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 Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière

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bluemely

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MessageSujet: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeMer 3 Fév - 19:20

et pour bien débuter, voici mon best-seller ! ^^ enfin amy connait déjà et j'en ai reçu des commentaires positifs donc j'espère qu'il vous plaira !
vampires, humains, dilemme amoureux sur fond parisien bref tout ce qu'on aime !


Lyscendre Aubier aurait pu être comme toutes les jeunes femmes de son âge. Mais la vie en voulut autrement. Dès l’instant où elle souffla ses 26 bougies, sa vie en allait être bouleversée irrémédiablement.
Car on la guette, on épit ses moindres gestes depuis au moins 6 ans, on la dit prédestinée, prête à subir son destin. Un destin bien singulier.

Pour l'heure, cette dernière traînait le long des quais de la Seine tandis que la nuit achevait de tomber. Les lumières scintillaient dans la pénombre, illuminant la capitale telles d'énormes lucioles. A côté d'elle, une petite rousse aux yeux gris-vert marchait au même rythme, le regard dans le vague. Charlotte Dufour était la meilleure amie de Lyscendre depuis les bancs du collège. Elles avaient fait les quatre cents coups toutes les deux et bien qu'elles eurent à prendre des voies différentes pour leur travail, cela n’avait pas entamé cette belle amitié.
Mais les radieux souvenirs étaient à des années lumières des préoccupations des deux jeunes femmes. Lyscendre ne cessait de penser à Denis, son collègue, et de leur lassante liaison de maintenant 6 mois qui s'éternisait. Elle en arrivait parfois à croire que cela faisait 6 ans, tant elle s'enlisait dans la routine.
Et de son côté, Charlotte n’était pas vraiment d’une oreille attentive depuis que sa liaison avec un client du salon de thé où elle travaillait allait au plus mal. Il semblait que Paris ne soit pas propice aux histoires de cœur ces temps-ci.
Lyscendre savait qu’elle ferait mieux d’oublier cet homme et de se consacrer à son travail, si seulement sa vie pouvait être plus folichonne.
Soudain, tout se déroula en un centième de seconde.
Elle n’eut pas le temps de voir ce qui se passait qu'un homme se précipitait sur elle et, sans que Charlotte, ni elle n’ait pu esquisser un geste, elle sentit comme une lame lui transpercer le poignet tandis que l’homme s’enfuyait.
« Mais il est fou ce type ! »
« Mon Dieu mais il t’a mordu ! Fais voir Lyly ! »
Charlotte vit avec effroi son amie pâlir d'un coup et s'effondrer sur les pavés. Au dessus d'elles, des témoins avaient vu toute la scène et la commentaient bruyamment, non sans montrer leur inquiétude pour la victime. Charlotte les interpella désespérément.
« Appelez le SAMU ! Vite ! Vite ! Oh là ! Là ! Lyscendre! Réveilles-toi ! »

La jeune femme se réveilla dans un brouillard étrange, sans reprendre vraiment conscience. Il lui semblait qu'il y avait de l'agitation autour d'elle, des girofares, des mains qui la touchaient, des voix qui résonnaient, lointaines. Mais le plus effrayant était qu'elle voyait tout comme si elle portait des lentilles rouges ; son coeur s’affola. Brusquement, elle entendit nettement une voix douce mais ferme l’enjoindre à se calmer.
« Que m’est-il arrivé ? Charlotte ? »
« Votre amie n’est pas là. Reposez-vous, tout sera fini dans une heure. »
Lyscendre ne demanda pas quoi et se laissa aller à l'apaisement. C'était une étrange sensation compte tenue de sa situation actuelle ; elle aurait dû ruer dans les brancards, exiger des explications, au lieu de cela, elle se laissait bizarrement faire.
Il lui sembla vivre ensuite un véritable rêve. Un sulfureux rêve aux images très agréables mais aussi très troublantes ; son partenaire inconnu, très beau et très habile, la menait au septième ciel. Il joua avec elle la plus remarquable danse qu'elle eût jamais connue, jusqu'à l'apothéose finale où il plongea avec gourmandise son visage contre son cou. Un éclair suprême de plaisir mélé de douleur la transperça.
Après le paradis, ce fut l'enfer. Elle se mit à étouffer. Ses poumons ,qui cherchaient vainement l'air, la brûlaient ; elle souffrait le martyre en se demandant pourquoi elle devait mourir de si atroce manière après avoir vécu un si agréable moment.
Le plus douloureux fut de voir le sourire si séduisant de son partenaire s'étirer diaboliquement comme si il s'amusait de regarder sa victime mourir. Etait-ce une punition divine ? La jeune femme se sentit partir. Son monde s'embruma et puis ce fut brusquement le trou noir.
Il faisait nuit quand Lyscendre ouvrit brusquement les yeux, mais elle y voyait comme en plein jour, à son grand étonnement.
Instinctivement, elle regarda son poignet et ne vit pas de trace de morsure, par contre elle s’inquiéta de voir sa peau, d'ordinaire plutôt dorée, si pâle.
Un doux bruit soyeux glissa derrière elle. Elle se retourna, inquiète, et faillit rire de sa stupide nervosité ; il ne s'agissait que de magnifiques mèches de cheveux.
L'inconnu ? Non, c'était bien sa propre chevelure. Elle devait être dans le coma depuis un bon moment à voir leur longueur. Elle avança avec hésitation sa main blanche vers les vagues blondes.
Quand elle les toucha enfin, la porte s’ouvrit, la faisant sursauter, et un homme étrangement attirant entra. Avec cette soudaine entrée, Lyscendre remarqua, pour la première fois, l'incongruité de la pièce où elle avait été amenée. Cette chambre était sombre et décorée de matières velours accentuant l’aspect feutré et la rendant superbement élégante.
La jeune femme s'interrogea sur cette décoration peu conventionnelle pour une chambre d'hôpital. Tout comme la tenue du superbe l'infirmier qui s'approchait, c'était trop de luxe pour une simple citoyenne comme elle. Où avait-elle été emmené ?
Son assurance santé, en tout cas, valait vraiment le coup ! Elle n'allait plus se plaindre, dorénavant, de payer si cher sa cotisation mensuelle.
L’homme s’immobilisa devant elle et s’accroupit avec grâce.
« Enfin ma princesse vous êtes enfin venue à nous. »
Lyscendre, les yeux ronds, crut avoir affaire à un fou. Elle qui avait souhaité plus d’excitation dans la monotonie de sa vie, et bien la voilà servie ; elle avait été exaucée. En une soirée, elle avait été mordu par un fou, avait partagé une nuit torride avec un inconnu diaboliquement beau et la voilà maintenant couronnée princesse.
« Qu’est ce que vous dites ? Moi, princesse ? Venue à vous ? Qu’est-ce que cette histoire ? Princesse de quoi d’abords ! »
L’inconnu sourit et dévoila des canines saillantes. Lyscendre eut un sursaut et regarda plus attentivement. Avait-elle bien vu ? La vision des crocs qui se dévoilaient de manière si obscène dut la rendre plus pâle encore ; l'homme avait l’aspect d’un vampire !
Lyscendre recula d’effroi et hurla. Elle n’en croyait pas ses yeux ! Ce n’était qu’une légende ! Une légende qui prenait forme devant elle, dans ce sourire exceptionnellement charmeur…
« Notre princesse, l’élue des maîtres de la nuit. »
Lyscendre s’accrocha dans les rideaux qui n’offraient qu’une barrière ridicule face à ce monstre de légende.
Elle ne voulait pas être comme lui. Un vampire, elle ?!
Pourtant, l’idée fit progressivement son chemin dans son esprit à mesure qu'elle étudiait son interlocuteur, agenouillé si sagement face à elle. Cela expliquerait la blancheur de sa peau, ses cheveux devenus plus long, et la nuit qu’elle voyait comme le jour. Une folle ronde s'engagea dans son esprit. Elle ne pouvait y croire. Mentalement, elle se compara à l'inconnu. Cherchait des différences. Elle s'entendit grogner, un sourd grondement qui émanait de sa gorge et qui rendit l'inconnu nerveux.

La porte s’ouvrit de nouveau dissipant la tension ambiante. Entra d’autres personnes aussi belles les unes que les autres qui s’inclinèrent tout aussi gracieusement que le vampire devant elle. Lyscendre remarqua parmi eux, le jeune homme blond extrêmement séduisant qui avait partagé son ivresse puis qui l'avait fait tant souffrir vers la fin. Ce fut d’ailleurs lui qui prit la parole en souriant avec séduction malgré le feulement de colère de la jeune femme.
« Princesse… Nous vous avons entendu gronder, aussi ne me tromperais-je peu en disant qu'Arno vous a révélé votre véritable identité. »
« Mon identité ? Mais je la connais déjà ! Je suis Lyscendre Aubier ! Une jeune femme humaine sans histoires ! »
Le jeune vampire sourit de plus belle et se releva avec autant de grâce qu'une ballerine d'opéra.
« Vous serez toujours Lyscendre Aubier pour les humains, mais ce n'est plus et ça n'a jamais été le cas en vérité, car vous appartenez, depuis votre naissance, à notre monde, il suffisait de rappeler en vous votre élection et attendre. Vous ne vous en rappelez pas Lyscendre mais pendant votre semi-coma, votre esprit qui est des nôtres vous a relevé et mené jusqu’à nous, votre instinct vous a commandé de le suivre et il ne nous restait plus qu’à faire de vous une des nôtres à part entière… »
« Qu’est ce qui vous faisait croire que j’en avais envie ! Que j’accepterais d’être comme vous ! »
« Vous n’aviez pas le choix, vous êtes l’élue ! La fille de notre antécédent prince… »
Lyscendre ouvrit des yeux ronds, son père ? Philippe Aubier ? Impossible !
« Mon père ne ressemble vraiment pas à un vampire ! »
« Votre père de cœur peut-être, mais votre père de sang et d’esprit… »
« J’ai des parents ! Des vrais ! Je n’ai jamais été adoptée ! »
« Pourquoi refuser l’évidence, princesse ? Au fond de vous-même, vous l’entendez, votre père, celui que nous appelions prince Donatien… Acceptez votre destinée Lyscendre! De toute manière vous ne pouvez plus revenir en arrière ! »
La jeune femme regarda ses mains et constata qu’elles étaient en effet aussi blanches et diaphanes que ceux qui lui faisaient face, puis en tremblant, elle porta le bout de son index sur ses dents et sentit la pointe de ses canines. Elle ne finit par y croire que lorsqu'elle sentit la pointe de ses crocs lui piquer légèrement le doigt. Une gouttelette de sang se forma tandis qu'une larme roulait sur ses joues.
L’homme s’approcha d’elle et essuya ses larmes avec son propre mouchoir. Son sourire ne le quittait pas et il émanait de lui une telle sérénité que Lyscendre retrouva son propre calme. Elle se laissa prendre par la main et conduire au devant de ses semblables.
« Nous savons que cela est trop nouveau pour vous, princesse. Vous avez du mal à l’accepter, mais c’est la part humaine de votre esprit, l’héritage de votre mère, qui se révolte en vous. Ne craignez rien, vous êtes toute puissante, vous êtes même la plus puissante de notre espèce, car vous êtes la seule à pouvoir vivre en plein soleil et à supporter l’eau bénite sans éprouver de brûlure de l'un ni de l'autre. Votre part humaine vous protège. »
« En contrepartie, vous avez conservé aussi vos sentiments humains, mais vous pouvez choisir entre le bien ou le mal selon les circonstances qui vous arrange. Vous serez dépourvue de scrupules si vous le désirez. »
Autrement dit, elle n'avait pris de ses parents que les avantages issus des deux espèces.
Aussitôt, elle se sentit invulnérable et redoutable, et cette sensation la grisa.
Elle retira sa main de celle du beau vampire blond et s’avança au devant de ses sujets qui baissèrent la tête en soumission. Elle semblait désormais reconnue comme leur princesse.
Cela la troubla un instant, puis son instinct de vampire prit rapidement le dessus . Elle jugea cela normal compte tenu de sa haute naissance. Le séduisant vampire blond lui indiqua ensuite respectueusement la porte de la chambre et la pria de le suivre. L'assemblée se releva et attendirent qu'elle passa devant eux.
Les têtes s’inclinèrent une nouvelle fois sur son passage. Le vampire blond ouvrit alors la porte et Lyscendre s'engagea dans le couloir.
Une longue file de personne à l'aspect plus ou moins remarquable attendaient fébrilement, le regard tourné vers elle. Lyscendre reconnut parmi elles des célébrités aussi bien françaises qu'étrangères, reconnues pour leur charme et, ou leur talent. Cela la destabilisa de remarquer pour la première fois leurs canines, inexistantes d'ordinaire.
Après ce long couloir à l'allure baroque où se prosternaient les vampires de tout sexe tête baisée, elle fut introduite dans une grande pièce bondée. A sa vue, l'auguste assemblée se courba, ce qui enivra une nouvelle fois Lyscendre.

Alors qu'ils approchaient d'une pièce, son guide s'arrêta devant elle et crut bon de se présenter à ce moment. Avec une grâce incroyable, il lui prit la main et se pencha en avant.
« Je me prénomme Alex, je serais pour vous votre guide et votre intendant pendant quelques temps, jusqu’à ce que vous ayez achevé votre apprentissage. Votre rôle et votre histoire sont primordiales autant pour nous que pour vous ! Mais cela vous l’apprendrez bien assez tôt princesse ! En attendant, venez prendre part aux festivités préparées en votre honneur. »
La jeune vampire fit le tour de l’assistance d'un regard à la fois hautain et curieux.
Une étrange sensation s’insinua subtilement en elle quand ses yeux de chat se posèrent sur un homme qui se tenait en retrait. Le plus étrange était qu’il attendait sagement à l'écart sans regarder dans sa direction, mais elle sentait qu’il n’était pas de ses alliés, aussi feula t-elle en sa direction. Le vampire tourna la tête en défi, mais la baissa bien vite au second feulement de Lyscendre. Il ne souriait plus et adoptait une attitude désormais plus soumise.
Alex eut un sourire diabolique. Il n'était pas intervenu car il était nécessaire à leur nouvelle princesse d'apprendre à se faire respecter sans son aide. Il en allait de sa légitimisation au sein de la société vampirique. Mais, au vu de ce qui venait de se passer, il n'était pas inquiet ; son élève apprenait vite. Elle avait reconnu ceux dont il fallait se méfier d’un seul coup d’œil, aussi, le jeune Vlad se le tiendrait pour dit.
Ce jeune vampire appartenait aussi à la famille de Donatien. Il s'agissait d'un neveu. Mais, une fois déjà, avec la venue au monde de Lyscendre, il avait contesté la décision de son oncle défunt en faveur d’un autre vampire.
Lyscendre continua son inspection et arrêta son regard sur la silhouette fine d’une femme qui levait insolemment les yeux. La jeune princesse flotta vers elle, puis s’ensuivit un curieux combat silencieux entre elles deux. Finalement, tout en souriant gracieusement, l’inconnue baisa la tête respectueusement.
« Si ta fidélité est aussi tenace, donne-moi ton nom et tu resteras près de moi ! »
« Je suis Karith princesse, vous avez ma fidélité. »
Alex cacha son feulement de désapprobation. Il ne portait pas Karith dans son coeur. Elle était trop nouvelle dans le clan, trop indépendante, trop imprévisible, trop tout. Il n'aimait pas le fait qu’elle approche trop leur précieuse princesse, mais les désirs de cette dernière étaient des ordres, aussi se promit-il de tenir à l’œil la jeune rebelle.
Le tri des alliés et des autres se termina sur cela. Avec sa nouvelle suite, Lyscendre traversa la pièce et se rendit dans la salle à manger où elle s’installa au bout de la table.
Elle s'assit ce qui invita tout le monde à l'imiter. Mais au moment où Karith allait prendre place à sa droite, Alex feula et s’installa à cette même place.
Lyscendre n’osa intervenir en faveur de sa nouvelle favorite ; son instinct de vampire l’en empêcha. Et bien lui en prit car elle apprit plus tard, par ses dames de compagnie, qu’elle se serait discréditée.
Toutes de très noble lignage, ces dames lui enseignèrent les codes complexes qui régissent la vie des vampires. Ainsi, la confrontation entre Alex et Karith était-elle une affaire sérieuse remettant en question leur traditionnelle hiérarchie.
La jeune vampire, sans doute encouragée par le privilège que lui avait octroyé sa princesse, s’était sentie assez favorisée pour tenter de bouleverser l'ordre établi. Tentative rendue inutile par l'intervention du bel Alex.
En entendant prononcer son nom avec respect, Lyscendre s'interrogea sur le mystérieux vampire si séduisant et si cruel à la fois. Il avait été son dernier partenaire quand elle était encore humaine, et elle n'oubliait pas qu'elle lui devait aussi sa traumatisante transformation.
« Qui est Alex pour moi ? »
« Il a été désigné pour être l'instrument de votre conversion, princesse. »
« D'aucun vous diront qu'il est votre précepteur, en quelque sorte... »
« C'est surtout l’intendant remarquable et précieux de votre père ! »
« Où est mon père ? »
Cette question inattendue, prononcée trop vivement, resta en suspend. Les vampires restèrent muettes et baisèrent les yeux. Leur attitude tragique agaça Lyscendre qui désirait en savoir plus et qui ne supportait pas ces cachoteries.
« Répondez ! »
Son éclat ne trouva pas plus d'écho. Le silence allait de nouveau être brisé par la colère de Lyscendre quand une voix de baryton s'éleva.
« Il est mort princesse ! » Le sursaut involontaire de la princesse amusa l’inconnu.
« Le prince Donatien a succombé bêtement au pieu d’un simple humain ! Non pas qu'un tel objet ne nous fasse peur mais il s'avère être une arme aussi meurtrière qu'un couteau quand elle touche le coeur d'un être, même invulnérable au temps. Le comble est que cet imbécile ne savait même pas qui il avait réellement abattu, prenant votre père pour un vampire commun. C’est le même humain que vous appeliez jusqu’à cette nuit votre père ! »
Non ! Lyscendre n’en revenait pas. Son cher père, le doux Philippe, tueur de vampire ?!
« Sa jalousie l’a conduit à découvrir la nature de Donatien et à l’exterminer sans scrupules. Bien qu'il soit anormal qu’un vampire puisse aimer une mortelle, cet humain n’avait en aucun cas à se mêler de cette affaire. »
« Qui êtes-vous ? »
Cette brusque question arrêta net les explications de l'inconnu qui, cette fois-ci, étudia sérieusement son interlocutrice.
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeMer 3 Fév - 19:29

up juste pour remettre dans l'ordre des livres ! lool
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeSam 13 Fév - 23:16

Elle avait remarqué déjà combien le nouveau venu avait du charme à revendre. Une chevelure de jais coupée courte, des yeux bleus d’un éclat profond et hypnotique quand il les posait sur elle et une prestance aristocratique ; tout contribuait à renforcer son aura mystérieuse.
Ce dernier s’inclina gracieusement, puis prit la main de Lyscendre pour y poser un chaste hommage. Alex retint son feulement, mais un sourd grondement lui échappa. En réponse, l’inconnu eut un demi-sourire.
« Votre frère. Votre demi-frère disons, car contrairement à vous, je suis un vampire à part entière. Fils de Donatien et de sa première compagne, Félira, mon nom est Leudre, pour vous servir, princesse. »
Lyscendre retira sa main et fronça les sourcils.
« Pourquoi n’est-ce pas vous le prince des vampires ? »
L’homme eut un geste de fatalité et sans quitter son sourire énigmatique, s’approcha encore de sa sœur afin de lui murmurer à l'oreille.
« Je ne suis pas immortel… »
Puis, sans quitter son sourire, Leudre s'inclina de nouveau et s'en alla, accompagné par quelques vampires.
Ce ne fut qu'une fois la porte refermée que Lyscendre interpella sa suite.
« Qu’a t-il voulu dire par-là ? Serait-il mortel ? »
« Non pas, princesse, mais comme tous les vampires et contrairement à vous, il existe plusieurs façons de nous tuer. Nous sommes immortels face au temps mais pas aux humains. »
« Créatures pourtant si faibles ! »
Prenant conscience de sa phrase, Lyscendre se bâillonna la bouche de la main.
« Mais qu’est-ce que je dis ! Je suis une humaine ! »
Alex sourit devant cette affirmation.
« Non, vous ne l’êtes plus, princesse, vous avez en vous la force des humains mais vous n’avez plus l’âme entière, la moitié seulement. Vous ne pouvez vous battre contre cette moitié qui vous pousse à être de notre bord, mais d’un autre côté cette part humaine est trop forte pour être ignorée ou rejetée, il vous faut vivre avec et les maîtriser toutes deux. Je suis là pour vous y aider. »
« Si je comprends bien, je suis unique, même ma progéniture ne pourra être comme moi ? »
Alex acquieça, la princesse avait raison, ses enfants ne seraient qu’au trois quarts vampire ou trois quart humain, tout dépendrait du père.
« Mais pour Leudre, est-ce uniquement ce fait qui l’empêche d’accéder à ma place ? »
« Non, c’est le testament du prince Donatien, votre père, qui vous a propulsé à cette place une fois votre majorité vampirique atteinte. »
« Parlez-moi de mon père, Alex, je ne sais rien de lui. »
« Volontiers. »
Les deux jeunes vampires s'installèrent confortablement sur le sofa et Alex évoqua pendant toute la nuit le temps où régnaient Donatien. Au petit matin, ce dernier éprouva l’envie d’aller dormir contrairement à Lyscendre.
« Je n’en puis plus, je vais me coucher, faites de même princesse ou vous serez épuisée. »
« Je dois reprendre ma vie humaine, j’ai des amis et un métier aussi ! »
« Renoncez princesse, je vous rappelle que vous avez le pouvoir de contrôler les esprits humains, vous n’avez pas besoin d’aller à votre travail, il vous suffira d’apparaître vers la soirée pour que vos supérieurs et vos collègues aient le sentiment de vous avoir vu toute la journée. »
« Mais si mon travail n’avance pas, cela ne servira à rien ! »
« Confiez-le à vos serviteurs le soir, ils se feront un plaisir de l’exécuter pour vous. »
« Je dois voir mes amis humains néanmoins ! Et mes parents ! »
Alex n’insista pas en voyant que la jeune va mpire trouvait à chaque fois une excuse. Il courba la tête et alla se coucher.

Lyscendre, pour une fois vraiment seule, eut le loisir de parcourir la demeure jusqu’à la porte d’entrée.
Les couloirs étaient longs, pleins de petits recoins discrets aménagés sur les côtés. Les différentes pièces principales étaient de superbes salles d'apparât inondées de lumière qui avaient conservées leur style baroque.
Le soleil brillait chaleureusement derrière les vitres, réchauffant les doigts froids de Lyscendre. Celle-ci voulut sortir et profiter de sa nouvelle nature.
Sans plus attendre, la jeune vampire se précipita alors vers l'entrée et se figea, stupéfaite. En bas des marches, l’attendait une superbe Porsche noire comme si quelqu'un avait prévu son désir d'escapade. Elle ne douta plus que la voiture eu été préparée à son intention quand elle vit les clés du contact. A une vitesse qui aurait pu la rendre invisible à l'oeil humain, elle sauta dedans et démarra, non sans apprécier au passage le ronronnement sourd que produisait le moteur et l'agréable fermeté du siège en cuir rouge.
Sans s'en rendre vraiment compte, Lyscendre se retrouva devant chez ses parents. D'abords hésitante, elle finit par couper le moteur, descendit gracieusement du véhicule et lut avec plaisir le nom des Aubier sur la boîte aux lettres.
Elle entra comme à son habitude ; sans prévenir, et appela sa mère d'une voix douce.
Isabelle sortit de la cuisine comme une folle.
« Ma chérie ? Mais où étais-tu passée ? Charlotte nous a dit que tu avais été agressé par un fou et qu’on t’avait conduite à l’hôpital ! Mais une fois là-bas, tu n’y étais plus ! Oh ! Ma chérie ! Quelle peur ! Toute la nuit à me ronger les sangs ! »
Lyscendre maîtrisa son sursaut, son côté vampire avait frémit en voyant les veines de sa mère. Son propre sang ne fit qu'un tour. Glacée, elle se demanda si elle serait capable d’attaquer sa propre mère pour un peu de ce sang parfumé ? Mais la tornade paternelle l’empêcha de continuer ses suppositions.
« Ma fleur ! Mon cœur ! Lyscendre ! Mais où étais-tu passé ? Je me suis fais un sang d’encre ! »
Allaient-ils donc cesser de parler de sang ?! Le faisaient-ils exprès pour la provoquer ?!
La princesse luttait pour s’empêcher de se débattre entre les bras de son père voir pire. La vampire aurait voulu sauter à la gorge de ce tueur tandis que l’humaine tentait de contrôler tant bien que mal cette nature sauvage et dangereuse.
« Je vais bien ! Rassures-toi ! J’ai eu une crise de somnambulisme et ce matin, je me suis réveillée près d’ici. Du coup, je me suis dis que la vie était bien trop courte et je n’ai pas pu résister à l’envie de m’acheter une belle voiture ! »
Son ton joyeux n’était pas très naturel et elle ne put s’empêcher de faire grise mine à son père, ce qui contrastait irrévocablement avec ses habitudes.
Isabelle finit par regarder son mari avec inquiétude. Elle venait de remarquer la longueur des cheveux de sa fille, son attitude insolite avec cette soudaine envie de s’offrir une belle voiture, trop chère pour son compte en banque. Cette manière de parler avec noblesse et hauteur, les gestes gracieux et séduisants. Elle avait connu ces mêmes manières, il y avait 26 ans, elle savait de quelle nature était Donatien mais, jamais elle n’aurait imaginé Lyscendre faire partie de cette caste redoutable des maîtres de la nuit. Elle se remémora la nuit où Philippe avait affronté le dangereux vampire pour la délivrer de son charme. Etait-il possible que Lyscendre soit devenue ce qu’elle redoutait tant qu’elle soit à sa naissance ?
Le furtif regard haineux qu’adressa Lyscendre à son père confirma ses doutes ; sa fille était devenue une vampire et avait apprit la vérité !
Heureusement, dans sa joie, Philippe ne semblait n’avoir rien remarqué.
Tirant sa fille dans la salle de bain sous prétexte de la nettoyer un peu, Isabelle en profita pour s’expliquer avec elle.
« Lyscendre, ne me croies pas assez stupide pour ne pas avoir remarqué ton changement ! Ton père, pour l’instant ne se doute de rien mais peu s’en faut ! »
« Mon père ? Mais mon père est mort de la main d’un fanatique imbécile ! »
« Lyscendre ! Ne parles pas de ton père de cette manière ! Il t’a élevé avec amour comme son propre enfant ! Tu lui dois ce respect ! »
La jeune vampire feula.
« Comment t’en es-tu rendu compte maman ? »
« Tes cheveux, tes manières, ta voix, ta nature te trahit ma fille ! Et si moi je m’en rends compte, ton père le fera aussi ! »
« Et bien, ce ne serait peut-être pas un mal ! Ainsi je pourrais venger mon véritable père et faire regretter à cet usurpateur de ne pas en avoir détruit la fille en même temps… » A ces mots, elle eut un regard impitoyable qui effraya Isabelle.
« Ne lui fais pas de mal Lyscendre, n’oublies pas qu’il t’aime et que tu l’aimais ! »
« Je ne suis pas complètement vampire, ma moitié humaine m’empêchera de le tuer, mais je ne pourrais plus le voir sans vouloir lui ouvrir la gorge ! Comprends-tu maman ? C’est terrible parce que je sens que je l’aime encore, mais la haine qui m’emplie la recouvre. Je ne dois plus jamais le voir, disons jamais seule ! »
« Tu n’es donc pas vampire ? »
« A moitié, je tiens une part humaine de toi et une part vampire de mon père. Je suis unique ! Je suis la princesse des damnés ! »
Sur-ce, plantant là sa mère, Lyscendre détala rapidement hors de la maison, sauta dans son bolide et alla directement chez son amie sans se retourner, ni prendre la peine de sécher les larmes qui coulaient le long de sa joue.
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeMer 17 Fév - 14:49

Lyscendre trouva une place où se garer à proximité du salon de thé de Charlotte. Elle poussa la porte ouvragée avec désinvolture.
Dans un premier temps, son amie ne prit pas garde à l'exquise apparition qui se dirigeait vers elle et que tous les clients dévisageaient. Elle n’en crut pas ses yeux en la reconnaissant.
Poussant un petit cri de surprise, Charlotte porta sa main à sa bouche et regarda son amie de la tête aux pieds sans en croire ses yeux. Cela agaça quelque peu Lyscendre mais elle n’en laissa rien paraître.
« Mais où étais-tu passé ? J’ai cru que l’hôpital t’avait coupé en petit morceau et jeté aux ordures ! »
« Tu n’en ferais pas un peu trop ? »
Le ton narquois fit l’effet d’une douche froide sur la pauvre jeune femme qui n'avait pas l'habitude de ce manque d'humour, ni de cette attitude guindée de la part de Lyscendre. D'ailleurs, elle ne reconnaissait plus son amie ; ses traits étaient devenus moins ordinaires. Sa présence à elle seule, électrisait l'air du paisible salon de thé.
« Tu as l’air bizarre. »
Lyscendre souleva un fin sourcil mais répliqua amusée.
« Je ne crois pas. Mais changeons de sujet, veux-tu ? J’aimerais te montrer un peu ma nouvelle voiture. Et qui sait, peut-être, accepteras-tu d'aller faire un tour ! »
« Mais, c'est que je travaille là ! Et toi ? Tu as pris ton jour de congé ? »
Lyscendre haussa les épaules d'un air de dire qu'elle n'en avait cure. Elle tira son amie vers la sortie.
« Hé ! Lyly ! Attends ! C'est que je vais me faire engueuler si je pars comme ça ! »
La princesse frémit en entendant le langage employé par Charlotte. Elle se rendait compte combien sa nature de vampire s'accomodait mal de la familiarité des humains, aussi se tourna t-elle vers son amie et répliqua d'un ton froid.
« Cesses de parler de cette manière, je te prie, et réfléchis un peu, crois-tu que ta patronne te laisserait partir si je ne le lui avait pas demandé ? »
« Et bien ! Euh...d'accord, Lyscendre, mais je dois revenir dans une demi-heure sinon cela sera décompté de ma paie ! »
La vampire soupira mais décida de ne rien dire de plus. Elles sortirent du salon sous les regards intéressés des clients.
Arrivées dans la rue, Lyscendre invita son amie à contempler la Porsche. Charlotte ne put cacher son ébahissement, ni son émerveillement quand Lyscendre ouvrit la portière et la regarda en souriant.
« Montes ! »
« C'est vraiment la tienne ?! »
Lyscendre acquiesça en souriant. La jolie rouquine ne se fit pas prier plus longtemps, elle sauta dans la voiture et referma la porte sur elle.
« Tu nous emmènes où Lyly ? »
« Tu verras ! »
« N’oublies pas que je dois être au salon dans une demi-heure ! »
« Je le sais ! Mais, d’abords il faut que l’on se fasse plaisir ! »
Charlotte ne savait pas où son amie voulait aller mais apprécia la balade et les regards envieux des passants, qui traînaient le long de l’avenue la plus célèbre du monde. Les hommes salivaient devant les deux jeunes femmes. Si jeunes et déjà une Porsche, cela attiraient leurs regards, surtout sur la magnifique blonde aux cheveux longs et ondulés qui dégageait tant de séduction au volant de son bolide.
Cela rappela soudain à Charlotte l’année dernière, lorsqu’elles s’étaient promenées le long de l’avenue en admirant les vitrines de luxe qui s’y étalaient.
Tandis qu’elles rêvaient sur la belle voiture anglaise en vitrine, le concessionnaire ; un jeune homme assez séduisant, avait voulu les draguer. Lyscendre l’avait repoussé, soutenue par Charlotte qui le trouvait par trop hautain. Vexé, l’homme s’était moqué d’elles en leur lançant qu’elles n’auraient jamais la chance de conduire une voiture de grande classe, condamnées qu’elles étaient de se contenter que de marques populaires.
Cela avait beaucoup touché Lyscendre. Et en étudiant l'air diabolique de son amie, la jeune femme se doutait maintenant que l’endroit où elle voulait l’emmener était chez le concessionnaire présomptueux des Champs-Élysées.
Avec la hâte et le trafic important, la tension monta. Impuissante, nerveuse, Lyscendre tapait rageusement sur le volant en maudissant à voix haute les humains et leur bêtise.
« Ne t’énerve pas comme ça, tu sais bien qu’à cette heure là, c’est tous les jours pareils ! »
La vampire ne releva pas, elle avait hâte de satisfaire sa puérile revanche, se retrouver devant le crétin orgueilleux qui l’avait humilié. Quand enfin, elle se dégagea de la file interminable de voitures, Lyscendre s’arrêta devant la concession. L’homme en question en sortit à la vue de la potentielle cliente qui sortait la tête de la voiture féline. Même après un an, il reconnut la superbe blonde qui l’invectivait alors.
« Finalement, comme tu peux le voir, je peux m’offrir le luxe de me payer une voiture de « grande classe » comme tu disais ! Dommage que ton attitude ait été désobligeante pour la marque qui t’emploie, je me suis décidé pour ton concurrent ! Jolie, n'est-ce pas? »
Avec tout le panache et la séduction qui faisait sa nature, Lyscendre ria tout en retournant dans l’habitacle de la Porsche. Charlotte vit que le patron du jeune homme avait suivit de loin les propos de Lyscendre, et il fallait parier qu’il en avait surtout retenu les derniers mots.

