampires. Je suis un peu navré de vous l’avouer, Nina, mais vous êtes entrée dans un monde d’où vous ne ressortirez jamais plus.

-Je ne peux même pas promettre de ne rien dire et continuer ma vie comme avant ?!

-Non.

-Je croyais être recrutée pour un poste de secrétaire et me voilà engagée comme soldat dans une guerre autour des vampires !

-Vous ne serez pas un soldat Nina ! Votre protection est du domaine des vampires…vous n’aurez que la tâche de leur fournir les informations que vous remettront nos services administratifs.

-Je ne peux pas commencer par le service administratif ?

-Non, pour faire votre choix, il faut vous confronter au monde « caché », le service administratif n’est constitué que par des personnes qui ont la pleine confiance de notre organisation car les informations qu’elles détiennent sont vitales et donc secrètes. Quand vous aurez des années de services comme moi, vous pourrez songer à vous convertir. Pour l’heure, venez, je vais vous montrer ce que l’on attend de vous.

Max s’avança vers la porte et invita la jeune femme à le suivre.

Il la conduisit dans un couloir aussi impersonnel que la petite pièce précédente puis tomba sur une porte d’ascenseur. Ils montèrent dedans et l’homme appuya sur le bouton du premier sous-sol. Aussitôt les portes se refermèrent et l’engin effectua sa descente. La porte s’ouvrit sur une grande salle où se trouvaient plusieurs personnes. Nina remarqua des couples d’étranges personnes, pâles comme des malades et semblant à peine tenir debout mais d’une grâce infinie et dégageant un charme difficile à cerner mais attractif au point de lui faire oublier ce qu’elle devait faire. Max dût lui attraper le bras pour l’obliger à le suivre mais il ne perdit pas son sourire amusé. Ils passèrent dans un couloir de porte comme celui d'un hôtel et s'arrêtèrent devant la porte 209.

-Votre première mission sera d’être le « manager » d’un couple de vampire. Quand vous serez un peu mieux habituée, vous serez capable de vous charger d’une dizaine de couples mais pour l’heure je vais vous présenter Alexandre et Julia dont vous vous occuperez.

Sur-ce, Max sortit une petite carte et la passa devant une boîte qui permit l’ouverture de la porte face à eux. Nina se décala de derrière Max pour voir ce que son dos lui cachait et remarqua un homme et une femme avec cet air de poupée comme elle avait pu voir dans la grande salle. Ces derniers se tenaient dans les bras l’un de l’autre et avaient été visiblement dérangés dans leur occupation. Si le mâle grogna en allumant la TV, la femelle se mit à sourire et se leva pour accueillir les nouveaux venus.

-Enfin Max ! Vous voilà !

La femelle se frotta contre le voisin de Nina en ronronnant. Puis son regard vert se fixa sur la jeune femme. Nina soutint ce regard charmeur et resta muette en voyant le vampire venir délicatement lui prendre le bras.

-Enchantée ! Je suppose que tu es notre nouveau manager ?

Max acquiesça à la place de Nina.

-Je compte sur toi pour la mettre au parfum Julia. Elle vient à peine d’être recrutée.

Un regard désolé se posa sur Nina avant de redevenir charmeur.

-Et bien alors bienvenue, je m’appelle Julia, et là bas, c’est mon compagnon, Alexandre. Comment t’appelles-tu ?

-Merci. Mon nom est Nina Kernn.

La femelle étudia la jeune femme avec attention puis se tourna vers son compagnon en souriant.

-Elle me semble bien, qu’en penses-tu Alex ?

Le mâle fit un vague signe de tête tout en conservant son air blasé qui lui allait remarquablement bien. Max en profita pour saluer le trio et laisser la carte magnétique à Nina.