« J'aurais dû rentrer au salon depuis 15 minutes déjà Lyscendre ! »
« Ne t’inquiète pas Lotti ! Fais-moi confiance ! »
Charlotte fronça les sourcils devant la détermination joyeuse de son amie. Cette dernière l’avait ramené avec une demie-heure de retard et elle croyait que sa patronne allait lui pardonner aussi facilement.
Mais la princesse savait bien ce qu’elle faisait. D'un pas décidé, elle entra avec son amie qui suivait derrière dans l’établissement. Aussitôt une petite bonne femme interpella Charlotte d'une voix sifflante. Quiconque l'aurait observé attentivement aurait vu dans son regard la furieuse envie qu'elle avait d'arracher les yeux à la rouquine.
« Mme François ! Je suis désolée ! Mais… »
« Mais rien n’est-ce pas Mme François ? »
Comme par magie, la gérante retrouva son sourire commercial et acquiesça avant de regagner sa place comme s’il ne s’était rien passé. Charlotte en resta bouche bée. Elle regarda soupçonneusement son amie comme pour essayer de comprendre quelque chose.
« Va vite t’occuper de tes clientes Lotti, je repasserais te chercher. »
« Je suis censée terminer à 16h30. »
« A tout à l’heure ! »
Se dépêchant de sortir, Lyscendre se cogna soudainement sur une poitrine musclée. Et ressentit une fugace mais désagréable brûlure sur ses reins.
« Excusez-moi mademoiselle, mais vous ne regardiez pas devant vous. »
Lyscendre, impatiente, allait rétorquer de sa voix hautaine quand elle se figea brusquement. Elle demeura muette, les paroles coincées au fond de la gorge.
L’homme qu'elle avait bousculé avait un sourire qui continuait jusqu’à ses yeux, brillants et étrangement violets. Ses mains, délicatement posées le long du dos de la princesse pour la retenir de tomber, devaient être à l'origine de la sensation de brûlure qu'elle avait éprouvé. Heureusement, elle avait retenu son feulement de douleur.
Alors que, troublée, Lyscendre n’arrivait pas à se dégager de l’emprise de cet humain, le regard de celle-ci fut étrangement attiré vers la poitrine de l’homme.
Elle remarqua soudain avec effroi la petite croix d'argent sur le col de sa veste, marque distinctive et commune à tous les prêtres.
Instinctivement, elle se raidit et elle se dégagea vivement en reculant tout en esquissant un sourire faux.
« Pardonnez-moi mon père ! »
Rapidement, elle passa devant lui sans un regard et rejoignit sa voiture.
Le jeune prêtre ne l'avait pas quitté des yeux mais il avait perdu son sourire qui le rendait si séducteur. Ce ne fut que lorsque Lyscendre eut disparu de son champ de vision qu'il entra dans le salon de thé.

Perturbée, la vampire ne faisait pas attention à sa conduite, elle roulait vite et mal mais par miracle, elle arriva à son bureau sans accident.
Le gardien fut délicieusement surpris de voir arriver la charmante mademoiselle Aubier avec un air aussi félin dans une voiture bien haut dessus de ses moyens. Les yeux séducteurs eurent raison de la curiosité du pauvre homme .Hypnotisé, il ouvrit la porte du garage sans poser les questions qui lui brûlaient aux lèvres.
Une fois dans le bâtiment, la première personne que vit Lyscendre ne fut autre que Denis. Il la retrouva devant l’ascenseur et s’étonna de l'inhabituel sex-appeal de sa petite amie.
« Lyscendre ! Tu es superbe aujourd’hui ! »
« Pourquoi ? D’habitude je ne le suis pas ? »
L’attaque fut rude, le jeune cadre en resta muet de stupeur mais ne s’avoua pas vaincu. Sûrement la pleine lune.
« Si bien sûr, mais tu l’es bien plus aujourd’hui. Tu ne m’embrasses pas ? »
Lyscendre leva les yeux au ciel en soupirant dédaigneusement.
« Non, pas aujourd’hui, je n’en ai pas envie. En fait, cela fait bien depuis plusieurs jours que je n’en ai plus envie ! »
Denis contempla avec des yeux ronds cette fille qui le battait froid. Jusque là il avait dû repousser les attentions de la jeune femme, par trop affectueuses à son goût, et il n’en revenait pas de la voir si différente.
Lyscendre, quand à elle, par volonté pure et simple, n’avait pas envie de jouer de son pouvoir sur cet humain si inintéressant. Cela fut comme un électrochoc pour cet homme blasé qui resta silencieux dans l’ascenseur.
La princesse alla voir directement son directeur, très occupé comme à l’accoutumé, mais qui sous l’effet du pouvoir vampirique ne regimba pas.
« Je suis là pour la journée comme tous les jours même si vous ne me voyez pas, c’est entendu M.Canetti ? »
« Mais bien sûr, mademoiselle Aubier, vous êtes si charmante, je ne pourrais rien vous refuser. »
Lyscendre commençait à savourer les avantages de sa nouvelle nature et à y prendre goût. Et tandis qu’elle traversait les couloirs, son pouvoir fit aussi effet sur ses collègues. Puis, elle descendit, fit les boutiques et retourna chercher Charlotte, ravie, avant de rentrer à sa résidence princière.

Quand elle arriva, tous ses sujets vampires dormaient encore. Pas un bruit hormis le craquement typique des vieilles maisons angoissantes.
Mais la princesse n'y prêta pas attention, elle commençait cependant à éprouver de la fatigue.
Il fallait dire qu'elle n'avait dormi que quelques heures la nuit dernière. Cette fameuse nuit où son destin avait basculé.
Avec la légéreté d'une fée, elle monta les escaliers de marbre et alla directement dans sa chambre pour sombrer dans un sommeil sans rêves.
Le soleil achevait de se coucher quand Lyscendre ressentit un gêne pendant qu'elle dormait. Son sixième sens, bien plus développé avec sa nature vampirique, lui indiquait qu’elle n’était pas seule. Ouvrant les yeux, elle vit que son troublant frère Leudre était à côté d’elle et la fixait d’un regard impénétrable. Lyscendre feula en se redressant sur le lit, le plus loin possible de l'indésirable.
« Que fais-tu ici ? »
« Je vous contemple ma chère princesse. »
« Dommage que je ne sois pas sensible au soleil, les rideaux ne sont pas tirés et je suppose que tu voulais me faire profiter des derniers rayons… »
« Amusante... ! Il m'apparaît que vous avez sûrement oublié de tirer les rideaux cet après-midi avant que vous ne vous couchiez ! Cela aurait pu d’ailleurs me surprendre, excellent moyen de défense Lyscendre ! »
La jeune vampire regarda son interlocuteur de biais. Certes, elle avait parlé trop vite ; Leudre savait qu'elle ne succombait pas aux rayons du soleil, contrairement à lui.
Elle se demanda alors ce qu'il préparait, sachant qu'ils étaient étrangement seuls.
« Et pourquoi me contemples-tu ? »
« En quoi aurais-je moins le droit d’admirer ma séduisante sœur endormie qu'un Alex ? »
Le feulement de colère de la princesse n’entama pas la belle confiance du vampire insolent bien que celui-ci se retrouva projeté contre le mur et à un mètre du sol.
« Ne soyez pas si en colère princesse, vous êtes encore plus irrésistible ! Et cela va vous énerver bien plus encore. »
« Sors de ma chambre Leudre ! »
« A votre bon plaisir adorable panthère. »
Lyscendre feula de plus belle mais bien qu'elle mourut d'envie de le jeter par la fenêtre, elle dut laisser retomber son frère sur le sol afin qu'il puisse s'exécuter. Cela n'empêcha pas la porte de se refermer toute seule avec violence sur le dos du vampire.
Elle entendit alors le petit rire amusé de Leudre de l'autre côté, ce qui l'agaça de plus belle.
Lyscendre eut alors le sentiment que son demi-frère venait de la faire passer aux yeux de tous pour une gamine puérile et capricieuse. Elle pesta en maudissant son emportement due à sa nervosité et à la malice de ce dangereux vampire.
Néanmoins, la présence à ses côtés de Leudre, prétendant au trône, avait de quoi l'inquiéter. Bien qu'il est été écarté, rien ne prouvait à Lyscendre qu'il ait renoncé définitivement au titre de prince. Une fois éliminée, plus personne ne pourrait plus se dresser entre lui et la place qu'elle occupait actuellement à la tête des vampires.
D'ailleurs, ces derniers ne la connaissaient pas depuis longtemps pour la défendre ou la regretter après le coup d'état du fils légitime de Donatien. Il y avait, alors, fort à parier qu'ils accueilleraient favorablement leur nouveau maître pour qui certains s'étaient déjà compromis.
Lyscendre secoua la tête et garda son grondement au fond de la gorge. Quelqu'un la surveillait. Elle fronça alors les sourcils.
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeMar 2 Mar - 13:17

Dehors, une silhouette noire observait le manoir et tout particulièrement la Porsche. Elle semblait attendre quelque chose, quelqu’un.
Lyscendre se dirigea instinctivement vers sa fenêtre avec un sentiment de malaise. Elle vit cet homme au portail qui tentait de la discerner à travers sa fenêtre et qui soudain disparut dans la nuit.
La jeune femme grimaça puis finit par appeler Arno. Celui-ci n’eut qu’à ouvrir la porte d’où s’était évaporé Leudre, quelques instants auparavant.
« Que désirez-vous princesse ? »
« Il y avait quelqu’un devant la grille, sa présence m’a mise mal à l’aise et je n’aime pas ça ! »
« Je veillerais à savoir de qui il s’agit. »
Le vampire se retira après avoir effectué sa révérence. Voulant fuir son trouble, Lyscendre sortit de ses appartements avec la ferme intention de se changer les idées.
Dès son entrée dans le salon, ses sujets en tenue d’apparat cessèrent leurs activités et effectuèrent une révérence en silence.
Lysandre trouvait cela de plus en plus grisant. Le respect manifesté par les vampires lui confirmait en quelque sorte sa légitimité, ce dont elle doutait avoir toujours eu.
Elle fit signe à Karith de la rejoindre puis releva le menton en apercevant son frère, narquois, qui lui portait un toast avec son verre de champagne. Il ne perd rien pour attendre celui-là, pensa t-elle.
« Karith, nous allons sortir, je veux m’amuser un peu…appelles la limousine ! »
Déjà les yeux gourmands de Karith brillèrent à cette demande. Elle espérait que Lyscendre escomptait s’amuser tout en « déjeunant ». Son sourire s’accentua et ses deux canines apparurent entièrement tandis qu'elle s'inclinait. Bousculant au passage quelques aristocrates outrés, elle courut presque afin d'exaucer le caprice de sa princesse.
La vampire attrapa un vampire de rang très inférieur et lui ordonna d'amener la limousine devant le manoir. Une fois satisfaite, elle attendit que ce même serviteur revienne pour annoncer elle-même à Lyscendre qu'elles pouvaient partir.
Arrivées sur le perron, Alex les rattrapa avant qu’elles n’entrent dans le véhicule au grand dam de Karith. Il fronça les sourcils et s’apprêtait à ouvrir la bouche pour dissuader la princesse de sortir sans escorte valable, mais cette dernière l’en empêcha en parlant la première.
« Je sais ce que tu vas me dire Alex, je te répondrais que je fais ce que je veux ! Mais rends-toi utile ! Surveille donc plutôt Leudre à la place, j'ai eu la désagréable surprise de le trouver dans ma chambre à mon réveil, et j'ai le sentiment qu'il nous prépare quelque chose ! »
Sur-ce, sa chevelure s’envola et la nuée de ses jupes noires disparut avec le claquement de la portière de la voiture.
« Par où voulez-vous commencer princesse ? »
« Les pubs sont toujours remplis à cette heure, il ne nous sera pas difficile de nous dénicher un cavalier pour cette nuit ! »
« Ma princesse a raison, et ne dit-on pas que Paris est le lieu de tous les délices ? »
Lyscendre sourit et le chauffeur démarra au claquement de doigts. Elles s’arrêtèrent devant un de ces bars branchés, toujours complets les soirs de fin de semaine. Heureusement, sortant d’une voiture de luxe et avec son allure, Lyscendre obtint sans difficulté une place V.I.P.
Les deux vampires firent une entrée remarquée, les hommes se retournèrent sur le passage de ces deux créatures félines. Regards admiratifs ou jaloux, Lyscendre et Karith ne passaient pas inaperçues et ne manquèrent pas d’admirateurs empressés et charmants.
Karith en attira de suite un avec elle et ne put s’empêcher de le regarder avec gourmandise. Ce qui lui valut immédiatement un regard de rappel de la part de sa maîtresse.
Lyscendre avait beau avoir faim de sang, ses sentiments humains l’empêchaient de faire du mal à un homme. Du moins, pour l’instant. Car, à mesure que son côté vampire s’insinuait dans son cœur, elle se rendait compte qu’il prenait de plus en plus de place et que sa demi-âme aurait peu à peu bien du mal à le retenir.
Malgré ses scrupules, le jeune homme resta avec elles. La princesse ne voulait pas froisser sa jeune compagne, et l’homme lui paraissait trop stupide pour manquer un jour à l’humanité. Il fut promptement ramené au manoir.
Celui-ci admira bêtement la maison de ses compagnes et s’extasia trop bruyamment au goût de Lyscendre qui jugea définitivement son cas désespéré. Ce fut sûrement le même avis que l’ombre qui observait de loin les trois personnes sortir du véhicule et qui s’insinua clandestinement dans la propriété.
Lyscendre, une fois rentrée, préféra se diriger directement dans ses appartements. Elle craignait que sa nature vampirique ne la pousse à profiter de la proie de Karith, ce qu'elle refusait toujours inconsciemment.
Sans prêter attention aux vampires qui se prosternaient sur son passage, la princesse entra enfin dans sa chambre pour s'arrêter net au beau milieu de la pièce, le regard fixé vers son sofa. Elle y voyait une chevelure sombre, reconnaissable entre toutes, en dépasser. Leudre l’attendait visiblement puisqu’il trônait sur le confortable canapé cramoisi, une bouteille de champagne et trois verres posés sur la table basse devant lui.
La vampire, excédée, n’en demeura pas moins satisfaite de son air surpris.
« Leudre ! Tes trois verres sont bien inutiles crois-moi. Je ne souhaite aucune compagnie. Que t’imaginais-tu ? Me surprendre avec mon… ami ? Tu voulais lui souhaiter la bienvenue peut être ? »
« Je dois vous concéder cette victoire Lyscendre, vous m’avez deviné. Je comptais effectivement vous tenir compagnie à tout deux cette nuit. »
La vampire feula mais avant qu’elle ne puisse ajouter un mot, des hurlements leur parvinrent des couloirs. Lyscendre, après un brusque sursaut, courut ouvrir la porte et sortit, suivie de Leudre, qui se plaça immédiatement devant elle en protection.
Ce qu’elle vit derrière l'écran de son corps la stupéfia. Ses sujets reculaient, épouvantés, devant l’ombre pourtant peu menaçante d’un humain. Mais elle comprit bientôt pourquoi.

Elle reconnut le prêtre d'hier. Mais, cette fois, il arborait devant lui, en protection, une croix en bois. Devant elle, les vampires feulaient de colère mais reculaient irrémédiablement.
L’homme s’approchait lentement mais inéluctablement de Leudre et donc de Lyscendre. Leudre résista tant qu’il put. Or la croix eut raison de lui et dans un feulement à la fois de douleur et de rage, il dut reculer, non sans pousser brutalement la princesse dans sa chambre. Mais Lyscendre, qui ne ressentait rien, en ressortit aussi vite pour affronter l'importun.
Le prêtre, avec une volonté farouche, insista.
« Rends ta proie créature impie ! Où est l’homme que tu as pris dans tes griffes ! Rends-moi cette brebis égarée, Dieu est avec moi ! »
« Décidément c’est une manie de me croire avec un homme ! Détournes de moi cet objet inutile prêtre, vois, il n’a aucun effet sur moi. »
Et devant les yeux ébahis du jeune prêtre, Lyscendre lui arracha sa croix des mains. Aussitôt, le jeune homme sentit les regards vengeurs se fixer sur lui et crut sa dernière heure arrivée. Mais la superbe créature blonde devant lui le prit de nouveau au dépourvu en l’invitant à entrer dans ses appartements.
Le bel ecclésiastique s’exécuta à contrecœur. Néanmoins, en jetant un regard en arrière, il se dit qu’il aurait plus de chance face à un seul vampire plutôt que face à toute une nuée. Lyscendre le lui confirma d’un ton froid.
« Tu as bien fais de me suivre prêtre, sans protection, tu n’aurais eu aucune chance contre mes semblables. »
Et avec provocation, la princesse jeta l’objet sacré dans l’âtre d’où flambait un feu paisible qui grandit instantanément.
Le prélat ne montra pas la moindre crainte. Sa séduction en avait acquis plus de force sur les sentiments humains de Lyscendre qui s’approcha de lui.
« Comment as-tu su prêtre ? Je veux dire, tu ne m’as qu’entrevue que quelques secondes et déjà tu savais, je t’ai sentit rôder devant chez moi. »
« Tu caches mal ton hypocrisie, vampire, je n’ai pas douté à ton recul et à ton sourire fourbe ! Ton charme n’a aucun effet sur les ministres de Dieu ! Où est le malheureux qui a succombé à ton pouvoir trompeur ? »
« Que te soucis-tu de cet imbécile ! Sa conversation avait autant d'intérêt que celle d'une poule et sa perte me semble constituer plutôt un bienfait pour l’humanité. »
« C’est bien à toi de dire ça ! Monstre ! N’essais pas de me charmer, je te répète que ton pouvoir n’a pas d’effets sur moi ! Rends-moi cette pauvre âme prisonnière, si tu sais de quoi je parle ! »
« Détrompes-toi prêtre, je sais ce que c’est, j’en ai une moi aussi… »
L’homme posa un regard ironique sur la silhouette gracieuse de son ennemie. Elle était très belle, mais il savait que sa beauté était fausse et dangereuse. Ce n’était qu’un atout de plus pour sa nature de prédatrice. Néanmoins, son âme d’homme s’émouvait et succombait peu à peu aux cheveux d’or, aux yeux bleus étirés, aux manières félines et raffinées propres à tous les vampires. Mais son âme de prêtre, elle, se rebiffa.
« J’en doute, démon, les vampires n’en possède pas, ils sont définitivement perdus pour Dieu. »
Lyscendre eut un sourire désabusé et se moqua.
« Dieu ne pardonne pas aux mécréants impénitents, n’est-ce pas ? Mais saches que moi, l’élue de ces créatures, leur donne cette rédemption car je possède une partie d'âme humaine et rien ne peux m’atteindre venant de ton monde. Je serais leur guide puisque Dieu a démissionné. Je vais même t’avouer autre chose, contrairement à mes compagnons les plus simples, je n’utilise pas mon pouvoir sur n’importe qui. Autrement dit, à cet instant, je ne l’ai pas usé sur toi, pas une fois… tu te laisses charmer naturellement prêtre, ce qui me rend plus forte que tu ne le crois ! Tu dis que mon pouvoir n’a aucun effet ? Au contraire ! Mais, je n'en ferais pas l’usage, ne crains rien, je vais même te faire un cadeau avant que tu ne partes… Karith ! »
L’ecclésiastique s’empêcha de sursauter et garda son regard rivé dans celui de son étrange interlocutrice.
La porte s’ouvrit sur la silhouette menue d’une vampire qui n’osait entrer complètement. Lyscendre lui ordonna d’aller chercher sa proie. En l’attendant, Lyscendre se rapprocha du prêtre dont elle commençait à apprécier la compagnie et le charme. Celui-ci ne montra ni sa peur, ni son attirance évidente pour cette vampire hors du commun.
« Je trouve le qualificatif de prêtre trop impersonnel, quant à m’appeler vampire, cela ne vaut même pas la peine de continuer… quel est ton nom ? »
« Père André, appelles-moi père André. »
Lyscendre sourit devant ce refus tranquille de s’incliner totalement face à son charme. Car, contrairement à sa promesse, elle avait mentit. Elle avait voulu voir si son pouvoir agissait finalement sur les prélats ou si c’était irrémédiablement inutile. A sa grande surprise, le père André ne faiblissait pas. Il gardait son calme et son indifférence charmante. Elle était conquise.
« Appelles-moi Lyscendre, père André…peut être, par la seule force de ta volonté, arriveras-tu à sauver cette demie-âme que je suis… »
L’homme ne cacha pas son étonnement mais avant qu’il n’ait pu dire un mot, on frappa à la porte.
« Entres Karith ! »
La vampire entra en tirant un jeune homme pâle et effrayé, le cou ensanglanté. Ce dernier avait finit par comprendre sur qui il était tombé, mais il fut désarçonné en remarquant la présence d’un prêtre.
« Il était temps, n'est-ce pas Karith ? »
Celle-ci eut une moue déçue et hocha la tête.
« Oui, princesse. »
« Princesse ? »
Lyscendre se retourna sur le visage interloqué du jeune prêtre et son regard eut une étincelle malicieuse. Puis elle retrouva une expression dure et dépourvue de sourire.
« Je te rends cette âme inutile père André, mais ne cherches pas à m’en prendre d’autre. Mes sujets ne peuvent se passer de cette manne. Bien que nous puissions survivre avec l’hémoglobine congelée des dons de sang, cela ne nous empêche pas de vouloir nous accorder de temps à autre quelques petites friandises… »
Sur cette provocation, la vampire se tourna vers la pauvre victime.
« Prends ta brebis égarée et vas-t’en, ne reviens me voir que pour me réclamer autre chose ! »
Le prêtre attrapa son compagnon affaibli mais ne bougea pas d'un pouce ensuite. A l'interrogation muette de la princesse, il s'expliqua.
« Tu as brûlé ma seule protection Lyscendre… »
« Pars tranquille, mes ordres sont sacrés, il ne te sera fait aucun mal. »
« Et à cet homme ? »
Lyscendre ria.
« Que de soupçons ! Douterais-tu de moi ? »
« Je prends mes précautions, tu n’as pas de parole en tant que vampire, et tu n’as rien précisé sur cet homme. »
« Toi et cet imbécile, pouvez partir tranquille…maintenant vas ! Déguerpissez avant que je ne change d'avis ! »
Le pauvre jeune homme s'accrocha à la silhouette rassurante du prêtre, et quand ils sortirent des appartements princiers, ils purent constater qu’elle n’avait pas menti. Les habitants du manoir les laissèrent passer, non sans leur couler, au passage, des regards noirs.
« Je ne savais pas qu’ils avaient une nouvelle princesse… »
« Et moi, je ne savais pas qu’ils existaient mon père ! Oh ! Mon père ! Vous m’avez sauvé la vie ! »
« Non mon fils, ce n'est pas moi, c’est Dieu … »
« Leur princesse a beaucoup de pouvoir en tout cas ! Cette Karith tremblait de fureur quand je l'ai vu revenir mais elle s’est visiblement inclinée devant l'ordre de me relâcher. Au départ, je croyais que sa princesse voulait me garder pour elle mais quand je vous ai vu, quel soulagement et quelle stupeur ! Je n’en croyais pas mes yeux de vous voir converser sans crainte avec ce vampire. »
« A l’avenir, prends gardes aux femmes trop belles, trop félines et trop raffinées, maries-toi car elles n’attaquent que les célibataires, proies plus faciles pour elles, et sois fidèle à Dieu, il sera ton seul protecteur contre leur espèce ! »
Le jeune homme acquiesça mais le père André n'était pas dupe. Il n'aurait que peu de répits avant de ne retourner chercher une nouvelle fois cet idiot dans l'antre du Diable.
Une fois le prêtre parti, Leudre se rua dans les appartements de sa sœur sans prendre la peine de frapper à la porte.
« Qui t’as permis d’entrer ?! »
« Comment vous portez-vous? Ce prêtre ne vous a rien fait, j’espère ? »
« Pourquoi te préoccupes-tu de moi Leudre ? »
« Vous êtes ma princesse et également sous ma protection…il est normal que je me fasse du soucis ! »
« Il ne m’a rien fait, ne t’inquiètes pas… il avait plutôt tout à craindre de moi. »
« Pourquoi lui avez-vous rendu la proie de Karith dans ce cas ? »
« Ce ne sont pas tes affaires ! »
Karith baissa la tête devant la colère de sa maîtresse, mais Leudre resta impassible. Il ne craignait pas sa sœur.
« Sors Karith, tu en trouveras un autre, sois sans crainte, il n’en manque pas dans cette ville… Quant à toi Leudre, laisse-moi aussi ! Sortez, je ne veux voir personne ! »

Une ombre timide rejoignit Leudre dans ses appartements. Le jeune rebelle, Vlad, s’avança devant son supérieur puis se courba en signe d’allégeance.
« Je crains que la présence de ce prêtre n’entrave mes projets Vlad, la princesse a agit bizarrement, elle lui a rendu l’humain au lieu de n’en faire qu’une bouchée ! Ce pourrait-il… ? »
« Leudre, souvenez-vous de la prophétie ! »
« Je ne cesse d’y penser ! Que crois-tu ! Mais je ne pensais pas qu'elle resterait si méfiante, elle a dans l'idée que notre système de passation de pouvoir est similaire à celui des humains ! Tu sais, la tradition bien française de primogéniture qui veut que le fils aîné, de préférence légitime, hérite du titre... »
« C'est bien ce pourquoi je me suis battu ! »
Leudre feula, ce qui fit taire son interlocuteur.
« Cet épisode que tu imagines si glorieux ne devrait pas te rendre si fier Vlad ! Au contraire ! Et elle ne doit pas en entendre parler ! Si elle apprenait que je suis doublement légitime alors je perdrais à jamais sa confiance...»
« Elle le saura tôt ou tard ! Qui ignore encore que vous tenez ce droit non seulement de votre père mais également de votre mère ! »
« Qu'importe ! Ces vieilles histoires de famille sont du passé ! Si les fantaisies de Donatien ont souvent conduit à la rupture avec nos traditions, certaines ont eu le mérite d'avoir du bon sens ! Je veux aussi suivre son exemple et construire un autre avenir pour notre clan...mais pour cela, il me faut la confiance de Lyscendre ! Pour l'heure, elle ne comprend pas pourquoi je ne cherche pas à lui reprendre sa place, qu'elle croit illégitime. Elle trouverait plus normal que je sois à couteaux tirés avec elle… finira t-elle par baisser les bras, à succomber à mon charme ? Vlad ? »
« Je ne peux l’approcher Leudre, elle ne me l’autorise pas et si ce n’est pas elle, son éminence grise le fait pour elle ! Alex me surveille sans cesse quand je suis dans le manoir. Cependant, je crains que le retour de ce prêtre avec le consentement de la princesse ne nous laisse un souvenir très désagréable. »
« Il l’attaquerait crois-tu ? »
« S’il veut la neutraliser, elle ne résistera pas à un pieu dans le cœur, même un humain en périrait ! »
« Veilles sur elle, de loin, et ne la lâches pas des yeux ! Quand à l’humain, j’en fais mon affaire ! »
« Vous ne pouvez rien faire contre ce prêtre, il n’y a qu’elle qui peut quelque chose, et elle ne le fera pas ! »
Leudre fixa ses beaux yeux gris, froids comme le métal, sur son acolyte.
« Elle s’éprend de lui c’est ça ? »
« Il n’y a pas besoin de mon pouvoir pour le comprendre Leudre ! Elle lui a sauvé la vie et lui a offert la proie de Karith ! Il est jeune et séduisant pour un humain, et je ne vous rappelle pas qu’elle est à demi-humaine ! Il se pourrait qu’il réussisse à faire partie de la prophétie ! »
Leudre tapa du poing sur la petite table d’appoint qu’il brisa.
« Non ! Il mourra avant ! »
Vlad ne dit rien de plus et sortit des appartements de son cousin.
Il n’avait pas tort de croire Lyscendre éprise du prêtre, bien malin aurait pu deviner les pensées impies qui se bousculaient dans la tête de la vampire tandis que sa part humaine se révoltait face à ces éventualités.
Elle brûlait de le revoir mais sa part humaine lui rappelait que si le père André était certes très séduisant, il n'en demeurait pas moins qu'il était surtout prêtre. Et que, à ce titre, jamais il ne céderait aux exigences de son moi vampire. De même qu'elle ne pouvait s'imaginer coucher avec un ecclésiastique, un homme qui avait renoncé à tous plaisirs charnels.
Lyscendre se sentit rougir. Des images très perturbantes venaient d'affluer dans son esprit et l'échauffaient par leur côté érotique. Le manque de pudeur de ces scènes imaginaires avaient de quoi la perturber tant elles semblaient réelles.
Se prenant la tête entre les mains, la princesse se mit à hurler avec l'espoir de nettoyer son esprit de ces images interdites. Cela devait être de famille de préférer les amours hors normes à la tradition. Maudit sang ! Maudit vampire ! Maudit prêtre !

Quelques jours plus tard, hantée par ces images qui la poursuivaient sans cesse, et n'en pouvant plus de désir, Lyscendre se laissa aller à suivre Karith pour trouver une proie.
Cette fois, la princesse prit le soin d’enchanter un homme pour elle. Son corps réclamait le plaisir charnel dont son esprit lui renvoyait l'image chaque moment du jour ou de la nuit.
Elle aurait pourtant dû se douter que sa libido, sevrée depuis sa folle nuit dans les bras d'Alex, n’avait plus son content d’amour et manipulait son esprit pour y remédier. Et, comme les vampires étaient soumis au besoin naturel de satisfaire leurs désirs le plus souvent possible, que ce soit avec un humain ou avec un de leurs semblables, sa nature exacerbait donc ses sens et ses passions d'où cette soudaine pulsion.
Néanmoins, même si les occasions n’avaient pas manqué au manoir, elle ne voulait céder à ses pulsions ni avec Alex, ni avec aucun autre vampire mâle. Bizarrement, elle ne voulait se compromettre qu'avec un humain.
L’homme qu’avait choisit Lyscendre ne manquait pas de charmes et la comblait d’avance de délices. Elle l'entraîna le plus rapidement possible jusqu'à ses appartements, telle une redoutable araignée. Mais elle eut la mauvaise surprise de découvrir Leudre dans sa chambre.
Elle siffla entre ses dents, les yeux flamboyants de colère. Puis, elle retrouva un sourire séducteur avant de s'approcher d'une démarche féline.
« Leudre, mon cher, veuillez nous laisser mon ami et moi, nous avons à discuter de certaines choses pour lesquelles votre présence serait...superflue »
Leudre allait répliquer lorsque Lyscendre se tourna vers un vase plein de fleurs magnifiques. Elle prit les fraîches orchidées et les tendit à son frère.
« C'est comme ces fleurs...elles sont fanées et deviennent inutiles ici... »
Leudre reçut sans un mot un tas de tiges rembrunies et sèches dans les bras.
La menace contenue était bien trop explicite pour être ignorée. La part vampirique de Lyscendre avait prit totalement le dessus. Elle était la femelle alpha des vampires dans toute sa grandeur et il était dangereux de lui résister maintenant.
Impuissant face aux ordres de celle qui était avant tout sa supérieure avant d'être sa sœur, Leudre recula à contrecœur en s'inclinant.
Brusquement, la princesse, impatiente, feula et projeta son frère vers la porte qui s’ouvrit au moment où il allait se fracasser sur elle. Quand celle-ci se referma sur lui, Lyscendre l’entendit frapper fermement contre la porte close.
« Lyscendre, ne laissez pas votre instinct prendre le pas sur votre esprit ! Résistez ! Il ne faut pas que vous vous compromettiez avec ce...cet homme ! »
La jeune vampire, sourde aux suppliques de Leudre, se tourna vers sa victime avec toute la séduction que lui conférait son pouvoir.
Si le pauvre homme avait retrouvé un peu de ces esprits pendant l’altercation entre Lyscendre et son frère, il n’en restait plus rien et demeurait prisonnier des yeux de sa dangereuse hôtesse.
Elle commençait tout juste à le déshabiller et commencer les préliminaires en le poussant sur le lit quand la porte s’ouvrit dans un fracas.
Lyscendre se retourna et feula en direction du père André.
« Résistez Lyscendre ! Votre demi-âme a le pouvoir de vous retenir ! Mais si vous la repoussez, vous finirez définitivement esclave de vos instincts ! »
La vampire feula de plus belle et éjecta le prêtre d'un seul regard. Ce dernier s'écroula contre le mur, mais, quoique sonné, sortit péniblement un croix de fer tenue cachée contre sa poitrine. Il n'était pas assez stupide pour savoir que cela ne suffirait pas à repousser la princesse, mais il espérait du moins que la croix toucherait la part vampire et l'affaiblirait afin de redonner l'avantage au côté humain de Lyscendre.
Il n'eut pas tort. D'abords, la princesse trembla entre les bras de sa proie puis feula une dernière fois faiblement en direction de l'ecclésiastique. Enfin, elle eut un dernier tremblement avant de reprendre définitivement ses esprits.
Elle n’en était pas moins furieuse.
« Père André ? Que faites-vous ici ? »
Lyscendre se retourna sur l’homme torse nu sous elle que lui désignait le prêtre et se retint de gémir de honte.
Dignement, elle se redressa et ne tourna même pas un regard vers sa victime quand elle lui ordonna d'une voix glaciale de se rhabiller.
L'inconnu, effrayé et perdu, s'exécuta en tremblant, non sans regarder tour à tour la vampire et le prêtre. Une fois décemment vêtu, il ignora les appels du père André et se précipita dans les couloirs en courant comme si tous les démons de l'enfer étaient à ses trousses. Ce qui n'était pas totalement faux, et, hélas, sa folle fuite vers la sortie du manoir n'eut pas de suite heureuse.
L'ecclésiastique entendit un long cri d'épouvante et ferma les yeux d'impuissance. Il pria pour le salut de l'âme du défunt et tourna les talons vers la funeste sortie.
« Mais où croyez-vous donc aller père André ? »
L'homme se retourna en fronçant les sourcils, la main déjà posée en prévention sur la croix rangée à sa ceinture tel un colt.
« Je pars, ne le voyez-vous pas ? »
La princesse hocha négativement la tête tandis qu'elle se levait et s’approchait du prélat. Avec une douceur dangereuse, elle riva ses yeux aux siens.
« Je vous avais pourtant prévenu père André ! »
Elle repoussa sa main qui tenait la croix de fer et s’accrocha à son cou.
« Tu vas payer ta dette prêtre ! Tu as péché en rompant ta promesse ! »
Le père André détacha les bras qui le tenaient prisonnier et la repoussa gentiment.
« Mais je ne vous ai rien promis Lyscendre… »
Un moment ébahie, la jeune princesse se reprit et ria à gorge déployée.
«Soit, vous avez été plus malin que moi, père André ! Je m’avoue vaincue… pour l’instant... Mais pourquoi n’ais-je donc pas été informée de votre venue ? »
Ses yeux pervenche firent le tour de la chambre où s'étaient réunis quelques vampires courageux et soucieux de défendre leur princesse.
«Vous avez dû sûrement ordonner que l’on ne vous dérange pas. Mais je cours vite et ma foi a écarté les obstacles ! »
Lyscendre fronça les sourcils puis, finalement, abandonna son air préoccupé bien vite. Son adorable ennemi était devant elle et elle n’aurait voulu le laisser partir pour rien au monde.
«Vous êtes mon prisonnier père André, je ne vous laisserais plus partir… »
Son ton aux accents étranges qu'il ne lui avait jamais entendu rendit le bel ecclésiastique nerveux. Sa compagne ne souriait plus et il commençait à craindre pour sa vie.
Il pensa avoir un aperçu du redoutable pouvoir séducteur de Lyscendre car il se sentait incapable d'effectuer le moindre geste. Il était hypnotisé, immobile, figé comme si cette fine tarentule lui avait injecté un venin paralysant.
Mais, contre toute attente, elle se suspendit à son cou et l’embrassa doucement, naturellement, d’un simple baiser d’humaine amoureuse.
Il en resta coi, et ne fit rien pour l’en empêcher, impuissant devant cet amour qu’il partageait malgré lui. Les faiblesses humaines le prenaient en traître, et avec une créature impie qui plus est. Le jeune homme eut beau faire appel à toute sa volonté, il ne restait plus rien du prêtre incorruptible qu'il avait été.
Un feulement interrompit cet échange, Lyscendre fixa le gêneur avec une lueur narquoise dans le regard.
Le prêtre se retourna et découvrit le séduisant Leudre qu'une colère froide rendait raide comme un piquet.
« Vous pouvez relâcher ce déchet humain, princesse, je m’en occupe maintenant. »
Les deux êtres se jaugèrent sans un mot. Ils étaient déjà deux ennemis héréditaires de par leur nature de prêtre et de vampire mais ils le devinrent plus sérieusement de par leur nouveau statut de rivaux.
Imperceptiblement, le père André sentait que Leudre lui dévoilait ses véritables sentiments. Et, à son grand dam, son instinct primitif de mâle ne le tolérait pas.
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Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Empty
MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeLun 8 Mar - 0:44

Lyscendre relâcha son étreinte et s'éloigna du père André pour mieux s'avancer vers son frère. Les autres vampires, sentant que l'histoire s'achevait là pour le prélat préférèrent partir pour laisser leur congénère profiter de la mise à mort.

Leudre se permit alors de sourire victorieusement à la face du prêtre.

« Leudre… »

Aussitôt, la voix caressante de sa sœur mit le vampire sur ses gardes. Les précédents événements lui avaient montré qu'elle n'employait ce ton que lorsque son côté princesse avait prit le dessus.

Le prêtre vit, avec une sensation de soulagement et d'immorale satisfaction, le sourire de son rival s’effacer progressivement.

Lyscendre avança une main sur la poitrine de son frère avec une douceur suspecte mais sensuellement troublante. Puis, continuant de lui parler avec une voix de miel et de l'électrifier par ses caresses, elle le poussa doucement mais résolument vers la sortie. Une fois sur le pas de la porte, elle lui tint le menton et approcha ses lèvres. Leudre et le père André retinrent leur souffle. Mais la princesse les surprit en continuant l'approche de sa bouche vers...l'oreille de son demi-frère où elle lui susurra sensuellement :

« Allez, tu me laisses faire Leudre, je m’en charge, vas donc t’occuper de mon ami humain, je l’ai abandonné le pauvre, il doit avoir besoin d'aide, vas voir… et ne revient pas ! »

Elle lui referma la porte au nez et ferma à clef, avant de se retourner sur le jeune homme ébahi.

« Où en étions-nous prêtre ? »

« Je ne vous ai pas empêché de commettre un pêché pour en perpétrer un autre avec vous Lyscendre ! »

« Ne discutez pas tant, vous m’ennuyez, asseyez-vous. »

Elle indiqua le sofa et disparut derrière son paravent.

« Je vous avais prévenu de ne pas revenir si ce n’est pour me demander autre chose ! En attendant, racontez-moi...comment êtes-vous devenu le stupide pantin de Dieu que vous êtes aujourd’hui ? »

Le prélat eut un regard voilé à ce souvenir.

« C’est une triste histoire...c'est...ce n'était pas ma vocation au départ... »

« Ça ne l'est toujours pas de mon point de vue ! »

« Ce n'est que la conséquence d'un événement regrettable. »

« Ah oui ? Et qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ? »

« La mort de ma fiancée… »

Lyscendre apparut au même moment dans un envol de soie. La subtile lumière du feu de cheminée transcendait sa délicate silhouette, dévoilée impudiquement par une tunique asiatique aux motifs raffinés. Elle ne paraissait pas surprise par l'aveu du père André et alla s'asseoir nonchalamment à côté de son invité.

« Continuez ! »

Lyscendre cachait mal l'accent de curiosité derrière son hautain détachement. Étrangement, le père André sentait qu'il pouvait se dévoiler en toute confiance. Il se sentait connecté à la vampire par un lien indescriptible comme seuls des âmes-sœurs pouvaient avoir.

« Je m’appelle en réalité Andréï, Andréï Vasilievitch Rozanov je viens de Biélorussie où je devais me marier avec la plus jolie fille de la terre : Ivana. Mais, avant notre mariage, un de vos semblables l’a tué. Il l’avait séduite sans peine et avait pris jusqu’à la dernière goutte de son sang. Ma fureur était telle, que j’ai juré de la venger. Les vôtres devaient payer. »

Lyscendre était impressionnée par le manque de rancœur dans la voix, elle pensa ne jamais être capable de l’imiter en pareil cas.

« Alors je me suis consacré à la prêtrise, mais j'ai appris progressivement que j'y étais entré pour la mauvaise raison, l’idée de vengeance s’est peu à peu évanouie au fur et à mesure de mon apprentissage, je devais pardonner… »

« A l’image de votre maître… »

Le ton narquois n’arrêta pas le jeune homme.

« Je me consacre désormais à sauver vos pauvres victimes avant leur fatal sacrifice. »

« Amusant...mais de nos jours, le nombre des victimes est en chute libre, le sang donné par les humains nous évite de les tuer. »

« Sauf quand ils servent de petites friandises. »

Lyscendre éclata de rire au rappel de son propre qualificatif.

« En général, il ne s'agit que d'inutiles idiots mais soit, je l’admets, nos pulsions sont trop fortes...je... j’ai moi-même été prise au dépourvue lorsque ma part vampirique a prit le dessus...c’est si fort ! C’est comme s’empêcher de respirer ! »

Andréï hocha la tête, conciliant.

« Je comprends et vous pardonne Lyscendre, mais vous avez le pouvoir et le devoir de résister. »

Le regard sincère du prêtre piqua la fierté de la princesse qui crut à de la pitié.

« Je n’ai que faire de ton pardon père André ! »

« Ne soyez pas stupide ! J'ai bien vu que vous en aviez besoin… »

Les narines dilatées par la colère, Lyscendre se leva du sofa et pointa son poing face à son interlocuteur.

« Tu te crois indispensable ? Je peux me passer de toi, d’autant plus est que tu es perdu pour n’importe quelle femme ou vampire femelle ! Tu n’es qu’un minable petit prêtre ! »

Andréï se mit à sourire, d’un sourire simple mais charmeur. Lyscendre se perdit dans le violet de ses yeux slaves et il l’acheva d’une parole amie.

« Je te fais confiance Lyscendre, parce que je crois qu’il n’existe pas un vampire qui te ressemble… »

Il venait de se passer quelque chose d'unique. Au delà d'un accord entre deux êtres que tout séparait, deux âmes venaient d'être liée à jamais. Ebranlée, la princesse resta un moment muette avant de répliquer avec arrogance en levant le menton.

« … évidemment… je suis unique… »

Le prêtre prit la main froide de sa protégée dans la sienne et y posa un baiser plein de ferveur. Le sourire amer de Lyscendre contrasta avec le sourire confiant d'Andréï.

« Tu vas t’en brûler l’auréole prêtre… »

« A Dieu Vat ! Si je peux te sauver de ta demie-part damnée ! »



Le jeune homme lâcha la main de Lyscendre et se leva à son tour du sofa, paisiblement. Il se dirigea ensuite, sans crainte, vers l'entrée.

Tandis qu'il approchait sa main de la poignée, la porte s’ouvrit toute seule devant lui. Alors, il s’en alla sans être inquiété et eut l'heureuse surprise de retrouver plus loin la victime de Lyscendre évanouie sur le porche.

Il se doutait que celle de Karith avait succombée mais il était trop tard et ce n’était pas l’âme de cette vampire qu’il comptait récupérer. Un seul être, à ses yeux, méritait d'être sauvé et ce n’était pas Karith.

Traînant la victime encore pâle sur son épaule, le jeune prêtre avança jusqu'à la voiture qui l'attendait. Après un ultime regard vers le manoir, Andréï s'engouffra aux côtés du miraculé dans le véhicule qui s'éloigna lentement vers la grille d'entrée.

Leudre continua d’observer longtemps la voiture qui emportait son rival au loin. Il prit conscience que cet homme représentait désormais une menace pour les vampires, notamment, pour lui-même. Sa demi-sœur se montrait faible face à ce prêtre et il ne fallait pas qu’elle succombe à ses charmes sous peine d’être perdue pour eux.

Cette éventualité le fit feuler de ressentiment.

Ses pensées se tournèrent ensuite vers Lyscendre. Son petit numéro de tout à l'heure l'avait fait frémir.

Si elle n'avait refroidit ses attentes, sûr qu'ils seraient en ce moment même en train de partager bien plus qu'une caresse. Il se serait littéralement jeté sur elle sous les yeux de l'humain.

Pourtant, en qualité de vampire supérieur, le pouvoir charmeur de Lyscendre ne lui faisait pas trop d’effets. Leudre savait quand et sur qui elle en usait ; ainsi il sentait qu’elle ne l'employait pas du tout pour lui, bien au contraire.

Elle avait donc trop de séduction. Et il sentait qu’il pourrait pousser ses sentiments beaucoup plus loin pour peu qu'elle le veuille bien.

Le séduisant vampire se mit à sourire des réticences de sa sœur vis à vis de lui. Elle était partagée entre la confiance et la méfiance due à leur fraternité.

Il décida pour cela d’aller la voir afin d'en discuter. Elle devait absolument baisser sa garde et pour cela comprendre une fois pour toute qu’elle était leur seule et légitime princesse. Il ne chercherait jamais à la détrôner.

Leudre s'arrêta en chemin. Dans son enthousiasme, il en avait oublié la défiance qu'elle éprouvait envers lui ; jamais, elle n'y croirait si la vérité venait de lui.

Le vampire se mit alors à la recherche d’Alex. Il était le seul qu'elle pourrait croire et qui pourrait l’aider à se disculper auprès de sa princesse de sœur. Il reconnut bientôt la silhouette du séduisant vampire blond flânant dans un salon.

Pendant ce temps, Lyscendre sirotait un verre de sang fraîchement décongelé. Elle plissa les lèvres de dégoût avant de jeter son verre dans l’âtre.

« Maudit prêtre ! Arno ! »

La porte s’ouvrit immédiatement sur le vampire courbé en deux gracieusement.

« Ma princesse ? »

« Trouves-moi quelque chose de meilleur que ce sang congelé, il est froid et manque de vie ! »

Visiblement, Lyscendre regrettait d'avoir cédé sa victime au prêtre. Cela fit discrètement sourire le vampire qui se courba néanmoins avec humilité. Il revint quelques minutes plus tard avec un verre contenant un liquide rouge bordeaux.

A première vue, Lyscendre aurait dit qu'il s'agissait de jus de tomate mais ses lèvres ressentirent une chaleur étrange à son contact. Son palais se fit sensible pour le goût délicieux du breuvage et la vampire poussa une exclamation de plaisir.

« Qu’est-ce donc ? »

« Du sang tout ce qu’il y a de plus frais, il vient de la proie de Karith, il lui en restait un peu. »

Lyscendre fut partagée entre un sentiment de satisfaction et de culpabilité, comme une enfant qui découvre le plaisir de manger un bonbon volé.

« Désormais Arno, je te charge de m’approvisionner en sang frais, le prêtre ne me laissera pas de répit si je m’en occupe moi-même. »

Une voix douce s'éleva derrière eux.

« Pourquoi craindre cet homme quand vous demeurez la plus puissante de toutes les vampires ? »

« Je ne te dois pas d’explications Alex… »

«Vous avez raison princesse, pardonnez-moi. »

Lyscendre fit signe à Arno qu'il pouvait disposer. Ce dernier la salua et referma la porte derrière lui, laissant ses deux congénères en tête à tête. Voyant qu'Alex ne partait toujours pas, la vampire se tourna sèchement vers lui.

« Que veux-tu encore ? »

« C’est que j’ai peur de vous déplaire… »

« Parles. »

« Je sais que vous vous méfiez de votre frère et que cela vous trouble, mais vous devez comprendre que quoi qu’il fasse, vous êtes notre seule souveraine ! »

Devant la moue dubitative de la princesse, Alex enchaîna.

« L’hérédité chez les vampires ne fonctionne pas comme chez les humains...si cela avait été le cas, alors, Félira, la mère de Leudre, aurait dû logiquement être princesse à la place de Donatien ! »

« Félira ? Qui était-ce ? »

« Elle est l'unique fille de Ronald, le frère aîné de Donatien, mais ce dernier n'avait pas hérité du titre de l'ancien prince Peter alors... »

« Attends une seconde ! Si je comprends bien, mon père s'est marié avec sa nièce ?! »

« On ne se marie pas chez les vampires...nous pouvons vivre en concubinage si on est attaché à une personne en particulier... »

« Ne changes pas de sujet ! »

«Tel n'était pas mon intention, princesse, mais pour répondre à votre question, et bien oui, c'est exact... »

Lyscendre retint sa grimace de dégoût mais Alex ne fut pas dupe. Il aurait donné cher pour que la part vampirique de la princesse eut prit le dessus pendant leur entretien. Elle aurait ainsi tout de suite su que les liens du « sang » n'existaient pas au sein de leur clan.

Brusquement, Lyscendre sursauta en poussant une exclamation.

« Oh ! Mais attends ! Alors...mais alors...Leudre est le fils d'une princesse même si cette dernière s'est faite détrônée par son oncle et compagnon ! Ce qui fait de lui un double héritier ! »

« Certes, d'un point de vue humain, cela faisait de votre frère, le prince dans tout les cas ! »

« Notre conception est étrange, pourquoi ne pas avoir fait de Leudre, le prince naturel ? Cela aurait permit de retrouver la légitimité du sang ! Mais ce n'est pas le cas ! Pourquoi ?! »

« Donatien l'a voulu ainsi...il vous a désigné comme son héritière. Il a dût penser qu'il serait amusant de rompre pour une fois avec la tradition viciée de la vieille famille princière qui n’accepte que des vampires de sang pur ! Mais même si Leudre est votre aîné et que Donatien est mort avant d’avoir pu vous connaître, il savait qu'il lui naîtrait un enfant d'Isabelle et l'a choisi pour lui succéder...vous êtes donc sa légitime héritière aux yeux du clan. De même que si vous décidiez de choisir un héritier qui ne soit pas de votre lignée, il vous succéderait sans que vos enfants ne s’en offusquent. C'est notre loi ! »

Alex se tut et vit Lyscendre le regarder fixement. La princesse n'avait plus dit un mot depuis le début des explications. Elle avait apprit pas mal de choses. Des secrets familiaux plutôt étranges, mais aussi, et surtout, le lien étroit qui unissait Leudre à elle. Le vampire blond eut alors une parole de trop pour justifier sa démarche.

« Je voulais prendre le risque de vous déplaire en vous parlant de cela afin de vous ôter cette souffrance que vous ressentiez à chaque fois que vos yeux se posaient sur votre frère… »

La jeune vampire plissa les yeux.

« … Tu es bien trop convaincant…est-ce vraiment de ton initiative cette mise au point ? … Non, hein ? Je sens encore la main de mon cher frère derrière cela. »

« Il est vrai que Leudre n’est pas étranger à cet éclaircissement, princesse, mais ce que je vous ai révélé est vrai, seulement si je ne vous l’ai pas dit plus tôt c'est parce que j’ignorais que cela vous préoccupait à ce point… Leudre m’a dit… »

A ces mots, la vampire se redressa comme un ressort et jeta un regard terrible sur son fidèle conseiller.

« Que t’a t-il dit ? »

« Il m’a dit que vous aviez peur qu’il ne prenne votre place, or c’est faux et je me devais de vous rassurer… »

« Bien joué Leudre ! Évidement Alex, mon pauvre Alex, tu t’es laissé manipuler ! »



Le vampire étudia sa maîtresse avec circonspection, il ne voulait pas tomber en disgrâce en insistant, il tenait trop à sa place, aussi courba t-il la tête avec humilité et sortit de la chambre princière.

Lyscendre resta seule avec son verre de sang chaud et frais dans la main. Elle ne pensait plus au charmant Andréï. Ses pensées se tournaient entièrement vers son frère qu’elle sentait approcher tout à coup.

Quelle présence tout de même ! Il n'y avait vraiment que lui pour avoir cette aura si puissante, comparable à la sienne. Une aura princière à vrai dire. Ce qui n'était guère étonnant compte tenu du sang prestigieux qu'il avait hérité !

Elle alla s’asseoir sur son sofa face au feu pour l'attendre, ne doutant pas de sa venue. Et en effet, bientôt Leudre entra et referma la porte derrière lui avec un sourire.

« Vous m’attendiez ? »

« Après la petite comédie que tu as fais jouer au pauvre Alex, je me suis dis que tu finirais par te déplacer toi-même pour faire ton propre plaidoyer. N’avais-je pas raison ? »

« Je souhaiterais plus que tout que nos rapports s’améliorent et pour cela je veux que vous cessiez de vous montrer hostile envers moi Lyscendre, que vous sachiez que je ne vous ferais jamais de mal ! J'obéis au code de notre clan ! Donatien vous a choisi, je m’incline et loue mon père d’avoir engendré une héritière aussi digne de son titre… vous êtes ma princesse avant d’être ma sœur…je vous respecterai à ce titre comme le font les nôtres ! »

« Tu veux, tu veux, moi aussi je veux des choses ! »

Leudre devint tout à coup très sérieux. Il posa un genou à terre et inclina la tête devant une princesse toute troublée.

« Que voulez-vous ma princesse ? Ordonnez et vous l'aurez ! Je m'y engage ! »

Lyscendre fut encore plus désarçonnée par le ton soumis et fervent qu’avait prit son frère. Elle se redressa et d’un ton de défi, s’exclama :

« Ce prêtre, le père André, c’est lui que je veux ! Je le veux dans mon lit ! »

Rien n'aurait pu préparer Lyscendre à ce qui s'ensuivit. Leudre releva la tête mais il avait un regard effrayant. Ses pupilles s'étaient étrécies et ressemblaient maintenant à celles d'un prédateur extrêmement dangereux.

Si elle n'avait été sa supérieure, Lyscendre aurait pu craindre pour sa vie. Vu dans lequel il était, elle s'abstint de tout commentaire, consciente qu'il valait mieux arrêter de le provoquer. Avec un calme angoissant, Leudre se releva et inclina la tête, un sourire mauvais collé aux lèvres.

« Vous l'aurez ! Vif...ou MORT ! »

Puis il disparut dans un souffle, laissant comme seul souvenir de son passage une porte brisée.

Lyscendre en resta stupide quelques secondes. L’émoi de son frère l’avait prise au dépourvu car elle ne s’attendait pas à ce qu’il la prit au sérieux. Ses sentiments ne pouvaient être aussi forts !

Elle eut à peine le temps de courir à sa fenêtre pour y voir la silhouette de son frère sortir du manoir avec une rapidité incroyable. Désormais, elle ne le sous-estimerait plus autant. Quelque peu inquiète pour Andréï, elle ouvrit sa fenêtre et interpella Leudre.

« Qu'as-tu voulu dire par là Leudre !? »

« Rien sinon que je vais vous chercher ce que vous m'avez réclamé, princesse, or comme cet humain est prêtre et qu’il ne vous accordera jamais ce que vous attendez de lui, je ne pourrais donc que vous rapporter sa dépouille ! »

Lyscendre sursauta devant le calme chargé de haine de son frère. Fronçant ses sourcils délicats, elle leva le menton en prenant un ton hautain.

« Tu désobéis à mes ordres Leudre ! J’ai ordonné qu’on le laisse aller et venir dans cette maison sans être inquiété ! Entends-tu ? »

« J’entends ! Mais j’entends aussi vous prouver ma bonne foi et vous offrir ce que vous m'avez demandé ! Ainsi vous aurez bientôt son cadavre dans votre lit, princesse ! »

Lyscendre perdit patience et brandit son poing, menaçant le vampire qui ne l'écoutait plus.

« Reviens ici immédiatement Leudre ! Je te l’ordonne ! »

Trop tard, le véhicule du vampire s'ébranlait déjà dans un crissement de pneu vers la grille d'entrée. Lyscendre en feula de dépit et appela sèchement Alex.

« Je veux que l’on retrouve mon prêtre avant Leudre, Alex ! Que tous les nôtres se mettent à sa recherche, que l’on me ramène ici le père André ! » puis se souvenant de son erreur avec Leudre, elle ajouta : « je le veux ici vivant ! »

« Il en sera fait selon vos désirs, princesse. »

Mais Lyscendre ne comptait pas rester sans rien faire non plus. Elle n'avait vraiment confiance qu'en elle. Ses sujets pouvaient très bien adhérer à l'initiative de Leudre. La princesse savait que ses semblables n'aimaient pas trop voir d'humain rôder dans son entourage et encore moins un prêtre. Aussitôt, elle arracha le combiné de son téléphone à l’ancienne et composa fébrilement le numéro de son amie Charlotte.