-Bien, je vous laisse au bon soin de Julia, j’ai fait exprès de choisir ce couple pour vous. Julia a été manager par le passé avant de choisir la voie du sang…mais elle vous expliquera cela plus en détail. Ici, c’est chez vous Nina. C’est la chambre qui vous a été attribuée pour y vivre si vous le désirez. Bien entendu, ce n’est qu’un endroit en plus de votre habitation actuelle. Le monde « ouvert » vous est toujours accessible mais sous le sceau du secret. Cela peut vous servir de pièce de rendez-vous si vous le désirez. Bref, faites-en ce que vous voulez ! Allez ! A bientôt ! Nina, Julia, Alexandre.

Max sortit et laissa le trio qui s’observait mutuellement.

Julia lâcha enfin le bras de Nina et alla rejoindre son compagnon pour flirter avec lui un petit moment, du moins, juste assez pour mettre la jeune femme mal à l’aise.

-Je n’arrive pas encore à y croire !

Julia se mit à rire et se trouva devant Nina alors que cette dernière la voyait encore étendue dans le sofa à côté d’Alexandre.

-Comment… ?!

-C’est une de nos nombreuses spécificités, Max ne t’en a pas parlé ?

-S..si. Enfin, pas vraiment. Ce ne sont que des légendes !

-Des légendes qui existent.

-Je vois…je ne rêve pas alors…ce n’est pas non plus une blague…

La femelle inclina sensuellement la tête et se mit à rire.

-Ainsi, jusqu’à ce que j’use de ma capacité à me déplacer rapidement, tu n’y croyais toujours pas ? Amusant ! Et maintenant ?

-Et bien, c’est difficile de croire qu’il ne s’agit que d’hallucinations.

Julia prit le bras de Nina et la conduisit jusqu’au sofa. Elle l’installa entre elle et son compagnon. Alexandre snobait toujours Nina en faisant mine de s’intéresser au programme télé. La jeune femme gardait pourtant un œil sur cet étrange énergumène, redoutant un acte irrémédiable. Julia lui avait prouvé que les vampires n’étaient pas une fiction, alors si la moitié des histoires qui couraient sur leur compte étaient vraies aussi, valait mieux se tenir sur ses gardes.

-Alexandre ne parle pas beaucoup.

Ce dernier fixa un œil sur Nina comme si ce qu’elle avait dit l’intéressait enfin. Peine perdue, il retourna à la télé.

Julia s’esclaffa.

-Oui, il s’économise !

Nina se permit un sourire.

-Alexandre n’aime pas beaucoup parler et ce depuis que je le connais. Il vient de France et appartient à une génération de vampire qui date des années 1800, il a donc une conception bien particulière de voir la société. Une chose que je lui reproche d’ailleurs !

-Comment vous êtes-vous connu ? Tu es née en même temps que lui ?

Un sourire éclaira enfin le visage d’Alexandre mais il ne détourna pas son regard du programme. Etait-ce elle ou l’animateur à la TV qui l’avait fait sourire ? Elle n’aurait su dire. « Je ne sais pas si l’on va bien s’entendre lui et moi…j’ai horreur que l’on m’ignore comme cela. Etait-on aussi suffisant en 1800 ? »

-Comme tu as pu l’entendre de Max, j’ai été manager comme toi avant, et j’en ai connu une multitude depuis les années 50. On peut dire qu’Alex et moi les formons un peu à la place des superviseurs comme Max.

-Les années 50 ?!

-Hum hum. Je suis née humainement parlant en 1934 à New York. Après la guerre de 45, Umbrella qui portait déjà ce nom à l’époque avait déjà des besoins en recrutement. J’avais tout juste 20 ans quand j’ai été nommée « manager » d’un charmant couple de vampires. Ils s’appelaient Jesse et Tatiana. Tu as dû le remarquer déjà mais les vampires fonctionnent par paires. Ces derniers se regroupent en clans puis en castes plus ou moins anciennes. C’est auprès de mes vampires que j’appris tout sur eux et leur histoire. Le virus avec lequel ils vivent et qui les poussent à répondre à l’appel du sang. Ici, il y a un amusant jeu de mot qui résume tout : le SANG appelle le sang ! Mais tu n’as pas dû encore l’entendre. Cela ne saurait tarder ne t’inquiètes pas !