« Charlotte… »

« Lyscendre ? Tu as vu l’heure qu’il est ? Qu’est-ce qui se passe ? »

« Désolé, je n’ai pas le temps de tout t’expliquer, il faut que tu me dises où trouver ce prêtre que j’ai vu la dernière fois au salon ! »

« Quoi ?! Un prêtre ?! Et c’est pour ça que tu me réveilles ! Tu plaisantes ou quoi ? Qu’as-tu besoin d’un prêtre ? Tu veux te confesser Lily ? »

« Charlotte ! »

« Oui ! Bon, bon, c’est le séduisant père André que tu veux voir ? »

« Oui ! Oui, c’est lui ! »

« Il vient tous les mercredi pour discuter avec une certaine Mme Varanshka. »

« Sais-tu où on peut le trouver d’ordinaire ? »

« Et bien, à l’église Lyscendre… »

« C’est important Charlotte, je te raconterais plus tard mais c’est une question de vie ou de mort ! »

« Quoi ? Euh…je crois que c’est l’église de la Madeleine, mais Lyscendre… ! »

« Merci Charlotte ! »

Lyscendre raccrocha brutalement et se rua dans les couloirs. Les vampires qui étaient restés dans le manoir se collèrent contre les murs en la voyant accourir, mais ils n'eurent même pas le temps de s'incliner qu'elle était déjà dans sa Porsche et démarrait en trombe en direction de la capitale.

Elle arriva à Paris en quelques minutes, remerciant le ciel qu’il n’y ait pas eu de bouchon cette nuit.

La magnifique église de la Madeleine aux allures de temple grec se dressait devant elle, illuminée par l'éclat des réverbères.

« Au moins est-il protégé au sein de cette enceinte sacrée, Leudre ne pourra entrer ici. »

Ayant retrouvé son calme, elle put se concentrer et protéger sa nature de vampire derrière sa part humaine afin de pénétrer dans l'édifice.

Elle fit le tour du lieu saint jusqu’à ce qu'elle tombe sur la petite porte du presbytère. Un frisson la prit en traître. Mais elle demeura hermétique aux multiples sentiments qui pourraient la surprendre, son côté humain remplissait son office à merveille. Au bout d'un moment, un prêtre vint lui ouvrir en robe de chambre et l’air endormi.

« Pardonnez-moi mon père mais je dois absolument voir le père André ! »

Le prélat cligna des yeux face à cette beauté en tenue pour le moins étrange qui venait de le réveiller.

« Le père André n’est pas ici ma fille, il loge dans un congrégation un peu plus loin. »

« Vous pouvez m'en donner l’adresse ? »

L’homme étudia la jeune femme devant lui. Elle semblait inquiète et très impatiente. Au vue de sa tenue asiatique pour le moins indécente, il la prit pour une fille de la nuit qui avait besoin de se confesser.

« Si c’est pour une confession, cela peut attendre demain matin ma fille… »

« Ce n’est pas pour une confession, c’est une question de vie ou de mort mon père ! Donnez-moi cette adresse je vous en supplie ! »

Le prêtre remarqua l’accent

« Bien entendu, attendez un instant... »

« Merci ! »

Le prélat lui donna entre deux bâillements l’adresse sur un bout de papier et s'en retourna se coucher.

Lyscendre lut le nom du lieu indiqué en retrouvant espoir. Leudre ne pouvait entrer dans un endroit sacré et il ne savait même pas dans laquelle il devait chercher. Ainsi il ne saurait pas qu'Andréï demeurait chez les religieux de Saint-Vincent de Paul dans le 15e.

Soudain, un éclair traversa son esprit, et si Leudre ne cherchait pas ? S’il attendait simplement, tel un prédateur, que sa proie vienne à lui.

D'un coup, elle se retourna et chercha à son frère aux alentours. Elle mit tous ses sens en éveil et scruta les rues encore traversées par quelques badauds noctambules. Au bout d'un moment, elle sentit qu’il n’était pas loin.

Elle feula de fureur.

Il était temps ! Encore un peu et elle le menait directement à Andréï. Aussitôt, elle bifurqua et se précipita à l’opposé de la congrégation.

Elle vit que l’ombre la suivait de loin, alors elle eut l'idée de prendre son portable.

« Allô ! Alex ? Je sais où il se trouve, rendez-vous vite à la congrégation des fils de la charité dans le 10e et attendez-le dehors, il ne devrait pas tarder à sortir ! »

Lyscendre avait dit le premier nom qui lui passait par la tête mais elle savait que cet institut existait pour y être passé devant plusieurs fois. Elle se retourna à temps pour apercevoir son frère courir dans la direction qu’elle avait indiquée. Elle souffla de soulagement et finit par retourner sur ses pas, Andréï allait avoir une sacrée surprise en la voyant.
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bluemely

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Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Empty
MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeVen 12 Mar - 3:16

« Andréï ! Andréï ! Père André !! »

« Lyscendre ? Mais que fais-tu là ? »

« Suis-moi si tu tiens à la vie. »

« C’est une menace ? »

« Oui, mais elle ne vient pas de moi ! Allez ! Je n’ai pas le temps de t’expliquer ! Suis-moi, c'est tout ! Nous allons au manoir, tu y seras en sécurité. »

Le jeune homme hésita, mais le suppliant regard bleu de sa compagne finit par le convaincre. On ne pouvait rien refuser à un tel éclat de sincérité. D'autant plus qu'elle ne semblait vraiment pas rassurée et restait constamment sur ses gardes.

Qu'est-ce qui pouvait bien se passer pour mettre la princesse des vampires autant sur le qui-vive ?

Lyscendre lui empoigna brusquement le bras et se mit à courir.

Elle l’emmena jusqu’à sa voiture et l’invita à y monter toujours sans un mot d'explication.

Au bout d'un moment, à force de l'étudier en biais, Andréï se rendit compte combien la princesse demeurait nerveuse. Elle serrait les lèvres et transpirait du sang !

Une fine goutte perlait sur sa tempe droite. Lentement, cette dernière fila le long de sa joue avant de tomber sur son épaule et disparaître dans le fond de sa gorge. Le regard troublé du jeune homme revint à la route et il s'agonisa de prières afin de ne plus repenser à tout l'érotisme de cette scène.

Une demi-heure plus tard, ils étaient arrivés. Lyscendre ne desserrait toujours pas les dents.

La jeune vampire extirpa ensuite son ami de la voiture et le poussa sans ménagement dans le manoir déserté. Elle ne s'autorisa à souffler qu'une fois la porte de ses appartements refermée derrière eux.

Se cachant les yeux avec sa main, la princesse s'affala sur son sofa et finit par tourner la tête vers son protégé. Ce dernier n'avait pas bougé et se tenait très droit, au centre de la pièce, les bras croisés. Il n'était pas vraiment en colère mais on pouvait sentir son agacement. En fait, il voulait surtout une explication.

Le dos de la main toujours collée contre son front, Lyscendre esquissa un sourire d'excuse.

« Leudre est après toi. »

Cette unique phrase résumait tout mais Andréï voulait en savoir plus.

« Ton frère ? »

« Je crains que ce ne soit ma faute père André. »

Lyscendre de mordit la lèvre et referma les yeux.

« Allons princesse… »

La vampire ne lui laissa pas le temps de finir. Le désir et la peur de le perdre l'avait rendue follement impatiente. Tout le long du chemin, elle s'était retenue de se jeter sur lui. Désormais, plus rien ne pouvait l'en empêcher. Elle s’élança au devant de lui et s’accrocha à son cou.

« Je ne peux plus résister ! C’est trop fort ! J’en mourais si je n’obtiens pas ce que je désire ! »

Tout en parlant, elle parsemait la poitrine et le cou du jeune slave de baisers brûlants et passionnés, caressant au passage ses épaules d’une main possessive.

Le jeune prêtre se retint de gémir de plaisir et de dépit.

Il tenta mollement de l’écarter mais Lyscendre le contra en le poussant vers le divan. Quand il fut renversé sur le sofa, elle se lova contre lui, non sans cesser d’user de son charme.

Elle leva des yeux fiévreux sur le visage confus du jeune homme et ceux-ci s’assombrirent devant la perspective du plaisir que lui donnerait ce singulier amant.

Écartant une mèche des cheveux d'Andréï, elle descendit lentement ses lèvres vers les siennes tout en fermant les yeux.

Quand sa bouche atteignit celle d'Andréï, instinctivement, ses doigts se portèrent vers les boutons de la chemise du prêtre et ses mains enlevèrent habilement les habits de ce dernier.

Andréï se détacha soudainement de la princesse, essayant de parler tout en retrouvant son souffle.

« Nous allons le regretter… C’est mal… Dieu… »

« Dieu l’a voulu ainsi ! Si tu veux me sauver Andréï, c’est maintenant ou jamais, il n'y a pas d'autre moyen ! Fais-moi me sentir humaine pour que je gagne le paradis ! »

Comme hypnotisé par les paroles fiévreuses de sa compagne, Andréï abandonna ses réserves. D’une main experte, il dépouilla Lyscendre de sa magnifique robe noire, se délectant des gémissements de cette dernière.

Le beau collier de perles noires sauta de son cou et alla rejoindre le tas de tissu qui traînait par terre tandis que le jeune homme embrassait Lyscendre le long de sa gorge d'albâtre.

Il posa enfin ses doigts fins sur sa peau lisse et douce, rendue tiède par le feu de cheminée, et effectua un doux massage qui acheva de rendre folle sa partenaire.

Tout en l’attirant à lui, le jeune homme s’extasia une dernière fois sur la beauté de Lyscendre avant de sombrer dans l'ivresse du pêché.

Ils se donnèrent l’un à l’autre dans une parfaite harmonie, sans rien regretter, ni l'un, ni l'autre.

Au cours de la nuit, la belle vampire contempla son amant avec de la douceur dans le regard.

Andréï n’avait plus rien d'un prêtre, il avait franchit la ligne rouge. Mais aux yeux de la princesse, il n'avait pas perdu de son charme, bien au contraire. Il conservait toujours un délicat parfum d'interdit puisqu'il n'avait pas été approuvé par son clan.

Étrangement, elle n'éprouvait pas l'envie de le transformer en vampire pour avoir leur accord. Même si la perspective de l'avoir à ses côtés pour l'éternité n'était pas pour lui déplaire, elle conservait une certaine appréhension à user de sa demie-part vampire sur un humain. Comme si cela signifiait le point de non-retour pour elle.

Était-elle réellement prête à offrir l'immortalité maudite à celui qu'elle aimait ?

Andréï s'éveilla à demi et la trouva ainsi, le regard perdu, appuyée sur son coude, à le contempler. Sans bouger plus que son bras, il enlaça sa compagne et sombra de nouveau dans les limbes du sommeil.

Ce fut ainsi enlacés que Karith les trouva alors que la nuit s’achevait. Elle avait voulu prévenir sa maîtresse de la disparition du prêtre mais ce fut elle la plus surprise. Elle ne s'attendait pas du tout à le voir là. Elle se retira alors avec soumission sous le regard amusé de la princesse.



L’aube faisait pâlir l’horizon qui virait lentement de l'indigo à l'orangé. Les vampires se réfugièrent, chacun selon leurs rangs, dans leur cave. Certains coulèrent au passage des regards désolés à Leudre qui restait devant la chambre de la princesse en ruminant sur ses erreurs. En voulant écarter son rival, il l'avait jeté lui-même dans les bras de Lyscendre.

Finalement, Alex arriva et insista pour qu’il aille, au moins, se cacher des rayons meurtriers dans la crypte.

« Il est trop tard maintenant et tu ferais mieux de ne pas rester au cas où le prêtre sortirait, les rideaux ne sont pas tirés d’après Karith... »

« Qu’est ce que cela peut m’importer de finir brûlé vif quand je sais qu’il est derrière cette porte avec elle et que moi… »

Ses poings se serrèrent de rage et d’impuissance. Il tendit la main sur le bois de la porte, seul rempart qui les séparaient de lui, et la caressa avant d’abandonner la place, l'air abattu. En partant, il ne put qu'exprimer son dépit par une simple phrase.

« Maudit sois-tu prêtre ! »

Andréï, qui n'était pas loin de penser qu'il valait mieux être maudit dans les bras d'une telle créature que bénit et célibataire, contempla la belle princesse avec un sentiment mêlé de contentement et de crainte.

La joue pâle de Lyscendre reprenait déjà la teinte rosée des humains, mais tout en elle conservait les marques de sa nature redoutable. Il lui lissa du doigt ses lèvres rouges et découvrit les petites canines blanches qui pointaient. Il frissonna malgré lui et un chuchotement lui échappa.

« Qu'aies-je fait ? »

Lyscendre gémit dans son sommeil, puis murmura des mots intelligibles. Le jeune homme se pencha alors sur elle pour les discerner et ne put s’empêcher, tandis qu'il se tenait face à elle, de l’embrasser encore malgré ses remords.

Il l’éveilla fatalement. Lyscendre s'étira avec une grâce féline et se lova contre Andréï avec la ferme intention de recommencer au grand jour leur petit jeu nocturne. Le jeune homme, qui contemplait sa maîtresse tout sourire sous l'éclat d'un soleil rayonnant, en oublia sa réelle nature et la maintint contre lui comme s'il craignait qu'elle ne disparaisse. Oubliées ses réticences, oubliée son humanité, oubliée sa dignité de prêtre, il était homme et il était amoureux.

Lyscendre gloussa et dans un envol de drap, elle les enferma dans le cocon soyeux de leur lit afin que reprennent enfin les choses sérieuses.

Le soleil trônait déjà bien haut dans le ciel et pas un bruit ne filtrait dans le manoir. Andréï se rappela soudain que Leudre, le frère de Lyscendre, demeurait ici et qu'il était toujours son ennemi.

« Où sont les tiens ? »

« Ils ont besoin de dormir eux aussi… pourquoi ? »

« Ce silence m’inquiète et me rend nerveux. »

Lyscendre planta ses yeux bleus insondables dans ceux d’Andréï. Puis son rire ensorcelant brisa le calme ambiant. Elle se leva gracieusement complètement nue et s’approcha des fenêtres immenses d’où l’éclat de la lumière transparaissait et l’entourait d’une aura particulière.

« J’ai l’impression d’avoir profané un être sacré. »

« Cela ne correspond pas à ce que tu devrais penser, il n’y a qu’un seul Dieu, renies les idoles… »

« Tu te moques mais j’ai le sentiment que mon acte aura des répercutions insoupçonnés. »

« Tu délires Andréï ! Et tu commences à m’ennuyer avec tes remords… »

Puis changeant de ton, elle s’approcha langoureusement et se glissa le long du corps de son amant.

« Il faut que je me rende à mon travail, tu m’accompagnes ? »

Loin de s'étonner qu'une vampire ait un travail, le jeune homme s’avoua d'avance vaincu. Il hocha la tête et resta figé sous l'éclair de plaisir que lui procuraient les caresses de sa partenaire.

Elle savait s’y prendre la diablesse, et Andréï de sombrer dans une ivresse peu commune.

Finalement, Lyscendre glissa sur le sol et s’habilla en hâte, laissant son prêtre grognant de frustration. Le rire mutin de sa compagne ne fut pas pour le dérider.

« En tout cas je ne suis pas arrivé à te faire recouvrer ta demie-âme et j’y ai pourtant sacrifié mon serment de chasteté ! »

« Chaque chose en son temps. Un autre jour s’annonce Andréï, en attendant, remets ta chemise et reprenons chacun nos rôles... pour l'instant ! Car saches, avant que nous partions, que tu n’auras le droit qu’à trois chances de sauver mon âme… Tu as échoué pour la première, il ne t’en reste plus que deux. »

Prenant cela comme un jeu, le jeune homme se coucha à plat ventre devant le paravent qui cachait la silhouette aimée et posa l'inévitable question qui allait de pair.

« Et qu’arrivera t-il si j’échoue totalement ? »

Lyscendre laissa apparaître son fin visage de chatte et posa sur lui un regard qui le fit frémir malgré lui.

« Tu seras à moi pour l’éternité ! »

Étrange compromis que celui-ci. N'était-il pas déjà à elle ? Andréï, redevenu sérieux, ne voyait pas du tout où elle voulait en venir. Puis, le mot éternité se répéta plusieurs fois dans sa tête comme s'il s'agissait de la clé.

Soudain le jeune homme pâlit. Il venait de saisir toute la valeur de ce mot et le sérieux avec lequel il fallait le traiter.

Non seulement, il ne sauverait pas l'âme de Lyscendre mais il perdrait aussi la sienne s'il échouait.

Se posait ensuite la question de savoir s'il désirait vraiment jouer le jeu malgré les risques qu'il comportait. Deviendrait-il vampire par le caprice d'une princesse mort-vivante ou retournerait-il sereinement à sa vie paisible de prêtre ? L'un comme l'autre n'était une conclusion valable à ses yeux.

Il était conscient qu'il ne pourrait jamais redevenir ce prêtre incorruptible et chasseur de vampire qu'il avait été. Lyscendre avait laissé sa marque trop profondément ancrée dans sa peau et son cœur.

Cette dernière lui adressa un lumineux sourire avant de l'enjoindre à s'habiller à son tour.

« Je vais chercher la voiture, je t'attend dehors ! Ne traîne pas ! J'ai horreur d'attendre trop longtemps ! »

Puis sur un clin d'œil, elle disparut, le laissant seul dans le silence oppressant du manoir.

Décidément, non. Même s'il ne pouvait plus vivre sans elle, il ne pourrait pas vivre comme elle non plus. Il resterait donc un humain mais pour cela il devait gagner ! Plus tard, il pourrait imposer ses exigences de vainqueur.

Pendant tout le temps du chemin et de la visite éclair à la société où travaillait Lyscendre, le jeune homme demeura songeur, essayant de trouver une solution pour gagner ce pari sur la vie.

La princesse déposa son compagnon non loin de l’église. Ils avaient du mal à se séparer et restaient immobile, face à face. Enfin, Andréï se décida à sortir du véhicule mais avant qu'il n'ait pu poser un pied par terre, la main de Lyscendre le rattrapa à l’épaule et il se retourna sur un regard clair chargé d’inquiétude.

« Prends garde à toi prêtre...une fois couché, le soleil ne pourra plus te protéger ! Leudre sera attaché à tes pas comme ton ombre et sa haine pourrait bien le défendre de ta croix en fer ! »

« Je sais. Il y a de ces choses qui poussent un être, même damné, à faire n’importe quoi pour celle qu'il aime ! »

« Tu te trompe, ce n'est pas... »

« C'est toi qui refuse de voir Lyscendre ! Il y a plus que de la fraternité entre vous. Ton frère t’aime d’une passion interdite et il me hait pour celle que tu m’as offerte. »

La princesse ne sut rien répondre. Andréï avait raison : son demi-frère l'aimait.

Il lui semblait qu'elle l'avait toujours su, depuis la minute où Leudre était apparu dans sa vie.

Etait-ce pour cette raison qu'elle avait été si agressive à son encontre ? Le suspectant de trahison quand il était pourtant évident qu'il agissait dans le sens contraire. Avait-elle délibérément refusé de voir une vérité qui la dérangeait parce que cela lui donnait un prétexte pour se défouler sur quelqu'un ? Quelle folle égoïste elle avait été !

Ainsi tout était de sa faute! Si elle avait cédé ne serait-ce qu'une nuit à Leudre, probablement que ce dernier n'aurait pas été d'une telle jalousie meurtrière.

Bouleversée, elle se contenta de lever un regard dépité sur son amant.

« Que vas-tu devenir petit prêtre ? Je ne peux être tout le temps derrière toi dès le crépuscule ! »

Andréï la rassura d'un sourire.

« Nous nous battrons à armes égales pour ton amour ! Vous avez de la loyauté dans le combat, qui tient, certes, de votre suffisance, mais que l'on ne peut vous dénier.

Leudre ne pourra me traiter avec mépris, je suis un trop sérieux rival… »

La belle assurance du jeune homme amusa un peu Lyscendre mais elle retrouva vite ses inquiétudes.

« Je vais quand même lui donner des ordres, je ne lui fais pas confiance. »

Lyscendre regarda ensuite partir son prêtre avec un brin d’amertume. Sa part vampirique lui hurlait de faire d'Andréï un de ses sujets. Elle en avait le pouvoir, et ainsi il serait à l’abri de la haine du beau Leudre et serait également son compagnon d’éternité. Mais pour cela, elle aurait à enfoncer une porte qu'elle s'était défendu de ne jamais ouvrir pour son propre équilibre ; il lui faudrait beaucoup de courage pour transformer elle-même un proche en vampire.



La princesse retrouva sa Porsche et flâna dans Paris le reste de l'après-midi. Elle décida, pour finir, de rendre visite à Charlotte au salon de thé. Lyscendre salua son amie de loin et se concentra sur sa patronne. D’une démarche totalement féline, elle s’avança et capta le regard de la vieille dame.

« Madame François, j’ai très envie que Charlotte prenne un café avec moi. Pouvez-vous lui donner un instant de liberté et lui formuler mon désir ? »

« Oh mais bien sûr mademoiselle ! »

Charlotte arriva l'instant d'après, complètement ahurie, et rejoignit Lyscendre à sa table.

« C’est incroyable ! Ma patronne m’a quasiment ordonné de venir te tenir compagnie ! Tu y crois toi à ça ?! »

« J’ai acquis un certain pouvoir, Mme François n’a fait qu’obéir à mon ordre. »

Prenant cela pour une plaisanterie, Charlotte prit son petit air boudeur.

« Et bien j’aimerai bien avoir le même ! »

Lyscendre concentra son regard sur son amie avec tant d’intensité que cette dernière se sentit mal à l’aise et redevint sérieuse. Il est vrai que ces derniers temps, Lyscendre semblait ne plus trop apprécier son humour puéril. Pendant un moment, Charlotte crut que son amie allait la remettre à sa place mais il n'en fut rien.

« Vraiment ? Cela te plairait-il ? »

Quelque peu gênée, la jolie rousse se contenta de répondre du bout des lèvres.

« Qui ne rêve pas de pouvoir influer sur son patron…? »

Avec un rire nerveux, Charlotte baissa les yeux sur sa tasse sans plus oser regarder son amie. Lyscendre semblait littéralement ravie.

« Ce soir, fais-toi belle ! Nous irons en boîte avec une amie à moi. Je ne te demande même pas ton avis Lottie, je veux voir de quoi tu es capable ! »

Abasourdie, Charlotte, regarda Lyscendre se lever gracieusement et, après un rapide salut, la planter là sans se retourner. Avait-elle bien entendu ? Qui donc si ce n'est sa meilleure amie pouvait bien savoir de quoi elle était capable ? Lyscendre n'en avait donc aucune idée après toutes ses années d'amitié ?

Charlotte fut tentée de refuser l'invitation ; après tout, elle n'aimait guère le comportement égocentrique de Lyscendre de ces derniers temps. Mais la curiosité allait être la plus forte.

Lyscendre, après avoir quitté son amie, retourna au manoir avec précipitation. Elle avait hâte d'être à ce soir pour la simple et bonne raison qu'une nouvelle page de sa vie allait probablement être tournée. Elle se voulait en pleine forme pour cet événement, aussi alla t-elle dormir un peu.

Ses yeux s’ouvrirent brusquement sur une silhouette qui lui faisait face. Cette dernière était affalée négligemment sur le sofa tourné vers le lit pour l'occasion. La pénombre indiquait clairement que la nuit était tombée et seul un halo de lumière lunaire filtrait par la fenêtre pour auréoler l'importun.

Ainsi exposée, Lyscendre ne se sentait pas à son avantage. Sans prendre la peine de sortir du lit, elle s’adressa avec arrogance à l’intrus qu’elle devinait.

« Ne t’avais-je pas interdit de venir me contempler dans mon sommeil ? »

« Il n’y a qu’à ce moment là où vous n’êtes rien qu’à moi, j’en profite et au diable votre interdiction ! »

« Tu finiras par me faire craindre le pire si tu ne m’obéis plus ! J’ai le pouvoir de te soumettre Leudre ! A la prochaine incartade, je n’hésiterais pas à te le faire regretter ! »

« Je n’en doute pas ma princesse mais je n’ai jamais été autrement que soumis à votre volonté. Je suis esclave de vos désirs et je vous l’ai prouvé, je ne suis ici que pour prendre ma petit récompense, car, finalement vous avez eu ce prêtre comme vous le souhaitiez...n’est-ce pas Lyscendre ? »

La jeune vampire esquissa un sourire satisfait au souvenir de ses ébats avec Andréï sans prendre garde à la présence de son frère.

« C’est vrai.

Plus que deux échecs de sa part et il m’appartiendra entièrement… »

Des plis soucieux barrèrent le beau front de Leudre avant que son air ne s'assombrisse complètement.

Lyscendre baissa les yeux sur la créature étendue devant elle et eut un sourire gourmand.

« S’il ne peut sauver ma demie-âme au moment où elle a l’avantage sur l’autre partie démoniaque, alors, il sera à moi… éternellement ! Et il le sait ! …

Ce soir, je vais aller m’entraîner un peu !

Ce n’est pas la peine de m’attendre ici, Leudre, je pense qu’une certaine personne va le faire à ta place… »

Le sombre vampire feula en se redressant sur le divan. A son attitude, Lyscendre savait qu'il risquait d'attendre son rival sur place et de se battre avec lui.

« Il est mon protégé Leudre ! Si le moindre mal lui était fait, ma fureur n’aurait pas d’égale ! »

« Vous serez obéie ma princesse… »

Leudre se leva du sofa et se tint face à sa demi-sœur avec raideur. Puis sous le regard impérieux, il baissa le sien avant de se courber en deux et sortir de la pièce avec grandeur.

Lyscendre n'avait pas quitté des yeux la direction qu'avait prise son frère et une pensée lui vint.

« Il faudra que je fasse attention à ce que Charlotte ne le trouve pas irrésistible, il pourrait me la tuer par vengeance...

Karith ! »

L'interpellée arriva en quelques secondes. Elle s'agenouilla face à la princesse et attendit un sourire gourmand aux lèvres.

Karith avait entendu dire que Lyscendre comptait sortir cette nuit et, pour devancer ses ordres, avait déjà tout préparé dans ce but. La princesse, qui commençait à être habituée à ce genre d'attitude, ne montra pas sa satisfaction même si elle demeurait agréablement surprise.

Elle s'habilla pour la nuit d'une tenue simple mais sexy. Elle ne comptait pas révéler sa nature aussi simplement qu'avec des vêtements baroques et inappropriés. Il fallait que Charlotte comprenne que les vampires existaient et avaient adopté le même mode de vie que les humains. Ils n'avaient plus rien de l'image d'Épinal les représentant habillés d'une cape noire et de vestes de gala en velours.

Les deux vampires, satisfaites de leur apparence, s’engouffrèrent dans une autre voiture de luxe préparée pour la circonstance : une superbe Rolls-Royce blanche.

Elles prirent Charlotte en route qui n'en crut pas ses yeux en reconnaissant son amie à l'arrière.

« Mon dieu ! Mais d’où sort cette merveille ! Lily ! Une vraie Rolls ! J’en crois pas mes yeux ! Et avec un chauffeur ! Cela à dût te coûter les yeux de la tête pour louer un pareil carrosse ! »

Sans se laisser perturber, Lyscendre présenta Karith à Charlotte. Cette dernière ne put s’empêcher de frissonner devant le regard félin de la ravissante Karith qu’elle levait avec mépris sur elle.

La princesse n’eut qu’à tourner la tête vers elle pour qu’elle cessa immédiatement son impolitesse et baissa la tête soumise.

Néanmoins, Charlotte avait facilement reconnu ce même regard qu'avait parfois Lyscendre et elle commençait à faire le rapprochement. Il lui venait dans l'idée que cette Karith ne devait pas être innocente dans le changement de comportement de son amie. Tout ce luxe, ce changement de ton et de personnalité, l'arrogance et la beauté de Lyscendre...était-ce une nouvelle secte ?

Sans se préoccuper de Charlotte, les deux vampires se firent la conversation. Lyscendre raconta à sa favorite sa relation avec la nouvelle venue. Bientôt, elles arrivèrent à l’une des boîtes les plus branchées de la capitale.

Le carré VIP regroupait des stars ce soir là et Karith salivait déjà sur sa future conquête.

L'attitude peu équivoque de la plantureuse vampire interloqua Charlotte. Elle se tourna vers son amie et eut la surprise de la trouver littéralement face à elle, le regard et le sourire mystérieux.

« Charlotte, je vais te révéler ce soir un secret, un secret qui peut réaliser tes rêves les plus fous !

Si tu acceptes de te sacrifier un peu, tu y auras accès toi aussi…ne me regarde pas de cette façon, tu vas vite comprendre, viens ! »

Agrippant le bras de son amie, Lyscendre la tira hors du véhicule et s'avança sur le tapis rouge, à l'entrée de la discothèque où se massait une longue file d'attente. Elles passèrent devant les yeux éberlués des personnes qui attendaient depuis un bon moment et qui s'interrogeaient sur l'identité de ces radieuses créatures qui entraient telles des stars.

Et en effet, une fois à l'intérieur, Charlotte eut un large aperçu du pouvoir de son amie.

D’un simple mot, elle se fit ouvrir le carré VIP, d’une œillade, elle se fit offrir un verre par un groupe de jeunes hommes et d’un battement de cils, elle se vit proposer un rendez-vous par l'un d'entre eux.

Charlotte attrapa le bras de la princesse et l'interrogea d'un air inquiet.

« Comment fais-tu Lily ? Tu n’a jamais été aussi séduisante, féline, mystérieuse ! Les hommes qui s’approchent sont littéralement sous ton charme ! »

« C’est le cas Lottie. Ils ne résistent pas à ce que je leur commande de faire, et, toi aussi, tu pourrais faire de même ! Fini les petits rencards miteux avec des imbéciles ! Tu peux t’offrir avec ce pouvoir tout les hommes que tu désires ! Tu peux même être en vacances toute l’année ! Car tu n’as plus besoin de travailler. Tu peux vivre éternellement cette vie facile et dorée en échange d’un simple petite chose qui ne te manquera même pas ! »

Charlotte était fascinée.

Lyscendre avait conscience qu’elle trichait un peu en utilisant son pouvoir sur son amie, aussi s’obligea t-elle à laisser libre arbitre à Charlotte. Elle voulait que cette dernière prenne la pleine mesure de sa proposition et en soit pleinement consentante. Elle vit sur le visage émerveillé de son amie le reflet de sa victoire.

« Quel est ce secret Lily ? Je t’en prie ! Ça à l’air complètement cool ! »

Lyscendre eut un sourire diabolique, elle prit le menton de Charlotte entre ses doigts et la retourna vers Karith. Celle-ci souriait à un beau jeune homme ivre sur lequel elle se lovait sensuellement. Son sourire lui découvrait les dents. Aussitôt, protégée par le pouvoir de Lyscendre, la jeune femme put alors remarquer les canines proéminentes de la belle vampire.

Charlotte n'en crut pas ses yeux. Elle crut à une illusion d'optique. Mais le coup le plus rude pour la jeune femme fut lorsqu'elle se tourna vers Lyscendre.

Elle vit avec horreur, son amie arborer une paire de canines identiques à ceux de Karith.

Charlotte eut un hoquet de stupeur. Cramponnée à son siège, la jeune femme se mit à frémir. Elle allait hurler d’effroi quand la main preste de Karith s’appliqua contre sa bouche et l’empêcha de crier.

L'angoisse de Charlotte semblait beaucoup amuser les deux vampires.

Lyscendre se pencha vers son amie.

« Je t’offre l’éternité Lottie, tu es ma meilleure amie et ma part humaine ne peux nier cela. Ne t’inquiète pas, je ne te ferais pas de mal, ni moi, ni les miens. »

Karith retira sa main au signe de Lyscendre et retourna à sa proie comme si elle ne l'avait jamais quitté.

« Pourquoi… comment… enfin… depuis quand es-tu un vampire Lyscendre ? »

« Tu te souviens de l’inconnu qui m’avait mordu lors de notre balade sur les quais ? »

« Et comment ! Ce fou ! C’était un vampire ? C’est lui qui...? »

« Oui c’est un des miens, il n’a fait que me rendre ma forme initiale Lottie… »

« Comment cela ? »

« Mon père était un vampire. »

« Tu plaisantes ! Tes parents sont aussi humains que moi ! »

« Ma mère oui, mais mon véritable géniteur était en réalité un vampire. Il a été tué avant ma naissance par celui qui se disait être mon père. J’étais prédestinée à devenir vampire et à régner à la place qu’occupait celui qui m'a procréé. Je suis devenue la princesse des damnées, Lottie ! »

« Mais tu ne brûles pas en plein jour et même que tu cherchais un prêtre la dernière fois…Comment est-ce possible ? »

« Parce que je suis à moitié humaine par ma mère, je suis donc protégée des fléaux que craignent les miens. Le soleil, les crucifix et l’eau bénite n’ont aucun pouvoir sur moi et pour tout te dire, je me suis même donné un prêtre pour amant. »

Charlotte fixait son amie d’une mine ahurie. Un sourire diabolique s’échappa des lèvres de Lyscendre.

Elle s’avança vers Charlotte et promena sa main sur toute la salle.

« Je t’offre de te joindre à une caste plus puissante que celle des humains. Si tu n’as pas peur de vivre éternellement dans le plaisir des sens, je t’offre ce pouvoir Charlotte ! Mais, pour ne rien te cacher, tu seras damnée, alors, que décides-tu ? »

La jeune femme semblait perdue. Elle se mit à regarder en tout sens ; ses mains, Karith qui achevait de conquérir son compagnon, Lyscendre, parfaitement sereine dans son siège, soudainement entourée par les hommes les plus séduisants du lieu.

« Vois ce que tu pourrais avoir ! »

Lyscendre venait de passer sa main sur la nuque d’un de ses admirateurs, puis l’embrassa sous les yeux interloqués de son amie. Brusquement, elle le repoussa aussi sec et se pencha vers Charlotte.

« Que choisis-tu ? »

La jeune femme ne savait plus si elle rêvait éveillée ou pas. C'était fou ! Et ce que lui proposait Lyscendre, plus encore. Ce pouvoir la tentait mais elle n'était pas stupide. Elle savait que son amie était devenue le Diable incarné. Cette proposition alléchante ne devait pas être prise à la légère.

« Et si je refuse ? »
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bluemely

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Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Empty
MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeMar 6 Avr - 0:08

Lyscendre fronça les sourcils.
« Tu auras tout oublié de cette soirée et tu ignoreras jusqu’à ta mort que ta meilleure amie est une vampire qui t’a offert une éternité de plaisir. »
« Tu ne me tueras pas ? »
« Tu es mon amie, c’est un cadeau que je te fais, c'est à prendre ou à laisser ! Mais je serais déçue, car j'aimerais beaucoup que tu fasses partie des nôtres. »
« Il n’y auras pas de retour en arrière ? »
Lyscendre secoua la tête la mine grave.
« Soit tu acceptes, soit tu refuses, dans un cas comme dans l’autre, c’est un aller sans retour. »
« J’aimerais réfléchir, je peux te répondre demain ? »
Malgré l'accent suppliant de son amie, Lyscendre resta de marbre.
« Non Charlotte, c’est maintenant ou jamais, je ne renouvellerais pas mon offre et ne tiens pas à ce que tu répandes la nouvelle. »
La princesse vampire se leva, signalant la fin des festivités, et commanda à son amie à faire de même.
Karith s’empressa de se joindre à elles, mais son regard se tournait sans cesse sur le jeune homme avec un air implorant dans le regard qu’elle lançait à sa princesse.
Lyscendre eut un petit sourire amusé et ignorant le regard horrifié de Charlotte, consentit à la requête muette de sa favorite.
« C’est bon Karith, emmène-le. »
Charlotte regarda le pauvre garçon qui ne se doutait pas de ce qui l’attendait avec un regard de pitié. Mais, bien qu'elle mourût d'envie de demander sa grâce, la jeune femme n'en fit rien. Elle avait bien trop peur de ce qui pourrait lui arriver à elle en contrepartie.
La princesse, qui se doutait des pensées assaillant son amie, lui posa une main amicale sur le bras.
« Il va passer les dernières minutes de sa vie au septième ciel si cela peut te rassurer, son plaisir sera mortel ! »
Si Karith ria diaboliquement à cette saillie, il n'en fut pas de même pour la jeune humaine. Elle trouva l'humour de son amie bien bas et horriblement noir.
Oui, elle était lâche. Oui, elle avait peur. Mais une fascination étrange et morbide la retenait encore de courir sa chance loin de Lyscendre. Ils étaient réels ! Elle en avait deux spécimens devant les yeux dont sa meilleure amie ! A les regarder évoluer autour d’elle, il lui apparaissait toute la puissance du caractère vicieux de ces créatures. C’est donc vrai que les vampires avaient une aura de sirène. Attirants mais dangereux comme seuls pouvaient l’être l’unique prédateur des humains.
On les salua quand elles partirent et une fois dans la Rolls, Charlotte constata que si elle tremblait de froid avec le jeune homme, les deux vampires ne semblaient pas s’en rendre compte.
« J’ai froid Lyscendre. »
La princesse ne tourna même pas la tête de la vitre.
« Voilà une autre qualité, nous ne craignons pas le froid seulement la chaleur. »
Néanmoins, pour faire plaisir à son amie, la vampire fit un signe discret à son chauffeur qui alluma l'air conditionné. Une fois réchauffée, Charlotte en profita pour s'étonner sur l'absence de compagnon avec la princesse.
« Tu n’as pas pris quelqu’un avec toi ? »
Karith qui n'avait pas daigné montrer quelques intérêts à la conversation, trop occupée à profiter des câlins de sa proie, leva un œil en direction de Lyscendre. Elle attendait visiblement la réponse avec impatience.
« Ce ne sont que des friandises, d’ordinaire nous nous nourrissons de sang congelé issu de dons hospitaliers. Mais de temps en temps nous ne nous refusons pas une petite gourmandise saine et chaude, comme tu peux le remarquer. Quand à moi, personnellement, c'est seulement parce que je suis une fidèle... »
Karith eut un petit sourire puis retourna à son compagnon littéralement comblé.
La Rolls stoppa enfin devant chez Charlotte. Mais avant que la jeune femme n’en sortit, Lyscendre posa sa main sur celle de son amie et la retint. Son regard de félin était dur et sans appel.
« Ta réponse Lottie. »
Si la main de la princesse était froide comme du granit, celle de Charlotte ne devait pas être loin de la même température. Sa vie se jouait à cette unique réponse. D’un oui ou d’un non déterminerait son existence et elle aurait voulu avoir plus de temps pour réfléchir.
« Vraiment, je ne sais pas Lyscendre ! Je suis tentée mais j’ai peur aussi, je serai aussi cruelle que Karith ? »
« Pas forcément, tout dépend de ton degré de frustration. Ton caractère joue aussi dans la balance. »
« Je ne sais pas. »
Sentant son amie trop indécise pour choisir pleinement sa voie, Lyscendre préféra tenter une dernière carte.
« … Je ne vais pas te laisser comme cela, viens avec moi au manoir, ta future demeure si tu nous rejoins. Une fois sur place, je ne doute pas une seconde que notre train de vie t’attirera un peu plus. »
Charlotte se laissa entraîner une nouvelle fois dans l'habitacle de la voiture.
Le véhicule s’ébranla et fila à toute allure jusqu’à la magnifique demeure des vampires.
Quand le chauffeur ouvrit la porte et aida Lyscendre, Charlotte puis Karith à sortir, l’atmosphère étrange du lieu fit d'abords reculer Charlotte.
« Ne laisse pas ta peur prendre le pas sur tes sens ! Viens ! L’intérieur est magnifique. »
« Tu as dû changer de goût avec ta nouvelle nature non ? »
Un petit rictus d'amusement s'esquissa sur les lèvres carmin de la princesse.
« Tu verras bien si mes goûts sont morbides ! »
Charlotte se vit ouvrir devant elle les portes d’un monde totalement différent de ce qu’elle imaginait.
« Notre espèce est particulièrement sensible au raffinement, contrairement à ce que tu craignais ! Elle a le pouvoir d’avoir tout ce qu’elle souhaite, alors pourquoi s’offrirait-elle des meubles horribles quand elle peut s’offrir le luxe ! Allons n'aies pas peur ! Entre ! »
A leur entrée, les personnes présentent dans le vestibule se prosternèrent et ainsi jusqu’à la chambre de Lyscendre. Charlotte vit avec émerveillement les gens stopper leur activité pour s’agenouiller ou se courber devant son amie.
« Mais tu es une véritable reine ! »
Lyscendre haussa les épaules montrant ainsi combien l'hommage qu'elle recevait lui était devenu parfaitement normal.
« Tu étais prévenue ! »
La princesse remarqua parmi les siens, un jeune vampire qui ne manquait pas de charme. Probablement qu'il venait d'être converti car elle ne l'avait jamais vu auparavant. Cela lui donna une idée. Avec un sourire complice, elle chuchota à l'oreille de la jeune rousse.
« As-tu remarqué quelques mâles susceptibles de te plaire ? Leur pouvoir de séduction n’a pas effet sur toi car je t’en protège mais tes sentiments peuvent s’émouvoir sur l’une de mes créatures. »
« A vrai dire, je n’y ai pas prit garde. »
« Idiote ! »
Le sourire amusé de la princesse démentit la rudesse du mot. Car elle savait que, désormais, le sujet étant astucieusement abordé, Charlotte allait fatalement s'y intéresser de près et, avec ce nouvel intérêt, la vampire espérait bien convaincre la jolie rousse.
« Tu passeras la nuit ici sans danger, tu pourras y séduire et découvrir tout sur nous sans qu’aucun ne tente rien sur toi. Je tiens à ce que tu gardes tes esprits pour pouvoir juger en tout état de cause. Et quand tu auras pris ta décision, avant le lever du soleil je précise, tu viendras me voir et je me conformerais à ton choix. »
La jeune humaine acquiesça non sans un peu d'appréhension à l'idée d'être seule au milieu de ces monstres mythologiques. Mais Lyscendre, qui présageait des réactions de son amie, prit les devants et interpella quelqu'un au milieu de tous ces vampires.
Charlotte se retourna alors sur la plus rayonnante créature du lieu à ses yeux. Ses longs cheveux blonds semblait flotter tant ils étaient soyeux. Mais ce fut surtout le regard félin qui la retint prisonnière. D'un beau bleu sibérien, ils la transperçaient de part en part tels des flèches. Quel ne fut pas son ravissement en apprenant son nom et ce pour quoi il avait été appelé.
« Voici Alex, mon intendant, il va te servir d'escorte pour cette nuit. Il a ordre de te protéger et de répondre à toutes tes questions. Il satisfera tous tes désirs, quels qu'ils soient, alors n'hésite pas à lui demander si quelque chose te fait envie ! »
Le sourire dudit Alex acheva de rassurer la jeune humaine. Elle se laissa guider dans le manoir sans prêter le moindre intérêt à quiconque ; son regard ne cessant de revenir impérativement à son escorte.
Charlotte n’eut pas besoin de toute la nuit pour se décider. Sa visite sous la coupe du bel Alex avait suffit à l’influencer.
Quand elle vit arriver son amie le sourire béat, Lyscendre avait déjà une idée de sa réponse et cela la rendait diaboliquement satisfaite.
« Serais-je tous aussi séduisante qu’Alex ? »
La princesse, maintenant, sut qu'elle avait gagné.
« Oui, une fois que tu donnes ton âme, elle est remplacée par la séduction et la beauté, tes cheveux s’allongeront et seront beaucoup plus souples, tes goûts et ton langage deviendront automatiquement plus policés, tu auras le raffinement et la noblesse dans tes gestes ainsi qu’un maintien différent, plus fine, plus féline, plus dangereuse à l'image de tes yeux qui s’allongeront…bref, tous les atouts qui attirent d’ordinaire nos proies ! »
Etait-ce de la résistance ? Lyscendre avait senti le tremblement de la jeune femme à sa dernière phrase. Allait-elle revenir sur sa décision ? La réponse de Charlotte rassura la princesse.
« Soit…je…j’accepte Lyscendre ! J’accepte ! Je veux devenir comme vous ! »
« C’est un privilège que je te fais Lottie, mais il te faudra mourir pour renaître, es-tu prête à faire ce sacrifice ? »
Charlotte devint pâle et mit du temps à répondre. Puis, doucement, un murmure passa la frontière de ses lèvres closes et rendit un sourire lumineux à la vampire.
« Oui »
Ce ne fut qu’un souffle mais la réponse était sans ambiguïté.
« Visiblement Alex a reçu tous les suffrages cette nuit ! Tu as accepté mon offre à cause de lui, n’est-ce pas ? C'est donc qu'il te plaît ! Ainsi ce sera lui qui aura l’honneur de faire de toi son égale...Alex ! »
Le séduisant vampire entra et se montra enchanté une fois informé de son privilège. Avec galanterie, il guida Charlotte hors de la chambre princière pour la mener dans un endroit plus intime, propice à sa conversion.
Une fois la jeune femme partie, Lyscendre se sentit à la fois satisfaite et mortifiée.
Elle avait gagné une adepte mais il s’agissait de sa meilleure amie.
Qu'avait-elle fait ?!
Elle connaissait déjà la réponse. Son côté vampire, à son grand dam, avait gagné du terrain sur sa demi-âme. Le prêtre ne serait pas content.

On frappa soudain à la porte. Mais Lyscendre avait déjà deviné de qui il s’agissait et adapta son comportement en conséquence ; un sourire adorable, des yeux clairs d’innocence, des gestes fébriles, une voix impatiente.
« Entres ! »
La porte s’ouvrit sans que, pour une fois, Lyscendre n’y soit pour quelque chose. Andréï apparu en proie à une grande confusion.
Cette attitude interloqua la princesse.
« Qu’est-ce qui te tourmente Andréï ? »
Il frissonna à son nom, depuis qu’il était dans cette maison, les passions impies de ces créatures l’affaiblissaient ; il avait perdu la protection que lui conférait son statut de prêtre. Un statut perdu symbolisé par l'usage de son véritable nom.
Avoir cédé au désir avait été sa plus grande erreur, il n’était désormais plus qu’un homme devant des créatures puissantes avec les mêmes faiblesses que ceux qu’il s’était engagé à sauver lors de son ordination.
Ainsi, la vue de sa maîtresse fut, pour lui, source d’ambivalence. Il devait résister à son attrait mais en tant qu’homme, ses sens le poussaient dans les bras de cette splendide créature. Lyscendre fronça les sourcils devant son hésitation.
« Pourquoi résistes-tu à ton désir ? Je le sens et cela me blesse ! »
La porte claqua derrière le jeune homme et il sursauta. Lyscendre s'était levée.
« Je suis un homme de Dieu, je me dois de résister ou je vais faillir à ma mission ! »
« Mais le veux-tu vraiment Andréï ? Est-ce vraiment ce que tu désires ? »
Lyscendre s’avança avec grâce vers son amant, elle lui caressa le visage avec une douceur qui acheva de déstabiliser le jeune homme.
« J’ai le choix entre renoncer à la prêtrise et finir damné entre tes bras ou bien résister à mes faiblesses humaines et te vaincre, « la » vaincre, cette princesse qui te ronge…car je sais que tu peux m’aider et te sauver aussi si tu renonces de toi-même à cette vie que tu n’as pas choisi ! »
Lyscendre recula en feulant comme s’il l’avait brûlé.
Il avait réussi avec ses mots à toucher sa part humaine et celle-ci commençait à profiter de cet intermède pour tenter de reprendre un peu de terrain. Mais un feulement furieux s’éleva de nouveau et étouffa sa part démoniaque qui étouffa rapidement l’étincelle de pureté qui rendait si forte sa demi-âme humaine.
Andréï ne pouvait se méprendre sur le regard de la belle, assombri par l’instinct vampirique, ni sur le sourire torve qui barrait le visage de la princesse.
Cette dernière alla avec une certaine nonchalance s’étendre sur son sofa. Une fois pompeusement installée, elle prit son interlocuteur à partie et fit jouer son puissant pouvoir.
« Qu’est-ce qui te fait croire que je regrette mon ancienne vie ? Celle-ci est absolument merveilleuse et éternelle de surcroît ! Je suis la plus puissante créature sur Terre...vénérée pour cela par les miens, aimée par tous, crainte par tes semblables ! Et je devrais regretter mon ancienne vie de misérable et pathétique humaine ? Saches que tu pourrais goûter toi aussi à cette vie de plaisir éternel dans mes bras Andréï ! Tu entends ? Éternellement ensemble ! N'est-ce pas ce que tu souhaites au plus profond de toi ? Aimer et être aimé, n'est-ce pas ce que tu recherches depuis ton premier amour déçu ? »
Voyant le jeune homme frémir, la rusée, ravie, s'acharna sur la faiblesse qu'elle venait de découvrir chez lui.
« Tu as été trahi par cette humaine, elle s'est laissée séduire par un des miens or tu sais pertinemment que l'on ne s'attaque qu'aux cœurs solitaires...regarde la vérité en face ! Elle ne t'aimait pas ! Elle se moquait de toi et de ton amour ! Moi non ! Andréï ! Au contraire ! Je t'aime tant que je veux tout te donner ! Mon amour, mon cœur et mon monde ! Laisse-moi te convertir à ma vie colorée et sucrée ! Cette vie au perpétuel renouveau ! Laisse-toi tenter... »
Andréï s’affaiblissait de plus en plus, il sentait le mal s’insinuer dans son cœur comme un serpent venimeux. Dans un dernier effort, il se raidit en serrant les dents. Il devait lutter. Pour lui et pour elle. S'il renonçait maintenant, tout serait perdu.
« Non ! »
Aussitôt il se sentit en quelque sorte libéré du brouillard étouffant qui l'avait empêché de se concentrer.
La sombre princesse des damnés avait perdu un peu de son sourire cruel et il lut du respect dans ses yeux redevenus bleus clairs.
Lyscendre se releva sans un mot et se laissa glisser jusqu’au torse du jeune homme.
« Tu résistes bien père André, mais tu me reviendra bientôt...Andréï ! »
Puis, sans un regard pour lui, elle lui désigna la porte. Ce dernier sortit silencieusement tandis que se refermait les ténèbres sur une intemporelle Lyscendre, figée, telle une statue antique au milieu de la pièce.
Encore ébranlé par son improbable victoire, le père André avançait dans les couloirs sans prêter attention aux regards haineux des habitants.
Soudain, il vit une immense silhouette lui barrer le chemin. Instinctivement il porta sa main sur la petite croix de sa chaîne. La voix s'éleva, froide et policée.
« Inutile, misérable cloporte, me prendrais-tu pour un vampire subalterne ? Je ne crains pas ce genre de croix ! »
« Leudre ! »
L'interpellé souleva un sourcil intéressé. Mais son regard énigmatique ne révélait rien de ses pensées. Juste se permit-il un délicat sourire.
« Tu me connais ? Bien ! Alors tu sais qui est ton rival ! »
« Je ne le suis plus au sens où tu l’entend. »
Le vampire resta impassible puis eut un petit sourire en coin tandis que se voilèrent ses yeux.
« Ainsi, elle a échoué... »
Revenant brusquement sur Andréï, le regard du vampire se fit radieux, démentant le ton faussement peiné qu'il avait prit.
« Dommage, tu aurais été un glorieux trophée à nos yeux, le vivant symbole de notre supériorité sur les larbins de Dieu ! »
« Dieu n’abandonne pas les siens ! »
« Ah oui ? De toute façon qu’espères-tu ? Tu crois pouvoir sauver l'humaine ? Mais sais-tu qu’elle en mourrait fatalement ? »
Le père André regarda son interlocuteur avec incompréhension. Leudre soupira comme s'il se trouvait en face d'un idiot. Puis avec un air pervers, le vampire se rapprocha sensiblement du jeune humain.
« Je vais t'avouer quelque chose...sa demie-âme ne sert que de bouclier humain ! Ce n'est qu'une coquille vide qui est tout au plus manipulée par et au profit de la princesse vampire ! Mais si tu tues cette part sombre, cette demi-âme n’aura plus rien pour la retenir de partir et tu sais ce qui arrive aux âmes qui quittent les corps auxquels elles appartiennent ? »
Sous le sourire triomphateur de Leudre, Andréï baissa la tête de dépit et serra les poings.
« Le corps meure...il n’y a que s’il renonce à son âme et devient un de tes semblables que ce corps peut survivre hors du temps. »
Le vampire jubilait.
« Exact ! Alors que préfères-tu prêtre ? Une Lyscendre à moitié humaine ou une cruelle princesse vampire ? Car tu te doutes bien que nous ne la laisserons pas mourir ! Elle-même choisira de vivre car elle aime trop notre monde ! Elle sera vampire à part entière par sa propre volonté, et toi même, ayant été exposé à la puissance de cette sombre part, peut comprendre combien cette princesse-là sera impitoyable ! Il te faut renoncer définitivement à Lyscendre ! Mais pour te le prouver définitivement, viens ! Je vais te montrer à quel point cette créature peut se révéler redoutable quand elle laisse son instinct prendre l'avantage ! »
Le beau vampire désigna un couloir sombre et invita Andréï à le suivre avec une galanterie affectée.
« Après avoir vu cela, même ton âme de prêtre ne pourra se résoudre à lâcher sur l’humanité un pareil fléau. »
Le jeune homme n’était pas pressé de s’en rendre compte. Il savait que la part humaine de Lyscendre n’était qu’un jouet entre les mains de son Mr.Hyde, mais en voir la preuve de ses propres yeux, c'était autre chose.
Leudre poussa une porte au fond du couloir puis s'effaça pour laisser voir son interlocuteur. Aucune plainte ne s'éleva à cette intrusion. En effet, le vampire avait usé de son pouvoir pour créer une sorte de barrière, ce qui contribua à ne pas perturber la scène se déroulant devant eux.
Enfin d'une voix forte et victorieuse, il illustra la conclusion de ses propos.
« Voilà ce qu’elle a fait de sa meilleure amie humaine ! »
Le vampire se délecta avec un plaisir évident de la déconfiture du jeune homme. Un rire méprisant s'éleva de sa gorge tandis que le père André se bâillonnait la bouche de sa main.
Ce dernier aurait voulu fuir le rire démoniaque de son ennemi, de même que cette vision horrible d’un couple surpris en plein ébat, au cour duquel l'un, vampire, achevait de vider sa compagne de son sang.
Le père André crut d'abord que la ravissante rousse allait mourir entre les bras d’une de ses séduisantes créatures, mais il remarqua bien vite son erreur. Elle ne faisait que devenir l'une des leurs. Andréï avait vu le vampire lui faire couler son propre sang dans la gorge.
Cette dernière achevait sa transformation en vampire.
Elle avait poussé d’horribles hurlements d'agonie avant de brutalement se taire. Et bientôt, la peau pâle et lumineuse se lissa, les yeux s’allongèrent, la chevelure se fit plus brillante et plus longue, et des petites canines pointèrent sur la lèvre inférieure ; une nouvelle recrue venait de naître dans le clan des vampires. Et vu son potentiel de séduction, elle en serait une des représentantes les plus redoutables.
Il fut certain de ses craintes quand Charlotte ouvrit les yeux et que ses prunelles d’un vert limpide apparurent, étincelantes, et magnétiques.
Alex la tenait toujours entre ses bras et s’émerveillait de sa création. Gracieusement, Charlotte releva la tête et la tourna vers les importuns que la barrière de Leudre ne protégeait plus. Il s’ensuivit un feulement furieux avant que la porte ne se referme brutalement sur cette vision.
Andréï était tétanisé, il n’osait plus faire un geste. Comme perdu, il bredouilla pour lui même.
« Cela ne se peut ! Elle n’a pas pu faire cela ! »
« Et bien si...et encore ! Charlotte peut s'estimer chanceuse ! Lyscendre lui a fait un fleur ! Elle aurait pu n’être qu’une des innombrables proies des miens or la part humaine de la princesse n'a pu se résoudre à la sacrifier définitivement et lui a permit de rester en vie. »
Leudre avait conscience d'avoir falsifié quelque peu la vérité mais son mensonge servait ses intérêts.
« Mais quelle vie ! Une vie damnée ! Pauvre innocente ! »
Le vampire eut alors le même sourire torve que sa sœur précédemment et le jeune homme put voir la ressemblance entre ces deux cruels êtres.
Soudain, Leudre l'attrapa au col et perdit son sourire.
« Lyscendre est à nous ! Et nous ferons tout pour la garder ! Malgré son interdiction de te toucher, il viendra un jour où elle se lassera de toi, surtout si tu la fait trop languir ! Et dès lors je serait là et me ferai un plaisir de m’occuper de toi… »
Sa menace lancée, le vampire relâcha son adversaire et lui indiqua la direction de la sortie.
Le jeune homme sortit du manoir dans un état second, en se retournant, il vit la silhouette de Lyscendre se détacher derrière les rideaux de velours grenat, un éclair zébra le ciel noir et elle disparut de son champs de vision. Une cruelle déception lui vrilla le cœur.