Nina cacha son sentiment de pitié au fond d’elle. En réfléchissant bien, elle pouvait considérer les vampires comme des condamnés en sursis. Mais alors, cela leur donnait-il le droit de tuer d’autres êtres pour survivre ? Julia semblait plus en rire qu’autre chose mais Nina pouvait se tromper. Le vampire pouvait très bien cacher sa triste condition sous une attitude charmeuse et gaie.

-Cela semble vous amuser Julia…pourtant, moi, je pense qu’il s’agit plus d’une maladie grave que d’un atout avec lequel jouer…

Alexandre commença à s’agiter et se leva. Nina étudia le profil pâle du vampire et remarqua la tristesse de ses traits. Il ouvrit la porte et sortit sous les yeux consternés de la jeune femme. « Visiblement, je ne suis pas la seule à penser que ce n’est pas une maladie amusante. »

Julia ne sembla pas s’en formaliser.

-Il va revenir, il ne reste jamais loin de moi. Un vampire ne vit pas longtemps sans son compagnon…

La jeune femme revint à son interlocutrice première.

-Comment cela ?!

La femelle sourit et baissa le volume de la télé sans que Nina ne s’en rende compte immédiatement. Elle leva les yeux au ciel et soupirant avec un demi-sourire.

-Que de question ! Pourtant, je sais que c’est normal pour une débutante. Alex perd patience depuis le temps alors pardonne-lui son attitude.

Nina acquiesça et comprit l’indifférence glaciale d’Alexandre en son encontre. Effectivement, entendre les mêmes questions depuis 1800 ça devait être d’un ennui !

-J’ai rencontré Alex pendant une visite avec mon couple dans un hôpital. Un mourant avait été annoncé et Tatiana commençait à souffrir de sa faim. Malheureusement, il y eut une erreur dans l’administration et quand nous arrivâmes dans la chambre dudit mourant, mon vampire l’avait déjà vidé de plus de la moitié de son sang.

La jeune femme préféra tenir sa langue même si elle n’en pensait pas moins. La femelle lui racontait sa visite morbide comme si cela était normal. « Dégueulasse ! »

-Tatiana était au plus mal et je voyais à l’inquiétude de Jesse qu’il nous fallait trouver une solution. Heureusement, Alexandre avait du savoir-vivre. Il abandonna sa proie à Tatiana qui put reprendre un peu de force jusqu’à ce que l’administration nous trouve une autre alternative qui satisfasse tous le monde. En remerciant Alexandre, je pus remarquer qu’il dissimulait son état de faiblesse.

« Pour un peu j’aurais pitié d’eux ! » ne put s’empêcher de penser Nina.

-Comme je te le disais, un vampire sans compagnon ne peut survivre longtemps, car l’un protège l’autre surtout en cas de faim. Alexandre pouvait mourir si personne ne s’occupait de lui. C’est ainsi que tout naturellement, je me proposais de satisfaire sa faim et briser sa solitude. Mon français avait déjà eu une compagne par le passé mais son éducation de jeune bourgeois avait coûté la vie à cette femelle. Il l’avait négligé. Et il se trouvait négligé à son tour. Mon offre était si inattendue pour lui, qu’il en resta stupide pendant un moment. Je me rappelle quand il me demanda pourquoi je choisissais la voie du sang.

-Que lui avez-vous répondu ?

Le regard de Julia s’étrécit et elle se fit plus mutine.

-C’est un secret ! Quoiqu’il en soit, il a accepté mon sang et m’a contaminé avec le sien. Je suis devenue une humanoïde différente de celle que j’avais été.

« C’est le pompon ! Ils sont vraiment dérangés ici ! Comment a-t-elle pu accepter de finir comme eux ?! Moi, jamais je n’accepterais de me laisser empoisonner ainsi ! Non mais regardez-les, pâles comme des morts, assoiffés de sang pour leur propre survie…ce sont de véritables monstres sous leur masque de poupée en porcelaine ! »

La jeune Nina avait beau essayer de chercher des excuses, elle n’arrivait pas à comprendre le point de vue de Julia. Elle qui avait été humaine, devait comprendre plus que tout que le virus SANG était une plaie pour l’humanité. Comment avait-elle pu cautionner, participer à tout cela ? Protéger ces monstres humanoïdes qui gangrénaient la planète. Pourtant, elle ne parvenait pas non plus à les haïr complètement au point de les exterminer. Max lui avait laissé le choix. Mais était-ce une ruse que de lui avoir fait rencontrer Julia ? Espéraient-ils, lui et ses supérieurs, qu’elle prenne pitié des vampires et adhère à leur organisation ? Elle n’avait pas encore choisi de rejoindre Umbrella. Peut-être, avec le temps…elle devait encore se forger une opinion sur le terrain. Dès lors, elle pourrait choisir un camp.

-Que s’est-il passé ensuite ?!

Julia éclata de rire.

-Mon superviseur était si ennuyé que je me suis demandé si je n’avais pas fait une bêtise.

« Evidemment que c’était une erreur ! Et elle en rit en plus ! »

-Il lui fallait désormais trouver deux autres managers. Un pour Jesse et Tatiana qui regrettait mon efficacité et un pour mon propre couple.

Une question brûla les lèvres de Nina. Elle ne put résister à la lui poser avec une sorte de curiosité malsaine.

-Vous n’avez jamais regretté Julia ?

Le regard vert se voila. « Touché ! Je savais que derrière sa fausse gaieté, elle regrettait son impulsivité ! » Mais soudain un sourire lumineux qui atteignit le regard d’émeraude fit irruption et bouleversa Nina.

-Non. Tomber amoureuse d’un vampire a été la plus belle chose qui soit arrivée dans ma vie !

Au même moment, Alexandre entra. Il observa les femmes assises sur le sofa puis soupira.

-Encore à déblatérer sur nos vieux souvenirs…

Le regard rond de Nina suffit à faire éclater de rire Julia.

-Je paris que tu ne t’y attendais pas à celle-là ! -non ?! Il sait parler ! - On peut lire en toi comme dans un livre ouvert !

Le rire de la femelle vampire fut contagieux. Nina se laissa aller. Une étrange amitié était née. Si elle n’adhérait pas à l’objectif de l’organisation, sa curiosité l’emportait et la gentillesse communicative de la chaleureuse Julia la décidait à leur donner une chance. Peut-être n’étaient-ils vraiment qu’une espèce en voie de disparition au même titre que les tigres de Sibérie ? Peut-être, ne tuaient-il pas tous de gaieté de cœur ? Après tout, c’est probablement de l’instinct comme pour n’importe quelle bête sauvage. Allait-on reprocher à un lion de tuer une gazelle pour survivre ?

Nina arrêta là ses pensées. Elles allaient trop loin et devenaient dangereuses. Il lui fallait rester objective. Ensuite…et bien ensuite, elle verrait.




[1] MI6 : service secret britannique.


[2] DGSE : service secret français.


[3] FSB : service secret russe.


[4] CSIS : service secret canadien.


[5] CMSS : service secret chinois.

Sang n°1 : que perd t-on dans une guerre ?



Voilà près de 6 mois que je servais les intérêts de mon couple de vampire. A leur contact, j’appris à penser d’une autre manière. Certes, je me refusais toujours à être présente lors du « dîner » mais je ne rechignais plus à transmettre les indications de la société.

Au départ, ce n’était pas gagné car je n’aimais pas beaucoup Alexandre qui se plaisait à m’ignorer. J’avais beau lui en fait la remarque, cela ne semblait pas l’affecter car il ne changeait pas ses habitudes pour autant. Je lui en voulu.

Réticente à offrir des vies humaines sur un plateau à cet égoïste misogyne, je dus réviser mon jugement lorsque je fus confrontée pour la première fois à une scène de manque.