Lyscendre, étendue sur le sofa devant le crépitant feu de cheminée, tournait entre ses doigts fins une flûte de champagne tandis qu'elle se perdait dans ses pensées. L’orage faisait rage et le temps était en parfaite harmonie avec ses sentiments. Un coup discret à la porte l'éveilla de sa méditation.
« Pourquoi me dérange t-on ? »
« On vous attend pour dîner. Et…votre amie, Charlotte, est prête altesse »
« Merci Alex… Au fait, la leçon a t-elle été à son goût ? »
Alertée par le manque de réponse, la vampire se tourna vers son intendant. Celui-ci, malgré son impassibilité, semblait cacher quelque chose. Au bout d'une minute, il finit par lui répondre.
« Je le pense princesse, elle est réussie mais...vous en jugerez par vous même. »
Lyscendre se mit à sourire comme amusée par la gêne de son fidèle précepteur. Ce pourrait-il qu'Alex soit devenu pudique tout à coup ?
« Je vois… toi aussi, tu as profité, Alex, tu es encore plus attractif qu'auparavant… j’arrive dans une minute. »
Le vampire se courba en deux soudain inquiet puis referma la porte sur lui. La princesse se leva et s’approcha de la cheminée sur laquelle elle se maintint le front posé sur sa main. L’observation du feu provoqua au bout d’un moment une impulsion brutale, Lyscendre jeta son verre dans le foyer provoquant une soudaine et furtive flambée.
« Maudit prêtre ! »
Puis, sur ces mots, sortit de sa chambre pour aller dîner.
Elle traversa les couloirs sans plus s'étonner à son passage de la présence de vampires de rang inférieur se prosternant docilement. Ces derniers n’avaient, de toute façon, pas assez de prestige pour occuper une place à la table de leur princesse et ne pouvaient que traîner à la recherche d’occupations divertissantes. Leur vision ne provoquait plus chez Lyscendre ce malaise qu'elle avait ressenti la première fois. Elle avait désormais compris que telle était leur place et qu'ils pouvaient s'estimer heureux de l'avoir.
Lorsque Lyscendre entra enfin dans la salle à manger, les convives s’arrêtèrent aussitôt de parler et effectuèrent leur révérence dans un silence pesant.
Au milieu d'eux, la princesse remarqua de suite son amie Charlotte et son sourire se glaça.
Alex n’avait pas menti. La nouvelle venue était réussie, parfaitement réussie.
Elle avait une aura particulièrement attractive pour son propre malheur. Le pire dans l'histoire était que personne, pas même Alex, n'avait eu assez de compassion pour prévenir la fautive.
Lyscendre sentit son cœur se serrer douloureusement. C'était encore une épreuve qu'on lui faisait subir ici, seulement, le coût pour la remporter était bien trop excessif. Le cœur humain de la vampire se rebellait face au sacrifice qu'on l'obligeait à faire.
Car aucune vampire femelle, depuis son accession au trône, n’avait osé se montrer plus captivante que la princesse. Tous savaient que la belle Lyscendre était susceptible sur ce point. Or Charlotte, avec son aura supérieur, avait désormais les moyens de devenir une rivale potentiellement dangereuse. Cela faisait d'elle aux yeux de tous une ennemie que la princesse voudrait abattre.
En effet, les vampires n'ignoraient pas que Lyscendre, même avec la garantie du code des vampires, avait encore la peur secrète de ne pouvoir jamais être à l'abri d'un éventuel coup d'état.
Rien, pas même les paroles rassurantes d'Alex, ni celles de son propre demi-frère, n'avait pu vaincre ce sentiment d'insécurité dû à sa naissance illégitime.
Lyscendre secoua nerveusement sa ravissante chevelure doré et posa ses yeux furieux sur Alex qui n’osait lever les siens. La foule, impatiente, attendait néanmoins avec l'excitation de loups affamés la sentence qui n'allait pas tarder à être prononcée tel un couperet. La voix froide de Lyscendre s’éleva alors dans un feulement de rage.
« A genoux ! »
Alex s’exécuta immédiatement mais Charlotte, qui était restée debout, fut surprise de se voir empoignée et jetée à terre. Elle ne comprenait pas ce qui se passait et le sourire visiblement satisfait de Karith ne fut pas pour la rassurer.
« Alex, j’ai vu et jugé ton œuvre, qu’est-ce qui t’es donc passé par la tête ? Je tiens cependant à te rassurer, elle est parfaite ! J’admets que tu t’es surpassé ! Je n’ai pas besoin de te rappeler ce que tu risques… ainsi qu’elle ! Alex ! Tu as osé condamner ma propre amie ! »
De rares chuchotements apitoyés rompirent le silence. Charlotte surprit même des regards de pitié se poser sur elle. Elle vit également avec colère une majorité de vampires impassibles et méprisants. Mais ces derniers ne réagissaient pas parce qu'ils connaissaient cette loi antique figurant en première place dans le code des vampires.
Personne ne devait se montrer d'une quelconque manière hostile envers leur souverain.
Hormis les vampires de sang royal et qui dépendaient donc d'un jugement, tous les autres pouvaient être exécutés sans autre forme de procès.
« Lyscendre ! Mais qu’avons-nous fait de répréhensible Alex et moi ? »
Un murmure de stupéfaction s’éleva. Le bel Alex la supplia alors du regard. Il fallait qu'elle se taise. Son manque d'éducation aggravait son cas.
Mais Lyscendre avait entendu la plainte hautaine de son amie et se retourna lentement vers la créature accroupie à ses pieds.
« Je n’ai pas besoin d’être jalouse Lottie, car jamais encore aucun des miens ne m’a donné de motif de l’être, c’est une loi ancienne que tu ne connais pas contrairement à Alex, c’est lui qui me l’a enseigné mais apparemment il l’a oublié pour toi. Tu es trop belle Charlotte ! Et cela vient de ta conversion parce qu’au moment où tu as atteint le plaisir, Alex a fait de toi notre égale ! Or ta beauté surpasse la mienne ! Et c'est inadmissible ! »
Le mensonge de Lyscendre ne provoqua cependant aucun commentaire. Il était évident pour tous que leur princesse n'avait trouvé sur le moment que ce pathétique prétexte pour justifier sa colère. Il aurait été humiliant pour elle d'avouer se sentir politiquement menacée par son amie, une simple vampire commune.
Charlotte se mit à feuler d'impuissance.
« Que vas-tu faire de nous alors ? Tu m’avais promis une vie éternelle de plaisir ! Et c’est pour cela que j’ai accepté de devenir comme toi ! De renoncer à ma vie humaine ! »
Cette phrase resta en suspens, les convives attendaient la réponse de leur maîtresse en retenant leur souffle. Ils étaient stupéfaits par la scène qui se déroulait sous leurs yeux et qui condamnait irrémédiablement la vampire rousse.
La princesse eut un sourire amère. Elle n'était plus en colère, juste fatiguée, et sa voix aux accents de résignation s'en ressentit.
« Alex a oublié en prime de faire ton éducation à ce que j'entends ! Décidément, Charlotte, tu n'es pas très chanceuse...»
Lyscendre était coincée, elle devait condamner la créature et punir son créateur mais elle était encore partagée entre ses sentiments humains et son instinct.
« On ne peut revenir en arrière malheureusement, la loi est claire sur ce point… Ah ! Alex ! »
L’interpellé baissa la tête. Charlotte fit de même en lisant sa condamnation dans les petits yeux cruel de Karith.
Soudain, la voix feutrée de Leudre s'éleva.
« Vous n’avez pas à vous abaisser face à la loi altesse ! Vous êtes notre princesse, vous êtes la loi. Alex a commis l’erreur d’être disons … trop créatif.
Devez-vous néanmoins vous faire violence quand il est parfaitement évident que vous n’avez envie de punir ni l’un ni l’autre ? »
Un sourire charmeur aux lèvres, Leudre s’avança vers sa sœur et la salua avant de désigner Alex et Charlotte de la main.
« Vous pouvez les gracier tous les deux si vous le souhaitez, c’est votre droit le plus strict et nous nous inclinerons. La loi ne sera pas inchangée pour autant. »
Charlotte, qui avait retrouvé un peu d’espoir, supplia alors son amie du regard. Mais cette dernière n'avait pas besoin de cela, elle savait déjà ce qu'elle allait faire et ce grâce à son demi-frère.
« Bien, puisque tu n’es pas entièrement responsable Charlotte, je ne vois pas pourquoi tu devrais en mourir, cependant, tu ne seras plus autorisée à te montrer face à moi tant que je n’en ordonnerais le contraire, je suis navrée… Dorénavant, ton statut ne t’autorise plus à dîner avec nous ni être dans la même pièce que moi hormis les couloirs et le vestibule...quant à toi Alex, ce n’est pas moi qui vais nier combien tu peux te montrer un parfait précepteur, le fait de t’être laissé submerger par tes sens n’est pas une raison suffisante mais je t’offre cependant le choix : l’exil ou la mort. Que réponds-tu ? »
Le brusque silence alourdit l’atmosphère.
Puis Alex releva lentement la tête, le visage impassible et déterminé.
« Si je ne puis plus servir ma princesse, je préfère alors la mort ! »
Charlotte ne put retenir son cri, mais son mouvement pour se relever fut stoppé par des mains puissantes.
« Non ! Alex ! »
Le jeune vampire montra à tous un visage dur et méprisant propre à son espèce.
« Je n’ai jamais eu d’autre but à ma vie éternelle que de servir nos princes depuis ma création ! Ce serait un déshonneur pour moi que de vivre en hors la loi ! Plutôt choisir la mort ! »
Il y eut des sourires fiers à cette noble réponse. Lyscendre, elle-même, fut affectée de devoir détruire pareil fidèle. Elle voulut alors lui donner une seconde chance.
« Ta décision est prise Alex ? Tu choisis la mort quand tu pourrais choisir l’exil et l’espoir de pouvoir retourner à mon service ? »
Les regards surpris se posèrent sur Lyscendre, notamment Alex qui ne cacha pas sa stupéfaction.
« Comme pour Charlotte je te laisse une chance d’effacer ta dette et de revenir à ta juste place, la mort est irréversible contrairement à l’exil. »
Alex tremblait face à la tentation, le regard fixé sur le sol, il était partagé entre son honneur, déjà terni par sa faute, et l’espoir. Leudre le délivra de son tourment.
« Choisis l’exil puisque tu gardes une chance de revenir au service de la princesse, par ailleurs, je pense que tu n’auras pas à attendre longtemps… »
« Pourquoi me défends-tu Leudre ? »
« Je t'aide parce que nous ne serons pas trop de deux contre les manigances d'un certain humain, allons ! Ne tardes pas trop à faire ton choix ! La princesse attend ! »
Lyscendre s’était retenue de feuler sous la menace voilée contre Andréï. Ignorant son frère, elle resta concentrée sur le beau vampire blond en attendant sa réponse.
« D’accord, j’accepte l’exil… »
Leudre battit des mains.
« Un choix judicieux mon cher Alex ! Qu’il en soit ainsi, et maintenant dînons ! Vous venez princesse ? »
Les convives s’ébranlèrent partagés par de multiples sentiments.
Leudre avait pris la main de Lyscendre qui regardait partir Alex tandis que l’on poussait la trop belle Charlotte dans les couloirs.
La princesse se sentit tirée en avant et se tourna vers Leudre qui désignait la table.
« Venez, princesse, ne regrettez rien. »
« Comment peux-tu te montrer si flegmatique ? »
« Je ne suis pas à moitié humain moi, quiconque aurait fait grillé ces deux créatures sans regrets, j’ai simplement voulu abréger ce sentiment de souffrance qui vous retenait de les condamner. »
« Ta mansuétude me trouble Leudre, qu’attends-tu de moi en échange, car j’ai une dette envers toi pour avoir les sauvé. »
Le regard du sombre vampire se fit intense et brillant.
« Je ne veux rien d’autre que ce que vous n’offrez déjà à ce stupide cul béni… c’est vous que je veux ! »
Lyscendre écarquilla les yeux, il aurait voulu la surprendre qu’il ne se serait pas pris autrement.
« Tu plaisantes Leudre ! Mon propre frère ! Tu prends trop de liberté avec moi, je vais devoir y remédier ! »
« Il faut bien veiller sur vous en l’absence du cher Alex… »
Lyscendre ne résista pas au sourire qui lui montait au lèvres.
« Ne préfères-tu pas que je te donne Charlotte, elle serait à même de me remplacer, elle est belle et… »
Leudre souleva le menton de la princesse et se tint tout près de son visage. Son sourire amusé apaisa le ressentiment de Lyscendre.
« Vous êtes cent fois plus belle que n'importe quelle créature, Lyscendre ! Croyez-moi ! Si j'avais un instant convoité votre amie, m'auriez-vous cru assez stupide pour offrir à Alex une chance de vivre, sachant qu'elle en est entichée ? Vous savez pourtant que je ne recule devant rien pour avoir ce que je veux ! Or je n'aurais eu aucune chance avec Alex dans les pattes...c'est comme avec une certaine autre personne...»
« Tu es trop charmeur Leudre, je vais finir par me rendre à tes arguments ! »
« Si cela pouvait être vrai ! »
Lyscendre ne put se retenir de rire.
Le regard de Leudre se fit alors brillant d’espérance. Sa sœur semblait accepter la trêve. Elle demeurait plus détendue et plus proche de lui.
Il installa sa demi-sœur puis alla s’asseoir à son tour près d’elle.
A la place d’Alex, siégeait triomphalement Karith le sourire rayonnant. Elle avait enfin la place qu’elle convoitait depuis l’avènement de la nouvelle princesse et se promit de faire tout pour la conserver.
Au cours du repas, Lyscendre eut un regard perdu vers les couloirs comme si elle s’attendait à voir arriver Charlotte encore humaine et insouciante. Leudre s’aperçut de son air mélancolique et l’apaisa d’une caresse sur la main ce qui eut le mérite de rendre un semblant de sourire à la princesse.
Le dîner ne fut pas des plus joyeux et avant même d'en arriver aux fromages, la princesse se retira sous les regards compréhensifs des convives.
Elle refusa cependant que Leudre l'accompagne. Elle voulait être seule. Trop d'événements venaient de se dérouler cette nuit pour qu'elle en ressorte indemne.
En passant dans les couloirs, elle eut le déplaisir de remarquer Charlotte parmi les vampires agenouillés. Sa beauté peu commune faisait tâche telle une rose dans un massif de belles fleurs sauvages. Elle réprima le feulement qui lui montait à la gorge. Détournant les yeux, elle alla s’enfermer dans ses appartements.
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeJeu 6 Mai - 1:49

votre petite dose de plaquette pour le mois ^^



Charlotte s'était retrouvée poussée dans les couloirs, complètement déboussolée. Comment aurait-elle pu comprendre les réelles motivations de son ex-meilleure amie ? Ex, ça c'était sûr désormais ! Lyscendre n'avait plus rien de son adorable et ancienne amie humaine avec son hypocrisie !

Charlotte était maintenant furieuse.

Après avoir connu l’extase dans les bras d’Alex et ressentit une sensation euphorique à l'idée de vivre une vie éternelle exceptionnelle, la voilà qui souffrait désormais d’avoir été rejetée par ce dernier et de finir comme une malpropre dans un couloir sombre.

Elle ne savait plus quoi faire. Son cher amant s’était exilé de lui-même sans un regard pour elle, son ex-meilleure amie la rejetait également après l’avoir poussée à devenir comme elle et voilà qu’elle était observée par mille yeux inquisiteurs.

« Ne fais pas cette tête, ce n’est pas de ta faute et ce ne sera pas une punition éternelle ! »

« Oui ! Juste une dizaine de siècles ! Ha ! Ha ! »

« Quel dommage ! Une si belle comparse…pourrir dans ces couloirs, avec un rang encore plus bas que le mien ! »

« Alex a été stupide pour cette fois ! Mais à bien la regarder je comprends pourquoi… »

Charlotte subissait, tétanisée, les piques de ses pairs.

Ils semblaient tous ravis de sa déchéance, aussi bien les mâles que les femelles.

Dans sa panique, la jeune vampire rousse ne distinguait plus d'eux que leurs petits regards méchants qui se rapprochaient toujours plus d'elle.

« Hé petite, viens m’embrasser un peu pour voir à quoi Alex a goûté ! »

Brusquement, une poussée d'adrénaline secoua la vampire. L’instinct de Charlotte s'éveilla. Elle prit soudain conscience de son pouvoir en lisant dans les esprits de ses semblables.

Elle s'étonna de pouvoir passer outre leur barrière mentale comme si elle écartait un mur de brouillard de devant elle.

Son incroyable facilité à pouvoir toucher l'indicible ne l'étonna qu'un centième de seconde. Déjà, elle se rappelait les compliments de son amant vampire qui l'avait prévenu entre deux câlins du pouvoir incroyable qu'il sentait poindre en elle.

La vampire rousse étrécit ses yeux qui ne devinrent plus que des fentes flamboyantes et feula rageusement vers le railleur qui perdit aussitôt son sourire.

Aussitôt, tous la regardèrent silencieusement avant de s’éloigner sans un mot. Ils n'étaient après tout que de simples vampires subalternes, tout au plus des lâches qui préféraient s'attaquer à plus faibles qu'eux pour se venger de ceux qui avait un statut plus haut et qui les ignoraient délibérément. Ils ne tenaient pas particulièrement à se battre contre une puissante comparse.

Charlotte, le dos au mur, reprenait ses esprits en gardant la tête basse. Elle vit alors sous son nez des pieds masculins.

« Tu en a mis du temps, j’ai bien crû que tu allais finir goudron ! »

La jeune vampire releva la tête, étonnée. Elle allait feuler de nouveau mais la physionomie et le charisme de l'inconnu l'arrêta.

Il n'avait certes pas la beauté d'Alex mais son charme était plus profond. Il avait un petit quelque chose jusque dans son regard noir mystérieux et enivrant. Dans sa posture, digne mais simple. Dans son sourire à la fois réservé et moqueur.

Charlotte se sentit irrémédiablement attiré par lui et aussitôt son attitude s'en ressentit. De nerveuse, elle devint séductrice, retrouvant naturellement le comportement typique de sa race.

Avec une moue adorable elle s'approcha du vampire. Ce qui fit sourire ce dernier d'amusement. Il voyait parfaitement clair dans son jeu mais préféra la laisser faire.

« Goudron ? »

« Esclave si tu préfères, c’est ainsi qu’on nomme ceux et celles dont le rang est si bas qu’ils ne peuvent espérer survivre qu'en servant les autres, même nous les vampires communs.

C'eût été réellement dommage, tu es si belle…»

« Apparemment, il n’est pas bon d’être belle ici ! »

« On devient tous plus beau quand on se convertit mais Alex a toujours été considéré comme un excellent amant... »

« Je le sais bien ! Il m'a avoué être celui qui a convertit définitivement Lyscendre ! J'étais rassurée parce que je pensais qu'il allait me faire aussi belle qu'elle...tu parles ! Quelle garce ! Après m’avoir forcé la main pour devenir comme elle, voilà qu’elle m’abandonne parce que madame est jalouse ! »

L’inconnu la regarda impassiblement et attendit que sa colère se calme avant de rétorquer le regard en coin.

« Je crois qu’au contraire notre princesse t’aime beaucoup ! Après tout...elle t’a gracié toi et Alex. C'est une chance pour toi que la particularité de notre princesse t'ai préservé de sa nature de vampire...n’importe qui, ici, vous aurait déjà fait périr sans remords… sa part humaine l’a empêché de le faire par amitié pour toi. Ne l’insultes donc pas, tu ferais plutôt mieux de lui en être reconnaissante ! »

Charlotte, encore trop furieuse après le traitement qu'elle avait subit, bondit en arrière comme brûlée et cracha hargneusement sa colère à la face de son imperturbable interlocuteur.

« Qui es-tu pour me faire la morale ! Ce n’est pas toi qui en est passé par là où je suis passée ! J'aurais dû devenir une vampire de haut rang, je ne suis plus qu'une simple vampire qui a failli tomber plus bas que terre ! J'étais dans la lumière de la salle de bal et me voici dans l'obscurité d'un couloir sombre ! Peux-tu en dire autant ? Toi qui n’as jamais connu ce statut que j'ai perdu ?! »

Charlotte observa les traits séduisants de son interlocuteur, mais seul un tressaillement de sa mâchoire indiqua son exaspération tandis qu'il gardait un sourire inébranlable. Elle prit conscience de son comportement insultant et faillit mourir de honte.

Soudain sans prévenir, il fit une remarquable révérence face à la jeune vampire qui se fondit dans le mur. Charlotte était tellement à fleur de peau qu'elle avait crue d'abord à un attaque.

« Dathra ! Enchanté de faire ta connaissance… »

Remise de sa surprise plus rapidement qu’elle ne le croyait, la novice retrouva une posture plus appropriée à sa nouvelle nature tandis qu'elle se traitait d'idiote.

« Je...je suis Charlotte. »

Dathra scruta le visage de sa compagne puis lui fit un clin d’œil.

Cette dernière le remercia d'un regard pour avoir dissipé la tension qu'elle avait sentit augmenter et qui avait faillit les mettre en mauvais termes.

Elle allait s'excuser de son emportement quand au même moment il lui agrippa le bras et l’obligea à s’accroupir en même temps que lui.

Charlotte allait protester quand elle vit arriver Lyscendre l’air sombre. Elle aurait voulu lui sauter dessus, mais la poigne de son nouvel ami la retenait et lui donnait comme une sorte d'avertissement.

Tous purent alors voir la princesse devenir encore plus sombre à la vue de son amie et détourner la tête précipitamment pour ne pas avoir à croiser son regard accusateur.

Quand cette dernière eut disparut, Dathra aida Charlotte à se relever.

« Tu n’es pas bonne courtisane, tu as failli rester debout devant la princesse. »

« Et alors ! »

« Et alors ? Et alors, la princesse a raison, tu manques d'éducation. »

Le feulement de colère de la jeune vampire n’eut pas raison du sourire amusé de son compagnon aux cheveux aussi noirs que ses yeux.

Charlotte se calma enfin et l'observa plus intensément.

Elle dût reconnaître que Dathra avait franchement une beauté sans commune mesure avec celles des autres vampires ; un air slave et oriental qui le rendait fascinant avec une touche de prestance dans son port altier qui révélait une vrai noblesse.

Qui était-il donc ? Elle l'avait tout d'abord prit pour un vampire subalterne mais son aura se révélait en définitive bien plus puissante que celle de ces communes créatures.

« Tu n’es pas comme les autres Dathra. »

L'interpellé roula des yeux avant de revenir à son interlocutrice.

« Tu t’en es rendu compte ? Qu’est-ce qui te permet de douter de mon statut ? »

« Et bien, tout d'abords, tu es très séduisant toi aussi ! Tes traits sont plus exotiques et plus paisibles que ceux des autres vampires. Et puis, tu te tiens droit comme un i même quand tu t’aplatis aux pieds de Lyscendre… »

Le mystérieux vampire l’arrêta d’un geste toujours avec son troublant sourire.

« Pour commencer, cesse de l’appeler ainsi ! Pour nous, il est dangereux de ne pas employer le mot princesse à son encontre…surtout toi... »

Puis voyant que Charlotte s'apprêtait à protester, il lui scella les lèvres avec son index tout en prenant un air sérieux.

« Non ! Obéis ! C’est un conseil ! Il ne faut pas trop pousser la chance avec Lyscendre, elle est plutôt...lunatique comme tu as pu le constater.

Ensuite, je vais répondre à tes questions. »

« Quelles questions ? »

Dathra eut un petit rire.

« Je lis en toi comme dans un livre ouvert, tu es encore trop neuve pour maîtriser parfaitement ton pouvoir. Allons ! Suis-moi s'il te plaît...»

Charlotte allait se diriger naturellement vers la chambre qu’elle avait partagée avec Alex quand l’air moqueur de Dathra l’arrêta.

« Nous n’avons pas assez de prestige pour avoir le droit à une chambre, Charlotte, je suis désolé. Mais il reste toutes les autres pièces du manoir, ou bien, sortons pour aller dormir ailleurs. »

« C'est une bonne idée, je préfère partir d'ici plutôt que d'être encore regardée de haut comme ça ! Allons chez moi, j’ai encore mon appartement. »

Le sourire du vampire s'allongea.

« Parfait, allons-y. »

Dathra poussa sa compagne en avant et la fit traverser différentes pièces déjà investies par des vampires, qui ne firent aucunement attention à eux. Du moins, en apparence.

Quand ils furent dehors, la pluie faisait rage. Charlotte dut se serrer contre son compagnon pour se faire entendre.

« Nous n’allons tout de même pas y aller à pied ? »

Dathra se pencha contre son oreille pour répondre.

La caresse de la sensuelle bouche sur sa peau devenue très sensible troubla la jeune vampire rousse.

« Et pourquoi pas ? Nous n’avons pas d’autres moyens visiblement. Et que peuvent quelques gouttes de pluie contre des vampires comme nous ? »

Charlotte ne sut que répondre. Elle essayait de calculer en vain le temps qu'ils leur faudraient pour rallier Paris à pied.

Mais Dathra la sortit brusquement de sa réflexion en se mettant à rire.

Il avait lu les pensées de sa compagne et lui réservait donc une sacrée surprise.

Le fascinant vampire la prit brusquement par la taille et la fit basculer dans ses bras avant de l’emporter soudain dans les airs.

Ses bonds gigantesques entre les toits parurent irréels pour la jeune rousse qui l’admirait émerveillée, pendu à son cou.

En arrivant devant la porte de son appartement, le vampire déposa avec douceur son charmant fardeau sur le trottoir. C'est là que Charlotte se rendit compte avec embarras qu’elle avait oublié ses clefs au manoir.

Dathra, qui ne perdait toujours pas son sourire amusé, haussa les épaules et prit le parti de réveiller le concierge.

La porte s’ouvrit brutalement sur un concierge furieux qui se figea devant la silhouette captivante du vampire.

Après un bref échange de paroles, le concierge disparut pour les laisser passer non sans cesser de regarder fixement Dathra qui disparaissait dans les escaliers.

Quand ils entrèrent enfin dans l'appartement, Charlotte éclata d’un rire malsain.

« Un peu plus et j’aurai cru que ce vieil imbécile aimait les hommes, ton pouvoir me consterne Dathra ! »

Le vampire gardait un petit sourire goguenard. Décidément, ce vampire n'était jamais sérieux ! La suite étonna la belle rousse.

« Ton concierge aime les hommes Charlotte, sinon j’aurai eu besoin de forcer mon charme ou bien de t’appeler à ma place… je n’ai utilisé qu’une infime partie de mon pouvoir, tu l’as senti en effet, mais tu n’en as pas mesuré le peu d’importance… ne t’inquiètes pas, tu apprendras vite à doser ton pouvoir et tu verras que, selon ta victime, le degré de pouvoir que tu utilises est différent. Mais bon, laissons cela pour le moment. »

« Tu sembles très puissant Dathra, pourquoi n’as-tu pas plus de prestige ? »

L'exotique vampire s’assit sur le petit canapé en cuir rouge qu’affectionnait particulièrement Charlotte, puis, après en avoir jugé le confort, l’invita à le rejoindre en tapotant à côté de lui.

« J’ai été comme toi il n'y a pas si longtemps… j’étais même de la très grande noblesse avant d’être condamné par mon demi-frère, le prince Donatien, le père de l'actuelle princesse… »

Charlotte leva ses fins sourcils d’étonnement, mais Dathra continua son récit.

« Quand j’étais encore le respecté frère du prince, j’ai commis une erreur. Une grossière erreur qui m’a valu d’être déchu… »

La belle vampire rousse trépignait d'impatience sur la raison de cette punition. Mais si elle avait pu user de son pouvoir, sûr qu'elle n'aurait pas été si surprise.

« Quelle est-elle ? »

« J’ai désapprouvé l’union de Donatien avec une humaine dont il était follement épris. Il voulait en faire une des nôtres, mais pour cela, il aurait fallu qu’elle accepte de renoncer à son âme ! Or, elle était sous le contrôle de Donatien et n’avait plus son libre arbitre.

Alors, j'ai dénoncé une fois de plus cet amour coupable et je le sommai de ne pas aller retrouver cette femme qu’il comptait désenchanter. Mon frère, non seulement ne m'écouta pas mais il m’exclut officiellement de la noble caste avant de succomber, l'heure suivante, au pieu d'un humain... »

Charlotte, qui n’avait pas quitté Dathra des yeux, bondit de dépit.

« C'est injuste ! Quel gâchis ! Mais il n’en avait pas le droit aussi… tu étais prince toi aussi ! »

« Non. Bien que nous étions quatre héritiers, avec Ronald l'aîné, Donatien le cadet puis enfin ma sœur Zora et moi, notre père, le prince Peter, a choisi celui qu'il pensait susceptibles de le remplacer. Car nous ne fonctionnons pas comme chez les humains. C'est le prince qui désigne celui qu'il veut comme héritier. Donatien a donc reçu le pouvoir et non moi. Je n’étais qu’au service du prince avec l’avantage d’être l'un des vampires les plus respectés après lui. »

« Tu as l’air si jeune pourtant ! Si je ne savais pas qui tu es, je crois… je crois que j’essaierai de te séduire ! »

Dathra émit un petit rire charmant.

« Tu me flattes et ne doute pas un instant que tu y réussirais sans difficulté. Et pourtant, tu t’enfuirais loin de moi si tu savais que j’ai déjà un fils. »

« Toi ?! »

« Oui, celui que j'ai conçu avec ma sœur Zora. »

Charlotte eut un hoquet de stupeur. Les vampires avaient donc si peu de morale pour tolérer pareille dérive ?

Une réponse de Dathra soulevait une dizaine de questions chez Charlotte. Et ce dernier semblait s'amuser à ses dépends.

« Dans le monde des humains c'est ce que l'on appelle un inceste ! »

« Certes, mais je te rappelle que nous, vampires, n'avons pas de sang propre, nous pouvons concevoir un être fait de notre chair mais le sang qui lui donne la vie et qui nous fait vivre est sans cesse différent puisque nous buvons celui des autres. Alors sérieusement, pourquoi aurions-nous à nous préoccuper des liens de parenté avec notre partenaire ? »

La vampire rousse était restée bouche bée mais comprenait très bien l'explication de Dathra.

Ainsi, les liens de parenté chez les vampires n'existaient pas puisque le lien du sang ne marchait pas avec eux. Un fils n'était fils que de nom et de toute manière perdrait fatalement le sang qui avait permis sa conception. Cela expliquait en quelque sorte pourquoi le mode de désignation du successeur au prince n'était pas automatique.

Peu désireux de laisser Charlotte se lancer dans une réflexion personnelle sur la fascinante moralité des vampires, Dathra continua son histoire.

« Mon fils Vlad est un garçon plein de ressource. Il a plus de prestige que moi grâce à sa mère et parce qu'il est né avant mon exil. Il a donc pu conserver un certain rang qui ne peut lui être contesté par la princesse malgré le fait qu’elle en meure d’envie. »

« Comment cela ? »

« Tu as certainement dû le voir, il me ressemble en plus beau et plus jeune, il n’a rien reçu de sa mère hormis son rang... »

« Pourquoi Lyscendre lui en veut-elle aussi à lui ? Répond ! »

Dathra soupira en souriant.

« Décidément Charlotte tu n'as rien compris ! Ne l'appelle pas ainsi ! Ce n'est plus ton amie humaine, c'est ta princesse en vertu d'une loi antique ! »

« Ne cherche pas à détourner la conversation Dathra ! »

Le vampire demeura silencieux de nouveau puis finit par répondre.

« La princesse n'aime pas beaucoup Vlad à cause d’Alex... »

« Alex ? »

« Oui, ton amant exilé...Alex a donc monté la princesse contre mon fils car ce dernier avait protesté une ou deux fois contre l’avènement de la princesse Lyscendre. Vlad a beau être traditionnel, son attitude demeure révolutionnaire...il aurait préféré nommer Leudre comme successeur de Donatien car il est son fils légitime tandis que la princesse n’est que le fruit d’une union coupable du prince avec une humaine.

Mais Donatien a fait son choix avant même que naisse la princesse, l’enfant d’Isabelle devait régner sur nous à sa majorité, fille ou garçon. »

« Depuis quand fait-elle partie des vô...des nôtres ? »

« Depuis pas longtemps, cela va faire à peine un mois… »

« Ce n’est pas possible, elle avait dépassé la majorité depuis longtemps. »

« Pas celle dans l’ordre de notre loi, 26 ans est l’âge responsable et mature, l’âge où on peut fonder un foyer et faire des descendants, c’est la majorité vampirique ! »

Charlotte soupira en repensant à son ancienne amie.