Le premier mois était passé et on me transmit l’adresse d’une personne qui venait d’être relâché de prison. Littéralement scandalisée, je me refusais à la donner aux deux vampires en prétextant qu’on ne m’avait toujours pas donné de nouvelles. Au bout d’une semaine, Julia commença à montrer des signes d’inquiétude tandis qu’Alexandre se faisait plus nerveux. Au cours de la deuxième semaine, je tombai sur le couple en train de se mordre mutuellement la jugulaire avec avidité. C’est d’ailleurs pendant cette période que j’appris que le sang échangé ne se viciait pas tout de suite. Même un sang infecté par le virus SANG d’un premier vampire était différent de celui d’un deuxième. D’où l’intérêt pour un vampire d’avoir un compagnon.

J’éprouvais de plus en plus de scrupules, cependant, j’appréciais la complicité touchante et l’attention délicate dont faisait preuve Julia et Alexandre l’un envers l’autre. Ils prenaient soin de l’autre comme s’ils voulaient perpétuer la réputation des vampires sur leurs manières aristocratiques.

Ce fut après le début de la 3e semaine que Julia ressentit cruellement les effets du manque et que je fus confrontée aux conséquences de ma stupidité. La peau d’une blancheur diaphane, les crocs d’une longueur effrayante, les yeux injectés de sang, Julia avait tout d’un animal monstrueux. Elle avait tout perdu de son aura séductrice pour ne ressembler plus qu’à l’affreux prédateur qu’elle était réellement. Ses gémissements s’entendaient depuis l’extérieur de l’appartement. Cela m’inquiéta au point de ne plus oser entrer. Pleine de remords, je finis par frapper puis ouvrir la porte. C’est alors que la scène qui suivit me traumatisa pour toute la vie et me décida à ne plus jamais recommencer cette cruelle mesquinerie.

A peine entrée, je n’eus le temps que de voir Julia bondir comme un félin. Cette dernière ne m’avait pas reconnue et m’attaquait sauvagement, aveuglément guidée par son besoin de sang. Alexandre était heureusement attentif et s’y était préparé dès mon arrivée. Il attrapa sa compagne par l’arrière et l’envoya violemment valdinguer au fond de la pièce. Tout cela s’était passé en quelques secondes. Alexandre faisait encore barrage de son corps, ce dont je lui en étais reconnaissante, complètement tremblante de peur.

Avant que ne se relève Julia rendue folle de fureur sanguinaire par sa soif de survie, je secouai une petite feuille de bloc note où était inscrit l’adresse du mafioso.

-J’ai enfin une adresse !!

Je pus voir le visage très pâle d’Alexandre soupirer de soulagement et me sourire avec chaleur pour la première fois depuis notre rencontre.

Alexandre était arrivé au bout du rouleau. Après qu’ils eurent dîné, c’est là que je pris conscience de combien le vampire avait été courageux et héroïque. Epuisé par le manque de sang et par son rôle protecteur qui consistait à garder sa redoutable compagne dans leur appartement, le pauvre Alexandre avait été à deux doigts de devenir sauvage à son tour. Un jour de plus et j’aurais eu sur la conscience le meurtre de tout un immeuble.

Mais point positif, depuis cet événement, notre entente mutuelle s’était améliorée. Ce n’était pas la même complicité qu’avec Julia mais de temps à autre, un simple regard échangé entre lui et moi me confirmait ce pacte silencieux que nous avions fait ce fameux jour. J’avais pris un énorme risque mais au final cela m’avait valu l’amitié d’Alexandre même si ce n’était pas ce que j’avais escompté obtenir au départ.

Le manque n’était pas le seul obstacle auquel devait faire face mes vampires. On m’avait prévenu du danger que représentaient les membres du Tsunami. Jusque là, la chance avait voulu m’épargner cette galère mais cela ne devait pas continuer. La moitié de l’année était passé sans autre anicroches que celle que j’avais vécue par ma faute et voilà que se profilait le raz-de marée sanguinaire.