« Pour combien de temps va t-elle m’éloigner ? »

« Un jour, une semaine, un mois, un siècle qui sait, cela ne fait pas très longtemps que je suis déchu mais elle ne m’en a pas moins ignoré jusque là… tandis que toi, tu auras plus de chance de la toucher tant que tu seras sous ses yeux.

C’est difficile de lire en elle, elle est puissante et cache ses sentiments bien mieux que tous, sauf quand sa part humaine reprend le dessus, dès lors on la perce à jour et on sait quand elle est faible.

Elle a eut ce moment de faiblesse en t’apercevant, c’est pour cela qu’elle a détourné la tête… mais je ne sais pas si elle souffre de ta présence ou de ta perte.

Ton destin est entre ses mains, mais dans le premier cas te montrer serait inutile voir même fatal alors que dans l’autre ce serait le contraire. A toi de choisir, à toi de jouer ton destin. »

« Les sentiments de la princesse sont versatiles, comment savoir quand je dois engager mon avenir ? »

Dathra haussa les épaules.

« Vlad serait le plus à même de te répondre mais il est difficile d’obtenir une audience de ces nobles y compris de mon propre fils. »

« Les liens du sang ne signifie vraiment rien dans notre monde, hein ? »

Dathra sourit en même temps que Charlotte.

« Les vampires ont une hiérarchie très importante basée sur les mêmes points qu’une monarchie, la princesse gouverne, ses plus proches parents viennent ensuite comme conseillers avec une seule exception : le précepteur, en l’occurrence c’était Alex, et Arno le majordome des princes. Viennent ensuite les familles les plus anciennes avec qui il ne faut même pas envisager de parler. Ainsi on descend en pyramide jusqu’aux esclaves appelés goudrons parce qu'ils sont collant et puant d'obséquiosité. »

« Tout à l’heure tu as dit qu’il m’en avait fallu du temps, du temps pour quoi ? »

« Pour t’établir dans la hiérarchie des castes inférieures, si tu n’avais pas réagit et avait remit à leur place ces idiots, tu serais sans nom, un goudron autrement dit, tellement dominé qu’il n’a même plus droit à son libre arbitre. Te laisser faire c’est baisser la garde, il faut se battre comme un loup pour acquérir sa place. On ne dit pas pour rien une meute de vampires ! »

« Et quelle place ais-je maintenant ? »

Dathra étudia silencieusement sa compagne avant de lui répondre en souriant.

« Tu t’es placé au dessus de Yann et de tous ceux qui t’ont importuné tout à l’heure. En faisant face à leur moquerie comme tu l’as fait, tu les as mis en garde contre ton pouvoir, tu les as dominés si tu préfères. »

Charlotte eut un petit sourire diabolique tandis qu'elle se rapprochait de Dathra avec une souplesse féline.

« Par contre je suis sous ta domination cher Dathra, n’est-ce pas ? Tu es si puissant… »

Le noble vampire perdit son sourire en coin quand il vit sa compagne se lover contre lui avec un air déterminé.

Il était bizarrement mal à l’aise face aux prunelles vertes émeraude qui luisaient telles des étoiles. Il n'avait pas beaucoup l'habitude de fréquenter une vampire avec tant de pouvoir dans le milieu des vampires communs et avait lu dans le regard de la vampire rousse un appel que l’on ne pouvait difficilement ignorer : le désir d'un contact charnel.

A ce jeu-là, la belle Charlotte n'agissait pas comme une novice et, avec en prime le pouvoir vampirique, son charme électrique devenait immanquablement redoutable.

Il lui suffisait de se rapprocher de sa proie et de se presser contre elle tout en gardant les yeux rivés sur les siens pour qu’elle succombe.

Dathra ne faisait pas exception et bientôt, tenant contre sa poitrine la tentatrice rousse, il se laissait mener par les lèvres fines qui s’incurvaient en un sourire amusé.

« Qui domine maintenant Dathra ? »

Le vampire, piqué, ne comptait pas l’entendre de cette oreille. D’un mouvement brusque, il poussa Charlotte en arrière et se retrouva au dessus d’elle avec un sourire diabolique.

« Tu apprendras bien vite à ne pas jouer avec un être de ma tempe ma belle panthère. Mais j’avoue que tu es plutôt forte pour une débutante ! D’ici quelques mois, pas un seul vampire mâle ne te résistera ! Même les femelles se presseront autour de toi ! Prends garde alors et choisis bien ceux à qui accorder tes faveurs ! »

« Qu'essaies-tu de me dire ? Que je t’appartiens ? Je crois l’avoir nettement lu dans tes pensées Dathra ! »

« Et moi je lis dans les tiennes qu’un certain Alex les y occupe toujours ! »

Avec un air dégoûté, Dathra se détacha de Charlotte et la maintint loin de lui.

« Oui et alors, il est exilé et je ne sais pour combien de temps, mais assez au moins pour le passer ensemble mon cher prince ! »

Dathra avait tressaillit puis, comme s’il craignait qu’elle n’en rajoute, il se pencha vers la bouche voluptueuse et la ferma d’un baiser impérieux.

« Ne redit jamais ça, tu signerais notre arrêt de mort ! »

Charlotte eut alors une moue boudeuse.

« Que d’interdits ! Quel ennui ! Quand je pense que je me suis convertie parce que l’on me promettait une vie éternelle de plaisir ! La contrainte n’est pas un plaisir ! »

Le sombre vampire eut alors une lueur d'impatience dans le regard.

« Mais ça, si ! »

Dathra enlaça la vampire dans ses bras et s’empara de ses lèvres.

Séduite, Charlotte s’agrippa à ses épaules avant de basculer sur le sofa.

Elle passa une nuit totalement voluptueuse et sulfureuse qui ne prit fin qu’à l’aurore.

Les volets et rideaux les protégeant et cachés dans une armoire, le seul endroit sombre de l’appartement, les deux amants diaboliques s'endormirent dans les bras l'un de l'autre comme des gamins innocents.
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeLun 6 Déc - 18:16

Lyscendre avait passé la moitié de la nuit à feindre de dormir. En réalité, elle ne cessait de réfléchir à son comportement.
Vers 4h, elle laissa entrer son demi-frère qui voulait voir comment elle allait. Pour la consoler un peu, il lui réitéra le caractère provisoire de sa décision. Comprenant qu'elle ne l'écoutait que d'une oreille, il préféra la laisser tranquille. Il l’abandonna sur un baiser appuyé sur la main puis alla se coucher car l’aube se levait.
Un sentiment d’abandon lui enserra le cœur et la prit en traître ; sa demie âme avait regagné un peu de force.
Elle eut brusquement envie de revoir Andréï, mais elle savait qu’il chercherait à l’éviter.
Ce dernier ne devait plus se sentir de taille à l’affronter pour le moment.
Elle avait apprit d’Arno que l’affreuse vérité concernant la transformation de Charlotte avait été révélé au prêtre.
Lyscendre pouvait comprendre le sentiment d'horreur qui avait dû monter dans le cœur de son ami humain. Elle-même ne souhaitait pas devenir une vampire à part entière. D’une part parce qu’elle ne ressentirait plus aucun sentiment et d’autre part parce qu’elle y perdrait son atout le plus précieux en tant que demi-vampire.
Le silence l’angoissait au lieu de lui être agréable. Son envie de partir fut la plus forte, d’un bond, elle se leva et décida sur un coup de tête d’aller voir sa mère.
Isabelle travaillait comme nourrice à domicile ; Lyscendre pouvait donc être certaine qu’elle ne verrait pas son père adoptif.
Sautant dans la Porsche, elle se rendit chez les Aubier avec presque de l'impatience.
Mais une fois arrivée, son enthousiasme fut douché car Isabelle ouvrit à peine la porte.
« Je suis désolée ma chérie, mais je refuse de te laisser entrer, il y a les enfants ! »
Lyscendre s'emporta à la mesure de sa déception.
« Mais je ne vais pas les attaquer ! J’ai absolument besoin de te parler ! »
« Non Lyscendre, je ne pourrais me le pardonner s’il leur arrivait quelque chose ! Reviens me voir ce soir. »
« Quand il y aura Philippe ! Tu me prends pour une idiote ?! Je t’ai dit que je ne voulais plus le voir ! »
« Oh ! Lyscendre ! Il t’aime tant ! Il souffre de ton absence… »
« Le pauvre ! Pardonnes-moi si je ne suis pas assez convaincante ! »
Isabelle soupira en baissant les yeux. Au moins aura t-elle essayé.
« Il rentrera tard si ça peut te soulager, tu peux passer après 18 h si tu veux… »
« C’est bon, laisses tomber ! Je n’avais déjà plus de père, ma mère ne me manquera pas. »
Isabelle se redressa comme un ressort et suffoqua d'indignation en entendant son reniement.
Ce fut si douloureux qu'elle en oublia la prudence et ouvrit la porte en grand afin de rattraper la princesse.
« Lyscendre ! Attends ! »
Mais la vampire avait déjà filé à bord de son bolide sans se retourner. Au volant de sa voiture, elle ne prit pas garde aux regards curieux qu’on posait sur elle. Elle arriva machinalement à son travail.
« Bonne idée, travailler va me permettre de ne plus penser. »
« Bonjour Melle Aubier, ravissante comme toujours, mais, mais, qu'est-ce que ? Vous pleurez ? »
Lyscendre fronça les sourcils et passa sa main sur ses joues. Elle la retira tachée de sang.
« Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Vous êtes blessée quelque part ? On dirait que vous pleurez du sang ! »
La princesse usa de son pouvoir pour faire taire le gardien. Mais elle allait devoir essuyer son visage soigneusement ; elle n’avait cessé de pleurer sans s’en rendre compte, laissant se tracer un sillon d'un rouge soutenu sur ses joues pâles.
La vampire sécha ses larmes avec un mouchoir ; mais elle eut beau faire, des larmes coulaient toutes seules, effaçant aussitôt son maquillage et marquant ses joues d'une traînée pourpre.
Impossible d’aller travailler. Il ne lui restait plus qu’à retourner au manoir pour tenter d’oublier son chagrin. Comment était-il possible de se sentir seule à ce point ?
La mélancolie finit par l’étouffer complètement. Au bout d’une semaine, elle gisait sans force sur son lit, à la limite de la mort.
Les vampires, inquiets, se relayaient à son chevet.
Seul Leudre et Karith cachaient leur joie ; chacun ayant intérêt à faire de leur princesse une vampire à part entière. Et seule la mort de la demi-âme de Lyscendre permettrait de délivrer la redoutable démone entravée par l’esprit humain.
« Tu te laisses mourir Lyscendre… »
« Qu’importe, qu’est-ce que cela peut bien te faire ? Ah ! C’est vrai, je n’ai pas encore désigné de successeur c’est cela ? »
Leudre sourit tendrement à sa sœur.
« Tu ne vas pas mourir totalement ma princesse, tu peux renoncer à cette demie-âme qui fait peser sur ton cœur tant de souffrance. Choisies de devenir vampire à part entière ! »
« Et si je ne le veux pas ? »
« Tu ne peux pas nous abandonner à cause de ces maudits sentiments humains qui t’entravent ! Si tu y renonces, tu verras que tout s’arrangera pour toi au mieux. Plus personne ne pourra plus te faire souffrir, ni ta mère, ni l'assassin de notre père, ni ton amie, ni Alex, ni moi,...ni ton prêtre ! »
Lyscendre se redressa avec difficulté sur un coude et feula dans un souffle, la tête en arrière.
« Non. »
Leudre ne répondit rien. Il se contenta de se courber et de la laisser aux bons soins d’Arno.
Une fois dans le salon où attendaient les vampires de haute caste, il les informa de la décision de la princesse.
Puis il prit Vlad et Karith en aparté.
« Si elle continue à se laisser mourir de langueur, sa part humaine sera si faible qu'elle choisira au final de devenir vampire à part entière pour ne pas disparaître ! C’est une bonne chose pour nous ! La prophétie annonce la venue du plus puissant roi des vampires né de cette princesse, je veux en être l’auteur vous comprenez ! Et pour cela il faut écarter tous les obstacles qui pourraient m’en empêcher ! »
« Tous les obstacles ? »
« Tous ! »

Charlotte fut brutalement réveillée par Dathra. Il avait un pli soucieux qui lui barrait le front et son merveilleux sourire avait disparut.
« Réveilles-toi ma belle ! »
« Qu’est-ce qui se passe ? »
La vampire rousse remarqua les derniers rayons violacés qui filtraient par la fenêtre.
« Pourquoi me réveilles-tu, c’est encore le crépuscule ! »
« L’heure n’est plus à dormir Charlotte ! La princesse va mal ! Elle se meure depuis près d’une semaine ! »
« Et alors ? »
« Et alors tu es en danger ! »
La vampire se redressa vivement en fronçant les sourcils.
« Hein ? Mais comment ça ? Pourquoi ? »
« J'ai reçu un coup de téléphone d'un ami. »
Le vampire secoua son portable sous le nez de sa compagne et reprit ses explications.
« Si la demie-âme de la princesse meure, tu peux dire adieu à tout espoir de pardon, tu risques la mort toi et Alex ! »
Charlotte était debout maintenant et dévisageait son ami avec inquiétude.
« Hein ? »
« C’est grâce à la part humaine de la princesse que tu es encore en vie, si celle-ci meure, la princesse deviendra totalement vampire et dès lors, plus aucune émotion de sa part ne te préservera de la loi qui vous condamnait Alex et toi ! Elle pourrait revenir sur sa décision pour peu qu’elle se souvienne de toi ! »
« Elle peut faire ça ?! »
Dathra hocha simplement la tête.
« Qu’est-ce qu’on peut faire ? »
« Mon ami a réussi à lire en elle, c’est plus facile vu son état de faiblesse, elle se languit de son prêtre et le rejet de sa mère n’a pas arrangé sa mélancolie. Elle se sent seule et abandonnée. »
« Et que veux-tu y faire ? Elle m’a ordonné de ne plus paraître devant elle ! »
« Peut être pas toi mais quelqu'un d'autre ! »
Charlotte regardait son compagnon ramasser ses vêtements jonchant le sol avec un air d'incompréhension. Dathra lui tendit ses affaires et elle put voir une lueur déterminée dans son regard.
« Il faut retrouver ce prêtre ! Le mener à elle et vite ! »
« C’est tout ? »
La jeune vampire s'empara de ses habits et les enfila rapidement. Dathra semblait ailleurs.
« Ce ne sera pas si facile Charlotte ! Il va falloir déjà le trouver avant pas mal de monde, ensuite le convaincre à venir voir la princesse, et tout cela dans la plus strict discrétion ! Si on apprenait notre implication et que cela tournait au vinaigre, je ne donne pas cher de nos vies ! »
Dathra sentit une main douce caresser sa joue et vit sa plantureuse amie se lover contre lui avec un sourire coquin.
« Le trouver, c’est facile ! Je sais où il se cache ! »
Le vampire attrapa la main caressante comme s'il s'agissait d'un chaton et en embrassa le dessus avec douceur. Il leva enfin son regard profond sur Charlotte qui retenait son souffle et lui sourit, laissant distinguer ses canines.
« Alors allons-y maintenant ! »
Dathra ouvrit la fenêtre, emporta sa maîtresse et sauta en bas de la rue en ayant pris soin de ne pas surgir entre deux passants. Il s'engouffra dans les artères de la capitale jusqu’à l’église de la Madeleine. Ils attendirent en vain que le père André sorte.
Au bout de 2 heures à faire le piquet, ils commencèrent à se lasser. Dathra notamment, ne tenait plus en place et montrait de l'exaspération. Charlotte lui posa une main apaisante sur le bras.
« On va le trouver ne t'inquiètes pas...sinon, nous irons parler à la princesse de la menace qui pèse sur son amant ! »
« C’est impossible ! On nous arrêterait avant même d’entrer dans sa chambre ! »
« Ils ne peuvent pas lire dans tes pensées Dathra ! »
« Peut être mais la princesse est trop bien gardée, Arno veille ! Et il m'arrêtera dès que je serais devant la porte de la princesse ! »
« Lui aussi veut que la princesse devienne vampire totalement ? »
« Pas vraiment, Arno est neutre.
La seule chose qui lui importe est de veiller au bien-être et d'obéir aux ordres de la princesse...qu'elle soit vampire ou non. Cela n'a pas d'importance pour lui mais il connaît et applique les lois, or je n'ai pas le droit d'accéder aux appartements de la princesse Lyscendre ! Et je suis seul contre tout le manoir...»
« Non, tu n'es pas seul ! »
Le petit sourire timide de Charlotte amusa le vampire qui lui prit doucement le menton et déposa un petit baiser sur ses lèvres entrouvertes.
« Merci. Mais nous ne ferons pas le poids quand même...et la princesse sera trop faible pour intervenir en ta faveur. »
Charlotte se sentait découragée ; elle ne savait pas comment se sauver du sort terrible qui l’attendait.
Il n’y avait aucun moyen d’entrer dans l’église pour demander auprès du père André.
Dathra tournait comme un lion en cage pour essayer de trouver une solution. Il pensait emmener Charlotte à l'autre bout du monde, le temps qu'on les oublie.
Il allait lui en faire part lorsque soudain il vit sa compagne se redresser en souriant.
« Bonne idée ma beauté ! »
Charlotte se tourna vers lui en fronçant les sourcils. Elle se sentait lésée de sa trouvaille même si elle n'était guère étonnée.
« Mais je ne te l’ai pas encore confiée ! »
Dathra lui fit un clin d’œil et ils se mirent à la recherche d’un passant.
Ils ne cherchèrent pas longtemps ; la capitale continuait de vivre aussi la nuit.
Le beau vampire attrapa un jeune homme auquel il expliqua rapidement ce qu’on attendait de lui.
Sous le charme de Charlotte, le garçon s’exécuta et alla frapper au presbytère où on lui expliqua, comme pour Lyscendre la toute première fois, où trouver le père André.
« Tu vas arriver à nous porter tout les trois ? »
« Je pourrais mais il vaut mieux y aller à pied. »
« Ou en voiture, attends un peu ! »
Là encore, le charme de la dangereuse Charlotte leur permit de trouver rapidement un chauffeur. Ce dernier consentit à les conduire à la congrégation où logeait Andréï.
En route, Dathra trouva du papier et un stylo dans les affaires de leur coéquipier humain et écrivit un petit mot pour l’amant de la princesse.
Il lui expliquait ce qui se passait en des termes simples et tranchants. Il ne lui donnait pas le choix.
Le jeune homme et le chauffeur furent envoyés à la rencontre du père André. Charlotte les maintenait en son pouvoir mais ils ne devaient pas entrer dans le lieu sacré sous peine de reprendre leur esprit.
La porte leur fut ouverte mais ils refusèrent d’entrer et réclamèrent la venue du père André.
« Mais mes fils, je ne peux déranger le père André dans sa prière ! »
« C’est très important mon père ! Dites-lui qu’un être cher est mourant ! »
« Très bien, attendez donc dans le vestibule. »
« Non merci, nous préférons attendre ici. »
Au bout de quelques minutes, Andréï apparut en courant presque. Il s’arrêta au seuil de la porte en fronçant les sourcils.
« Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous me voulez ? Qu’est-ce que cette histoire d’être cher mourant ? »
« Tenez mon père et lisez vite ! »
Le jeune homme lui remit le message de Dathra et Andréï le lut en silence.
« Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Qui vous a remis ce message ? »
Le chauffeur l’assomma brusquement et Andréï tomba dans leur bras.
Charlotte ria du résultat de son ordre, imité par son amant.
« Tu as eu raison ma petite renarde ! Nous y serions encore sinon ! »
Les deux hommes tirèrent Andréï jusqu’à la voiture où il fut installé entre Charlotte et Dathra qui le réveilla.
Andréï se redressa et remarqua les traits de ses kidnappeurs. Il reconnut avec un frisson de crainte la vampire rousse qui l'ignorait quasiment. Il se souvenait parfaitement d'elle et de sa transformation récente. Mais cette dernière avait dû trouver un autre partenaire car son compagnon n'était pas le même que la dernière fois.
Ce coup-ci, il allait passer un mauvais quart d'heure. Les menaces de Leudre ressurgirent telles quelles dans ses pensées. S'agissait-il d'assassins envoyés par lui ?
« Qu’est-ce que vous me voulez ? »
« Du calme mon père ! Nous sommes là pour vous protéger de Leudre ! »
Le prêtre se détendit quelque peu. Ainsi, ce n'était Leudre le commanditaire de son enlèvement.
Cela se tenait. La créature rousse avait été l'amie humaine de Lyscendre. C'était d'ailleurs Leudre qui avait prononcé ces fameux mots condamnant la princesse. A cet instant, il aurait dû sentir qu'il avait gagné ! Qu'il n'avait désormais plus de rival en la personne d'Andréï.
Mais pourquoi l'avait-on fait enlever dans ce cas puisqu'il ne risquait plus rien ?
« Mais, mais pourquoi ? Il n'a pas comprit que j’ai abandonné la partie ? »
Dathra posa des yeux indéchiffrables sur son voisin.
« Vous n'êtes qu'un naïf, mon père ! Vous aviez vraiment cru que notre princesse vous oublierait si aisément ? »
Charlotte intervint et sa voix séduisante qu'il n'avait jamais entendu étonna le jeune prêtre.
« Elle se languit de vous au point de se laisser mourir ! »
« Allez-vous intervenir ? Vous savez ce qui arrivera si la princesse laisse mourir sa part humaine ! Or vous êtes le seul a pouvoir la sauver ! »
Le jeune homme pâlit puis baissa la tête d'un air déchiré.
« Je ne peux pas ! »
« Que préférez-vous? La mort ou la vie dans ses bras ? Faites vite votre choix parce que Leudre ne vous le laissera pas ! Et une fois la princesse devenue totalement vampire, elle ne versera même pas une larme sur votre souvenir ! »
« Je ne peux pas renier tout ce pour quoi j’ai consacré ma vie ! Je ne peux pas me convertir pour elle ! »
« Qui vous le demande pour l’instant ? Il vous suffit déjà de lui redonner le goût de vivre, on verra ensuite pour la conversion en vampire ! »
« Vous ne comprenez pas ?! Nous avons fait un pacte ! Si je lui cède ! Il ne me restera plus beaucoup de chance de la sauver ! Et je ne veux pas devenir vampire malgré tout mon amour pour elle ! Je suis l'un des boucliers qui protège les humains de votre race ! J’ai même juré votre perte il y a de cela quelques années ! Mais d'autre part, je ne peux sauver son âme, cela reviendrait quand même à provoquer sa complète transformation ! »
Charlotte feula d’exaspération.
« Qu’importe votre passé sombre idiot ! Ne l’aimiez-vous pas assez pour lui sacrifier votre âme ! Vous vous donnez des airs de martyr mais vous n'êtes qu'en réalité un lâche ! »
Dathra calma la colère de sa compagne et posa une main amicale sur l'épaule de l'humain.
« Leudre vous a menti mon père.
La princesse Lyscendre ne mourra pas du renforcement de son âme. Son frère a simplement manœuvré pour que vous renonciez à elle et que votre absence accélère le processus de transformation. Sans votre présence, il lui est facile de prendre votre place auprès de la princesse et de la convaincre de devenir vampire. Et avec sa demi-âme affaiblie, la moitié vampire pourrait prendre le dessus à n'importe quel moment. Je crois qu'elle résiste encore, mais pas pour longtemps... »
Ils arrivèrent devant le manoir tandis que le jeune homme regardait tour à tour ses interlocuteurs.
Face à la grille d'entrée, le bâtiment s'élevait, majestueux et brillant, caressé par les rayons lunaires. Il fallait maintenant prendre une décision.
« Vous n’avez pas le choix père André ! Si vous n'agissez pas rapidement alors l'humanité que vous aimez tant sera en danger ! »
« En effet, à vous entendre je n’ai pas le choix ! »
Le prêtre resta immobile. Avec dignité, il affronta Dathra des yeux. Quiconque aurait assisté à la scène aurait pu croire voir comme de la supplication dans le regard du vampire. Par ailleurs, Andréï finit par céder comme si le message était bien passé.
« Je ne vous promet rien, j’irais lui parler. »
« C’est tout ce qu’on vous demande pour l’instant. »
S'avisant des deux humains à l'avant, le prêtre les désigna aux vampires d'un air soucieux.
« Qu’allez-vous faire des deux hommes ? »
Dathra eut un sourire amusé. Les vieilles habitudes ne se perdaient pas et le prêtre était connu pour savoir habilement enlever leur proie aux vampires.
« Ils nous ont été d’une grande aide cette nuit, vous n'avez pas à vous inquiéter d'eux, ils rentreront sains et sauf avec nous. »
La voiture finit par entrer et alla se garer devant le perron.
Au moment où il descendit du véhicule, Dathra retint le bras d'Andréï.
« Annoncez-vous à grands cris, il faut que l’on sache partout que vous êtes là, c’est votre meilleure protection ! L’interdit qui nous empêche de vous faire le moindre mal à toujours cour, Leudre ne tentera rien si la princesse apprend que vous êtes ici. »
Le jeune homme acquiesça et une sorte de pacte passa entre les deux protagonistes.
Andréï lut de la reconnaissance dans le regard de Dathra. Mais si au départ il ne comprenait pas bien pourquoi, il soupçonna la vérité en voyant les yeux du vampire se poser intensément sur sa compagne rousse assise à ses côtés.
Le sourire aux lèvre, le prêtre entra dans le manoir et s’annonça à voix haute comme le lui avait conseillé Dathra.
« Je suis venu voir la princesse Lyscendre ! Conduisez-moi à elle ! »
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Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Empty
MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeLun 8 Aoû - 15:53