Julia était plus joyeuse que d’ordinaire, elle savait que l’on devait aller dans un parc d’attraction demain et pour éviter tous problèmes, j’avais fait exprès de cadrer cet événement après un petit « dîner ». Umbrella m’avait fourni l’adresse de l’hôpital et le numéro de chambre d’un séropositif en phase terminale. Mon manque évident de jovialité plomba quelque peu l’ambiance durant le trajet mais cela n’empêcha pas mon couple d’entrer puis de ressortir repus de cette chambre morbide.

Soudain, un coup de tonnerre éclata. Que dis-je, un claquement comme un coup de feu. Alexandre puis Julia se mirent à fêler à l’unisson en direction du bruit. Une brume apparu brusquement dans le couloir et je compris qu’il s’agissait d’un fumigène. Des cris s’élevèrent tandis qu’Alexandre me poussa moi et Julia dans la chambre du cadavre laissé à l’instant. Je n’avais pas le temps de m’en soucier car déjà mes vampires montraient les crocs en adoptant une posture défensive. Julia me bouscula sur le côté au moment où la porte éclata.

-Alex !

Julia se planta devant moi tandis que son compagnon se jetait sur une silhouette sombre.

-Vas-y ! Emmène-la !

Dans la seconde, ma vampire me souleva sans effort et sauta hors de la chambre en cassant le carreau. J’eus à peine le temps de voir le visage de notre agresseur.

-Qu’est-ce que c’est ?!!

-Je te présente Tsunami ma pauvre Nina ! Qui aurait cru qu’ils patrouillaient dans cet hôpital ! C’est vraiment pas de chance !

-Et Alexandre ?!

-Ne t’inquiète pas, on commence à avoir l’habitude depuis le temps ! Il va arriver.

Julia semblait être sûre d’elle, ce qui me rassura. Quand nous nous fûmes assez éloignées, Julia me déposa par terre et huma l’air. Cela lui donnait un drôle d’air mais je ne pensais pas à rire. J’étais bizarrement inquiète pour le compagnon de mon amie vampire.

-Alors ?

-Il sait ce qu’il faut faire…Nous, nous devons rentrer à l’agence.

-Julia ! Je n’aime pas ça ! Cet inconnu a bien failli nous tuer !

-Il faudra t’y habituer parce que c’est son boulot !

-Hein ?!

-La compagnie Tsunami a pour vocation d’exterminer les vampires et leurs complices, tu sais ça pourtant non ?!

-Je ne savais pas que j’étais aussi leur cible !

-Et bien maintenant tu le sais…écoutes, ne t’inquiète pas, notre devoir est de protéger nos managers quitte à y perdre la vie car vous nous êtes bien plus précieux que tu ne le penses. Un vampire se crée facilement mais un manager non. Il faut une certaine ouverture d’esprit pour rester à nos côtés. Beaucoup pensent que nous sommes juste de la vermine à éliminer pour le bien de la communauté, d’autres nous trouvent une utilité et exploitent nos atouts. Mais un manager, c’est un humain qui consacre sa vie à notre bien-être sur le terrain en dépit de sa propre espèce. Il n’en existe pas beaucoup capable d’une telle générosité ! C’est pourquoi en cas d’attaque, tu auras toujours notre priorité parce que ta vulnérabilité est notre principale faiblesse.

Ce discours m’enchantait et me terrifiait. J’avais le sentiment de trahir sa confiance car je n’étais pas encore à 100% acquise à la cause d’Umbrella. Effectivement, c’était difficile de préférer le prédateur à sa proie, surtout quand il s’agit d’une proie de la même espèce que soi. Julia estimait mon importance comme vitale alors que j’avais eu l’impression d’être simplement une secrétaire qui joue aussi le rôle de taxi. Pour peu, dans une autre situation, j’aurais eu la grosse tête mais en l’occurrence, mon inquiétude allait à mon courageux couple.