Karith feula de rage en apprenant la nouvelle du retour d'Andréï et courut prévenir Leudre.
Ce dernier était au chevet de sa sœur et tentait de la faire céder de nouveau.
« Leudre ! Leudre ! »
« On dirait Karith… »
« Reposez-vous, je vais voir ce qu'elle me veut. »
Le séduisant vampire sortit de la chambre princière et foudroya l’indésirable du regard.
« Que me veux-tu Karith ? »
« Le prêtre est revenu ! Il vient de s'annoncer et il est venu voir la princesse ! Impossible d’empêcher la nouvelle de se répande maintenant, ce n’est plus qu’une question de minute avant que la princesse n’apprenne sa visite et ne le fasse entrer ! »
« Quelle malchance ! Maudit prêtre ! Je croyais qu’il avait renoncé après avoir assisté à la transformation de Charlotte ! »
« Comment faire pour empêcher que cette entrevue n'entrave vos plans ? »
Leudre réfléchit un instant.
« Vlad ! »
L’interpellé apparut au bout de quelques minutes.
« J’ai appris la nouvelle. On ne peut plus se débarrasser de lui maintenant ! Arno le mène à la princesse en ce moment-même. »
« Il ne faut pas que la princesse guérisse ! Vous m’entendez tout les deux ? Trouvez un moyen pour que leur entrevue finisse mal ! »
Pendant ce temps, comme l’avait dit Vlad, Andréï se faisait conduire jusqu’à Lyscendre.
Il appréhendait cette visite mais une fois introduit dans sa chambre, ses scrupules s’évanouirent à la vue de sa maîtresse.
La vampire était encore plus belle et plus étincelante que la dernière fois où il l’avait vu. Elle ne semblait pas mourante mais endormie parée de sa redoutable beauté. Il fut cependant saisi en entendant sa voix éteinte.
« Tu es revenu Andréï ? Ou bien est-ce vous père André, venu pour m’achever ? »
« Lys…princesse… »
La princesse tourna les yeux vers ses comparses et leva faiblement la main.
« Laissez-nous seul. Même toi Arno, retires-toi. »
Le vampire se courba et sortit de la pièce en prenant soin de bien refermer la porte derrière lui et ses acolytes.
« Lyscendre, on est venu me rapporter ce qui t’arrive. Pourquoi te laisses-tu mourir ? Je n’en vaux pas la peine ! »
La princesse sourit légèrement.
Son air angélique était tout simplement magnifique et fit rougir le prêtre. Serait-elle ainsi une fois devenue vampire à part entière ?
Andréï frissonna à l'idée des ravages que pourrait faire une telle créature sur l'humanité. Pas un humain ne résisterait à cette déesse funeste.
« Tu penses cela parce que tu ne te considères pas comme mon égal…mais même un vampire peut aimer un humain. Mon père en est le parfait exemple. On croit à tort que cela ne peut être le cas car nous n'avons pas d'âme, mais je pense que l'amour n'est pas qu'une simple histoire de compatibilité de l'âme, cela va au-delà. J’ai échoué comme mon père à me faire aimer pour moi-même, mais j’aurais eu au moins la satisfaction d’avoir été aimé un peu sans avoir usé de mon pouvoir. »
« Tu parles comme si tu voulais déjà mourir et devenir une créature éternellement perdue pour moi ! »
Une étincelle brilla dans les yeux bleus de Lyscendre et elle tenta de se relever sur les coudes.
« Tu veux me redonner de l’espoir quand il n’y en a plus, je sais que je t’ai perdu ! Tu me fuis, tu ne veux pas prendre le risque de devenir un des miens par amour pour moi. C’est un chantage odieux qui s’exerce sur ton cœur, je le sens malgré ma faiblesse. Tu sais que si je meure, je renaîtrai vampire à part entière et tu penses que je serai désormais perdue pour toi mais tu ne veux pas sacrifier ton âme pour éviter de lâcher un monstre sur le monde. C’est un pacte que tu t’es fait par amour pour Ivana ! »
Lyscendre s’écroula sur son lit et devint de minute en minute d’une beauté de plus en plus vénéneuse.
Andréï ne put se retenir d'intervenir. Il se jeta sur le lit et releva la princesse contre lui.
Elle lui offrait sa gorge d’un blanc immaculé et le jeune homme comprit l'attrait érotique que pouvait représenter une telle posture pour un vampire. C'était comme un appel et une preuve de soumission. La brebis s'offrait à son loup.
En l'occurrence, il s'agissait plutôt de la louve blanche attendant le baiser rédempteur du mouton noir.
« Lyscendre ! Résiste mon amour ! Ne meures pas ! Lyscendre ! Tu ne peux pas faire cela ! »
La vampire ne répondait pas. Elle demeurait immobile et silencieuse.
Alors dans un mouvement désespéré, Andréï lui attrapa la nuque et l’embrassa avant de lui chuchoter à l’oreille d'une voix éraillée et les larmes aux yeux :
« Tu as gagné ma princesse...je n’en peux plus résister, je n'en ai plus le courage ni l'envie...je t’aime. Si tu en as encore la force, je me convertis tout de suite si cela peut te contraindre à sauver ton âme ! Tu entends ? Je vais devenir un membre de ta race ! Ivana est morte mais toi je peux encore te sau...te sauver ! »
Le moment fatidique où l'âme de Lyscendre s'évanouissait et que cette dernière devenait totalement vampire arrivait.
L'atmosphère avait changée. C'était comme si le monde avait comprit que quelque chose se préparait.
Dans leur appartement, Charlotte et Dathra attendaient le regard vague et les valises déjà faites.
Les humains avec une sensibilité plus prononcée que les autres étaient devenus nerveux et agressifs.
Les animaux à proximité avaient fait silence et humaient l'air.
La lourdeur de l'atmosphère avait atteint les habitants du manoir. Les vampires subalternes demeuraient des ombres tandis que les aristocrates, enjoués, attendaient, habillés en tenue d'apparat, la renaissance de Lyscendre en vampire.
Certes ils allaient regretter le statut singulier de leur princesse qui en faisait une créature autrement plus dangereuse qu'eux. Mais, dès cette nuit, elle serait comme eux, avec les mêmes pouvoirs et les mêmes faiblesses. Ils allaient fêter cela aussi sûrement qu'ils présageaient une nouvelle ère pour les vampires.
Cela faisait une éternité qu'ils n'avaient pas été gouverné par un vampire anciennement humain. On les disait trop cruels ou trop versatiles. Leur nature vampirique étant toute « neuve », il n'avait parfois pas la même patience que les vampires de naissance. Mais après tout, les vampires ne s'amusaient jamais autant que sous leur règne sanglant.
De son côté, Leudre rongeait de moins en moins bien son frein. Il lui fallait entrer et devenir l’amant de Lyscendre avant que l'humain ne convainc la princesse de garder sa demi-âme. Si le vampire n'intervenait pas rapidement, la prophétie ne se réaliserait jamais avec Lyscendre comme sujet central. Or Leudre aimait trop sa sœur pour vouloir en séduire une autre. Il fallait que ce soit elle. Elle et lui. Leudre ne voyait personne d'autre tenir la place de compagnon de Lyscendre et père du plus puissant vampire que la Terre n'aurait jamais porté.
Mais Arno barrait l’entrée.
Vlad et Karith, revenus au côté de Leudre pour le soutenir au cas où il lui faudrait forcer la porte princière, attendaient un signe de leur supérieur pour se jeter sur le majordome qui grognait déjà en réaction à leur attitude agressive.
La tension était palpable pour tous. Personne ne savait ce qui se passait dans les appartements de la princesse et le silence ajoutait à cette lourde attente.
Brusquement un cri lugubre s’éleva qui fit frémir les vampires d'excitation. Qui donc avait crié ? La part humaine de la princesse ? Le prêtre qui avait servi de premier repas à la vampire nouvelle-née ?
L'attente devint insupportable. Dans la nuit, se fit entendre les gémissements et les hurlements des chiens qui tels des loups annonçaient le changement d'air.
Enfin un feulement suivit d’un rire démoniaque s’éleva.
Andréï avait réussi à réveiller Lyscendre affaiblie et s'était donné naturellement à elle pour cela.
Il avait suffit d’un baiser pour que la vampire retrouve un peu de force. Ce peu l’aida à lire dans le cœur de son amant tout ce qu’il lui avait dit pendant son coma et elle retrouva à vue d’œil la santé.
« Es-tu certain de prendre la bonne décision Andréï ? Tu ne pourras revenir en arrière ! Et puis j'y ais réfléchi...je ne veux pas revivre le même sentiment de culpabilité qu'avec Charlotte. Je préfère rompre notre pacte. Tu es donc libre de rester à mes côtés en tant que humain, même si cela t'oblige en contrepartie à subir mes sautes d'humeur avec moins de patience qu'un vampire. Je respecterais ton choix quel qu'il soit... »
Le silence lui répondit.
« Andréï ? »
Le jeune homme réfléchissait intensément. Certes la proposition de Lyscendre était conforme à ses premiers vœux. Mais il savait qu'il lui serait désormais impossible de redevenir prêtre.
Et puis, en y réfléchissant, il allait fatalement vieillir contrairement à la vampire.
Il ne fallait donc pas qu'il fasse son choix à la légère. En tant qu'humain le temps jouait contre lui.
Ses convictions, ses désirs, son éthique, son amour pour Lyscendre. Tout tourbillonnait dans sa tête. Il ne pouvait renoncer à sa vie humaine même par amour. Lyscendre l'avait compris car sa demie âme lui donnait malgré tout une idée de ce l'on perdait une fois vampire. Elle lui faisait un marché convenable. Il serait temps plus tard de revenir sur sa décision si l'envie lui prenait de vivre l'éternité aux côtés de la princesse.
« Puisque tu m'en donne le choix. J'aimerai rester à tes côtés en homme et non en vampire. Plus tard, peut-être, reverrais-je ma décision, mais pour l'heure, je souhaite garder mon libre-arbitre et ma liberté. Devenir vampire me permettrait, certes, de rester avec toi pour l'éternité, mais je serais aussi ton sujet, incapable de te désobéir malgré ma volonté. Je ne veux pas cela pour nous...Je reste libre de t'aimer pour ce que tu es et non pour qui tu es ! »
La princesse eut un sourire résigné. Elle le savait depuis le début. Andréï était un oiseau libre, il pouvait se laisser caresser et ensuite s'envoler loin d'elle au même moment. Cette sensation de ne pas posséder l'autre était frustrant mais également excitant. Lyscendre aurait sans cesse à faire des efforts pour lui plaire et le conserver près d'elle.
Le jeu amoureux pouvait enfin commencer à la manière des humains.
Lyscendre avait pris délicatement la main de son amant dans la sienne et y déposa un baiser soumis qui aurait fait bondir d'indignation la caste des vampires.
« Qu'il en soit ainsi Andréï...ne me fait jamais souffrir comme je promets de tout faire pour te protéger. »
Soudain, un bruit de lutte se fit entendre et la porte éclata. Arno se retrouva projeté sur le dos au milieu de la pièce. Son feulement et le regard haineux qu'il faisait montre inquiéta Andréï qui plaqua la princesse contre lui pour la protéger. Cette dernière était encore faible et ne pourrait résister à une attaque.
Le jeune homme demeurait nerveux face à la violence de l'attaque, il n'y avait qu'une créature avec une force incroyable pour projeter un vampire de cette manière.
Andréï, prudent, était déjà prêt à prendre la défense de sa compagne contre ses comparses humains qu'il pensait derrière tout ça.
Il savait que certaines confréries secrètes se servaient de vampires « apprivoisés » pour détruire les vampires. A l'époque, Andréï n'avait pu adhérer à celles-ci, tant sa haine pour la race vampire était à son paroxysme, puis avec le temps, il avait trouvé cette façon de faire totalement incompatible avec sa mission.
Il était peu orthodoxe à ses yeux de se servir d'un vampire pour en détruire un autre, comme on se servait d'un objet. Malgré ses convictions anti-vampire, et bien que l'on dise que même les animaux peuvent avoir une âme, Andréï n'avait eu aucune envie de traiter un vampire comme une arme.
Le soucis avec ces confréries était qu'elles étaient composées de fanatiques qui cachaient leur fascination pour la caste des vampires par une violence inhumaine. Leur cruauté était parfois à la mesure de celle des créatures qu'ils pourchassaient.
Le jeune homme en était à réfléchir à sa plaidoirie quand, avec un hoquet de stupeur, il écarquilla les yeux, ne pouvant croire ce qu'il voyait.
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Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Empty
MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeLun 8 Aoû - 15:56

Au beau milieu des morceaux de porte et de la poussière de plâtre se matérialisa la silhouette menaçante de Leudre.
Ce dernier était flanqué de Karith et de Vlad qui se tenaient à ses côtés, un peu en retrait.
Aucun d'eux ne souriait. Ils paraissaient même nerveux. Ce qui n'était guère étonnant compte tenu des risques qu'ils prenaient en montrant tant d'hostilité envers la princesse.
« Leudre ! »
Lyscendre eut encore la force de feuler mais pas assez pour dresser une barrière avec son pouvoir. Leudre approchait irrémédiablement.
Une fois face à Lyscendre, il inclina la tête avec soumission sous les regards surpris de la vampire et du jeune prêtre.
« Ma princesse, ne me faites pas l'affront de me croire de nouveau votre ennemi. »
« Quand on force ma porte et agresse mon majordome, pardonne-moi d'être un peu sur mes gardes ! »
Leudre releva la tête et son faciès calme se renfrogna à la vue de sa sœur entourée des bras protecteurs d'Andréï. Son grognement de rage resta au fond de sa gorge et il cacha le tremblement de ses mains en les tenant derrière son dos.
« Je ne puis supporter de voir ma princesse s'enfoncer encore plus dans une situation si peu convenable ! Vous étiez sur le point de choisir la voie qui aurait put faire de vous une créature puissante et vous préférez rester l'esclave d'un prêtre ?! Par mon nom, princesse, je vous sauverai de votre folie ! Même si pour cela je dois vous faire faire des sacrifices ! »
Sans crier gare, Leudre attrapa son rival par la gorge et le tira vers lui, l'arrachant par la même occasion de sa place privilégiée auprès de Lyscendre.
Andréï ne put crier. La main de l'impitoyable Leudre l'étouffait jusqu'à lui broyer la nuque.
La princesse, quant à elle, poussa un hurlement de bête blessée et s'agita comme une possédée.
Karith et Vlad se chargèrent de tenir Arno à distance pendant que leur supérieur s'occupait du prêtre.
Le majordome montra les crocs de rage et de douleur.
Il entendait bien le désespoir impuissant de sa maîtresse clouée sur son lit. Mais il était seul contre trois. Et malgré toute sa fidélité, il n'était pas de taille à s'opposer face à la terrible scène qui se déroulait sous leurs yeux. Il ne pouvait ni sauver Andréï, ni protéger la princesse en lui épargnant la vue du meurtre de son amant.
Leudre serra plus fortement la trachée de son ennemi avec un plaisir évident.
Le jeune homme étouffait, souffrait, cherchait à échapper à sa condamnation. Une condamnation qu'il lisait dans les yeux hallucinés du vampire.
Le regard de Leudre était impitoyable. Mais il ne souriait pas. Effectuant sa mission avec une sorte d'exaltation fiévreuse.
Son effroyable silence contrastait avec les gémissements insoutenables de Lyscendre qui semblait vivre par mimétisme la même souffrance qu'Andréï.
Au moment même où le vampire allait broyer définitivement la nuque de son rival humain, une ombre se jeta sur lui et lui fit lâcher sa proie.
Andréï roula sur le sol au bord de l'évanouissement. Il finit par se relever sur un coude en se tenant la gorge, cherchant à prendre de grandes bouffées d'air de sa respiration sifflante.
Lyscendre se traîna rapidement jusqu'à son amant et le serra contre elle à la limite d'achever ce qu'avait commencé son frère.
Devant eux s'effectuait la plus sanglante bataille qu'il se soit vu entre deux vampires.
Andréï reconnut l'éclair blond qui s'attaquait à Leudre. Il devait s'agir d'un proche de Lyscendre au vu de son implication mais ce fut surtout le murmure soulagé de cette dernière qui le rassura.
De son côté, Arno, que cette aide providentielle avait revigoré, arrivait enfin à repousser les deux partisans du sombre Leudre.
Karith, qui sentait la fin de Leudre, renonça la première.
Elle ne l'avait suivi que parce qu'elle approuvait son projet de faire de Lyscendre une puissante vampire et parce qu'elle pensait qu'il gagnerait. C'était sans compter sur la fidélité de certains.
Les voyant en si mauvaise posture, elle se précipita aux pieds de la princesse, quémandant son pardon en couinant.
Vlad feula face à la désaffection de la vampire bien que, au final, il préféra battre en retraite à son tour.
Il ne restait plus que Leudre et son opposant qui avait tout l'air de deux féroces fauves.
Soudain une force incroyable stoppa les deux belligérants.
« Il suffit maintenant ! Leudre ! Soumets-toi ! C'est un ordre de ta princesse ! »
Comme si cette voix avait eu le don d'éveiller le vampire, ce dernier se figea.
Face à eux se dressait une Lyscendre furieuse et en pleine forme.
La colère et la peur lui ayant rendu ses forces, la princesse pouvait désormais reprendre les rênes. Ce qu'elle fit avec un sang-froid qu'on ne lui connaissait pas.
« A genoux ! Traîtres ! »
Les trois vampires qui avaient engagé les hostilités obéirent sans un mot, reconnaissant la supériorité de la princesse.
« Qu'est-ce qui vous a prit d'oser vous opposer à moi ?! Ignorez-vous donc ce qui arrive aux traîtres de votre espèce ?! »
« Nous ne voulions que vous rendre encore plus forte ma princesse ! Nous ne voulions œuvrer que pour votre gloire ! Ce prêtre que vous protégez si fort vous empêche de vous révéler ! Il nous fallait l'écarter de votre route ! »
« Imbéciles que vous êtes ! Vous savez que mes ordres font office de lois ! Andréï était sous ma protection ! J'y avais engagé ma parole ! Vous m'avez fait perdre mon honneur par votre stupide attaque ! »
Karith se mit à couiner de plus belle.
« Peut m'importe vos excuses ! Je me souviendrais de ceci en temps et en heure ! Mais sachez que vos vies sont en jeu et que mon jugement pourrait bien vous coûter vos têtes ! Maintenant ! Laissez-nous ! »
Arno qu'avait rejoint d'autres vampires de l'aristocratie, firent sortir les trois rebelles tandis que Lyscendre s'approchait de son providentiel sauveur.
Avec des larmes dans les yeux, elle posa sa main sur l'épaule du vampire blond et exprima sa reconnaissance avec émotion.
« Alex...je tiens à te remercier pour ce que tu as fait ! Sans toi, tout aurait été bouleversé ! Et même si tu as enfreint mon ordre d'exil, sache que tu ne crains plus rien car ta condamnation est désormais levée ! »
Le vampire s'agenouilla et embrassa le dos la main de la princesse avec révérence.
« C'est moi qui vous suis redevable princesse ! Car je serais mort cent fois loin de vous si je n'avais eu l'assurance de votre pardon ! Si j'ai pu payer ma dette aujourd'hui, et bien, j'en suis heureux ! Ma vie est entre vos mains et qu'il en soit fait selon votre désir ! »
Drôle de situation. Leudre aurait probablement gagné si Alex n'était intervenu. Mais celui qui a permit que vive Alex fût pourtant ce même Leudre. Cette erreur de stratégie de la part du sombre vampire avait sauvé la vie d'Andréï et Lyscendre n'était pas prête d'oublier la leçon. La vie était un grand échiquier géant avec lequel il fallait faire preuve d'astuce pour prévoir les choses et mener sa politique avec brio. Dorénavant, la princesse réfléchirait attentivement aux problèmes et ne se laisserait pas mener par ses sentiments. Cela allait commencer avec le jugement des trois rebelles.
Mais en attendant, il fallait s'occuper du jeune homme. Ce dernier était resté assis par terre et demeurait immobile.
« Lèves-toi Andréï, c'est fini maintenant, Leudre a perdu... »
Soudain Lyscendre pâlit.
Dans la confusion de la bataille, personne n'avait remarqué la blessure mortelle du prêtre. Une profonde entaille partait de la nuque et ouvrait la gorge jusqu'à la pomme d'Adam.
Le jeune homme s'était progressivement vidé de son sang et personne n'y avait pris garde.
Lyscendre hurla.
Aussitôt, Alex se précipita derrière elle pour la soutenir.
La vampire ne s'en écroula pas moins pour autant sur le sol. Elle se traîna vers son amant devenu aussi pâle qu'elle et que l'immobilité effrayante rendait pareil à une statue de marbre.
Ce ne fut qu'une fois contre lui que Lyscendre se rendit compte que le cœur battait encore.
Pleine d'espoir, elle plaqua sa main contre la blessure et conjura son amant de résister.
« Je t'en prie Andréï ! Ne meurs pas ! Tu ne peux pas ! Comment vais-je faire sans toi ? Tu n'as pas le droit de m'abandonner ! Pas maintenant que l'on s'est retrouvés ! Andréï ! Je t'en supplie ! Vis ! »
Les lèvres du jeune homme se mirent à bouger et il souffla une pénible phrase tout contre l'oreille de la princesse.
« Je suis à toi...pour toujours ! »
Les yeux de la vampire se rétrécirent. Elle regarda son amant avec circonspection puis comprit qu'elle ne s'était pas imaginé cette phrase, ni qu'elle ne s'était trompé dans la signification à lui donner.
Elle posa un léger baiser sur les lèvres d'Andréï et planta ses crocs dans sa propre chair.
Du sang en jaillit, chaud et sombre, qu'elle fit couler entre les dents du jeune homme puis attendit avec une sorte d'angoisse muette.
Il ne cria pas sous la douleur de la mort. Il en avait été si proche. Et bien qu'il n'eût pas connu le plaisir, il se transforma en une divine créature de la nuit sous les yeux ravis de la princesse qui put se détendre.
Andréï faisait désormais un mignon vampire, totalement irrésistible avec sa frimousse devenue presque androgyne.
Mais qu’en allait-il être de son caractère ?
Soudain une douleur aiguë à son bras la fit feuler, elle baissa les yeux sur un Andréï moqueur, qui se riait de la réaction de sa maîtresse vis à vis de sa morsure gourmande.
« Tu as faim mon amour ? »
« Oui, et je veux te dévorer entièrement ! »
Elle l’enlaça contre lui en riant. Et après qu'Alex se fut retiré discrètement, ils se donnèrent l’un à l’autre avec délectation, oubliant tous les jours d’abstinence qu’ils avaient dû subir.
A l'autre bout de Paris, Charlotte se serrait contre Dathra qui raccrocha son téléphone en soufflant.
La vampire rousse attendit que son compagnon lui parle avec un regard angoissé.
Ce dernier baissa les yeux et tomba dans ceux de Charlotte, d'un vert irrésistible, qui semblait l'interroger. Alors il eut son fameux sourire.
« Tout va bien ma beauté, tu es sauvée…il a fini par s’offrir à elle. »
La vampire cacha sa tête dans le giron de son amant qui lui caressa les cheveux.
« Rentrons, tu vas pouvoir bientôt retrouver Alex et ton rang. C’est une question de temps. »
« Et toi Dathra ? Tu seras sûrement récompensé aussi pour ta loyauté ? »
« Ce n’est que par amour pour toi que j’ai agi, sinon crois-moi que je ne m’en serais pas mêlé ! »
« Ainsi, tu m’aimes ? »
Dathra ne prononça pas un mot mais son regard était éloquent. Charlotte en eut le regard brillant de plaisir.
« Oh ! Cher amour ! Je désespérais de te l’entendre dire ! »
L’aube allait bientôt se lever. Tous les vampires, même si certain avait espéré que les projets de Leudre aboutissent, allèrent se coucher, rassurés sur l’état de leur princesse.
« Tu devrais aller dans la crypte Andréï, le soleil va se lever et toi, tu y es malheureusement sensible ! »
« Soit, je vous laisse ma divine princesse ! »
« Arno te servira de guide… au fait qui t’avais prévenu de mon état ? »
« Et bien, ta meilleure amie et un autre vampire qui l’accompagnait. »
« Ma meilleure amie ? Charlotte ? »
« Je ne sais pas comment elle s’appelle mais elle est rousse et c’était ta meilleure amie humaine avant sa transformation. »
Lyscendre se figea, le regard vague. Andréï dut se pencher vers sa compagne pour entendre son murmure.
« Elle m’a protégé...elle m’a protégé en dépit de ce que je lui ai fait subir… »
Lyscendre demeurait stupéfaite mais était secrètement ravie.
Elle s’endormit d’épuisement et ne se réveilla qu’en fin d’après-midi.
A la fin du crépuscule, Arno vint la trouver pour effectuer son service. Lyscendre fut parée de ses plus beaux atours avant de se rendre au salon. A son arrivée, les vampires firent leur révérence comme d’ordinaire. Elle vit son compagnon dans leur rang et sourit au point d’en découvrir les canines. La princesse tendit une main vers lui et il se releva pour venir la rejoindre.
« Chers amis, je vous présente un nouveau venu, vous le connaissiez sous les habits de notre plus acharné ennemi, Andréï est désormais un des nôtres et mon compagnon. »
Les vampires qui s’étaient relevés firent de nouveau la révérence à l’amant de leur princesse. Il avait acquit un statut supérieur à celui de Leudre et était désormais intouchable.
« J’ai également plusieurs petites choses à faire… »
La princesse fit signe aux trois rebelles de s'approcher.
«Face à votre désobéissance, je ne me montrerais pas magnanime car elle a faillit coûter la vie à mon compagnon ! Je vais commencer par toi mon frère ! Leudre ! Je suis au regret de te dire que ton comportement m'a beaucoup peiné...si j'avais eu quelque peu confiance en toi, cela a été remis en question ! Néanmoins, je connais les motifs de ton inconséquence et je ne peux totalement écarter l'emprise que cela a pu avoir sur toi...tu garderas donc ton rang mais en contrepartie, il te sera interdit de t'approcher de moi ou de mes proches et ce jusqu'à ce que j'en décide le contraire ! »
Leudre baissa la tête avec soumission.
« Vlad ! Tu seras exilé, que cela te permette de réfléchir sur ta conduite...Karith ! »
La vampire se tassa sur elle-même et implora sa maîtresse du regard. Mais elle perdit son sourire innocent face au regard imperturbable de Lyscendre.
« Je te croyais plus futée que cela mais tu as démontré que ta bêtise est aussi grande que ton hypocrisie ! Ta jeunesse n'est pas une excuse ! Aussi je te condamne à vivre en tant que goudron ! Tu pourras regretter la vie que tu avais en servant comme la vile sangsue que tu es ! »
Des serviteurs emmenèrent une Karith hurlant et suppliant la grâce dans l'obscurité des couloirs qui l'avalèrent sous les regards imperturbables des convives. Ces derniers pensèrent que la princesse avait terminé quand elle les surprit de nouveau.
« Charlotte ! »
Dathra sourit en entendant le nom de la jeune vampire, il la poussa en avant, la faisant sortir du couloir sombre où ils se tenaient.
La belle rousse fit une révérence comme le lui avait indiqué Dathra en prévision de ce jour. Lyscendre la fit relever d’un geste.
« J’aimerais te remercier pour ton amitié qui ne m’a jamais fait défaut, tu réintègres désormais ton rang initial et tu sais également qu'Alex a été récompensé pour sa fidélité, il retrouve ses anciennes fonctions comme si de rien ne s'était passé ! Que vous soyez pardonné de votre faute pour avoir sauvé ma demie âme et la vie de mon compagnon et ce malgré la condamnation qui vous pesait sur la tête ! »
Charlotte fondit de joie à cette annonce. Instinctivement, elle tourna la tête vers le couloir d'où elle savait que son amant regardait. Puis son regard devint brillant et revint vers la princesse.
La voix de Dathra résonna dans sa tête lui hurlant de ne pas oser faire ce qu'elle s'apprêtait à faire. Mais ce fut trop fort. Elle devait tenter quelque chose.
Avec soumission, elle s’agenouilla aux pieds de Lyscendre et supplia.
« Ma princesse, j’ai une autre faveur à vous demander ! Je n’ai pas agit seule ! Je n’aurais jamais su quoi faire sans l’aide d’un ami ! »
Lyscendre étudia son amie et ses yeux s'étrécirent en lisant les pensées de cette dernière.
« Et amant visiblement…très bien, je vois de qui il s’agit…il se nomme Dathra n’est-ce pas ? »
Vlad, Leudre et toute l’assistance se mit à sursauter.
« Dathra ! »
L’interpellé fit apparition dans le salon et se prosterna aux pieds de la princesse à côté de Charlotte.
Lyscendre se mit brusquement à rire.
« Non, elle n’est pas stupide, mon oncle. C’est seulement l'amour ! »
Puis avec un sourire mutin, la princesse interrogea de nouveau son amie.
« Mais, et Alex ? Tu en fais quoi Charlotte ? »
Sans hésitation, la belle vampire rousse s'expliqua.
« Alex vous aime bien plus qu’il ne m’aime ! Dathra est le seul qui m’aime sans partage ! »
Lyscendre fronça les sourcils sous les murmures de la foule consternée. Elle ne prononça pas un mot et tourna les yeux sur Dathra.
« Où vas ta fidélité Dathra ? »
« Je suis votre serviteur princesse, vous savez pouvoir compter sur ma loyauté… »
« Mais tu aimes…hum...je crois comprendre Charlotte…et bien, qu’il en soit fait selon son désir. Que ton rang et ton titre te soit restitué, mon oncle. Il faut savoir pardonner n'est-ce pas ? Mais restes-lui fidèle, tu lui dois bien ça ! »
Les sourires de certains vieux aristocrates accueillirent le retour de Dathra au sein de l’élite.
Il ne lâchait pas pour autant la main de Charlotte même quand son ancienne compagne arriva pour le féliciter.
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeLun 8 Aoû - 15:57

Neuf mois plus tard, la princesse des vampires mit au monde un bébé.
Conçu pendant le laps de temps où Andréï était encore humain, il n’était donc pas, selon la prophétie, le vampire qui régnerait sans partage sur le monde.
Les maîtres de la nuit n'en fêtèrent pas moins l'événement pendant 7 nuits comme il est de coutume chez eux à la naissance d'un éventuel héritier.
De nombreux vampires vinrent au manoir féliciter la princesse et admirer la magnifique petite fille au teint rosé qui dormait sagement dans son berceau de voiles et de dentelles blanches. Ils venaient parfois des quatre coins de la planète et avaient fait tout ce chemin afin d'offrir leurs salutations et leurs cadeaux afin de ne pas déroger à la tradition.
La petite n’était pourtant pas encore vampire. Non seulement parce qu'elle n'avait qu'un quart de sang vampire, mais également parce qu'un vampire naissait comme un humain.
La naissance des bébés vampire demeurait un mystère car on devait attendre leur 26 ans avant de les transformer par une morsure et un échange de sang. En attendant, ils grandissaient et vieillissaient comme des humains.
Au bout de 26 ans, si l'individu préférait demeurer « humain », une cérémonie de reniement avait alors lieu et il était exclu officiellement du clan avec l'obligation de ne pas en révéler l'existence aux véritables humains sous peine d'être exécuté.
L'individu pouvait donc rester mortel et vivre dans la société humaine mais en contrepartie il ne pouvait procréer puisqu'en tant que produit de créature « non-vivante » il était stérile.
Ce cas de figure était pourtant très rare, car un jeune était éduqué parmi les siens et apprenait quels étaient les avantages et les limites de ses aînés. La plupart du temps, il vivait comme eux allant jusqu'à boire du sang pour les imiter. Au final, il choisissait de devenir vampire à son tour comme si cela ne pouvait être qu'une conclusion logique de ses 26 ans d'apprentissage.
Il n'en serait pas autrement pour la petite Electra.
La fille de la princesse promettait d’être exquise et même en n’étant qu’à un quart vampire, on savait que le fruit de son accouplement avec un vampire à part entière pourrait être celui annoncé comme le messie des vampires.
Encore faudrait-il que la petite princesse choisisse un vampire comme compagnon.
En attendant, elle serait choyée plus que n'importe quel autre vampire de son âge. Non seulement par sa mère qui était douée de sentiments humains mais également par les vampires du clan qui voyait en elle la mère du futur maître du monde.
Leudre, caché par la foule de courtisans, profita d’un moment d’inattention du couple princier pour s’approcher un peu du berceau.
Il distingua l’enfant qui se réveillait. Il aurait bien aimé s'approcher plus et même aller jusqu'à caresser le bébé de Lyscendre mais cela aurait été bafouer délibérément les ordres de la princesse, alors il fit demi-tour.
Les poings serrés et le cœur en peine. Si seulement il avait pu être à la place de son rival. Ce serait lui qui serait en train de sourire au côté de sa sœur en ce moment. Ce serait lui qui lui tiendrait la main pendant que les courtisans les félicitaient. Ce serait lui l'heureux père de ce bébé. Ce bébé qui représentait désormais l'espoir de nombreux vampires.
En sortant de la chambre princière, Leudre se promit que, cette fois-ci, rien ni personne ne pourrait l’empêcher d’accomplir la prophétie.
Il se mit déjà à réfléchir sérieusement à la manière de séduire sa nièce sans avoir à l'approcher. Car malgré les ordres de Lyscendre, il comptait bien faire d’Electra, la mère du plus grand roi vampire jamais connu.
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeLun 8 Aoû - 15:59

Je sais que ça fait un moment que je n'était pas venue mais j'espère que mes lecteurs ne m'en voudront pas. pour me faire pardonner je vous ai posté toute la fin du récit.
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeMar 9 Aoû - 23:02

^^ mais je suis désolée, le forum est laissé quelque peu à l'abandon Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière 46606
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 19:41

Bien malheureusement ouep y'as plus personne. Sinon je trouve ça vraiment sympa ( tu compte publier?) alors que les histoires de vampires c'est pas ce que j'apprécie le plus mais la ça passe, en un mot BRAVO!
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bluemely

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MessageSujet: et bah je confirme ma blonditude   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitimeLun 7 Nov - 22:15

j'ai changé de couleur de cheveux mais finalement j'ai conservé les résidus de mon ancienne blondeur !
je croyais le sujet fermé et je t'ai donc répondu par mp Itaque lol!

du coup je vais en profiter pour demander si le forum serait intéressé par le tome 2 ^^
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MessageSujet: Re: Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière   Princes de la nuit. T.1 : Lyscendre ou l'étrange héritière Icon_minitime

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